De droite à gauche : le secrétaire d'État américain John Kerry, le président français François Hollande et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une rencontre à Paris consacrée au règlement de la crise en Ukraine. Crédit : AP
La Russie n'acceptera pas le langage des sanctions et des menaces et dans le cas de leur mise en application, elles ne resteront pas sans réponse, a déclaré le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie en conclusion d'une réunion extraordinaire du Conseil européen à propos de l'Ukraine. Auparavant, l'UE avait annoncé qu'elle suspendait la préparation d'un accord sur les visas avec la Russie. En outre, le gouvernement des pays européens menace de nouvelles sanctions en cas d'une aggravation de la situation en Ukraine. Auparavant, les États-Unis avait annoncé la mise en place de sanctions contre la Russie. Les experts font remarquer que toutes les parties vont en souffrir au final.
« La Russie n'acceptera pas le langage des sanctions et des menaces, cependant dans le cas de leur mise en application elles ne resteront pas sans réponse », a dit le Ministère des Affaires étrangères russe dans un commentaire publié le 07 mars sur le site officiel.
On a fait remarquer dans le service de la politique extérieure russe que Moscou a pris connaissance des conclusions de la réunion du 06 mars à Bruxelles avec perplexité. « Il est difficile de se défaire de l'impression que les approches conjoncturelles ont prévalu sur un raisonnement sensé, dicté par la nécessité d'écouter au minimum les positions de principe d'un partenaire stratégique de l'Union européenne : la Russie », a-t-on dit dans le commentaire.
Mardi, le 4 mars, le président de la Russie Vladimir Poutine avait déclaré que le préjudice d'éventuelles sanctions en lien avec la situation autour de l'Ukraine serait réciproque, puisque dans le monde actuel tout est interdépendant et tous dépendent les uns des autres.
Rappelons que l'Union européenne a décidé de suspendre la préparation d'un accord sur les visas avec la Russie en lien avec la situation en Crimée. Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, a parlé d'une interruption des négociations sur cette question, mais également sur la nouvelle base d'un accord Russie-UE. Washington a déclaré vouloir geler les avoirs des fonctionnaires impliqués dans la situation autour de l'Ukraine. Il leur sera également interdit de venir aux États-Unis. Cependant, les sanctions économiques de la part de la Maison Blanche et de l'Union européenne ne sont pas encore au rendez-vous.
Vladimir Batiouk, expert de l'Institut des États-Unis et du Canada, considère que les positions des États-Unis et de l'Europe divergent par rapport à la Russie. « Les États-Unis ont un spectre assez large de sanctions possibles à l'encontre de la Russie. Les partenaires européens et les alliés des États-Unis, autant que je comprenne, ne se dépêchent pas de mettre en place des sanctions de grande envergure contre la Russie. C'est pourquoi les États-Unis aussi, apparemment, ont décidé pour l'instant de se limiter à la mise en place d'une certaine liste de fonctionnaire qui seront interdits d'entrée aux États-Unis, qui n'est pas pour l'instant établie. Il y a des sanctions formellement, mais dans les faits il n'y en a pas », racontait Batiouk dans une interview au journal Kommersant.
L'UE n'essaiera pas d'influencer la Russie à l'aide de la mise en place de sanctions économiques, a fait remarquer Alexandre Goussev, directeur de l'Institut de planification stratégique et de prospective. D'après lui, la limitation des échanges commerciaux avec la Russie peut frapper l'Europe elle-même.
« Je pense qu'il y aura des sanctions, puisque maintenant tout cela est bien sûr en attente. Les dirigeants de l'Union européenne et le gouvernement des États-Unis réfléchissent maintenant aux pressions à exercer sur le pouvoir de la Russie et sur les fonctionnaires. Il est clair que ces sanctions ne mèneront à rien de bon. Si on parle de sanctions économiques, il est alors clair qu'il y a une affaire entre la Russie et les États-Unis, l'autre affaire est avec l'Union européenne où les échanges commerciaux sont de l'ordre de 360 milliards €. Quels que puissent être les sanctions, ils perdent tout », a prévenu Goussev.
Le politilogue Sergueï Karaganov, commentant les menaces de mise en place de sanctions contre Moscou, a déclaré au journal Vzgliad que les pays occidentaux n'ont pas la possibilité de se priver, ne serait-ce que pour un temps, des hydrocarbures russes ou faire chuter les prix du pétrole et du gaz, comme ce fut le cas dans les années 80 du siècle dernier après l'entrée des troupes soviétiques en Afghanistan.
« L'arrêt de la demande d'hydrocarbures est impossible, et tout le monde le comprend très bien. Même les États-Unis n'ont pas la possibilité de faire tomber les prix du pétrole, puisque la situation est fondamentalement différente. C'est pour cela qu'on demande alors une entente avec l'Arabie Saoudite, mais je doute que le royaume acceptera cette baisse artificielle ; dans les années 1980 les Saoudiens avaient sérieusement peur que l'Union soviétique essaie de s'engouffrer jusqu'à l'Océan indien, mais maintenant il est évident qu'il n'y a rien de tel », fait remarquer l'expert.
Il n'a pas exclu que des tentatives d'abaisser un peu les prix du pétrole seront tout de mêmes entreprises, cependant, elles frapperont eux-mêmes les initiateurs de telles mesures. « Les autres concurrents directs de l'Occident, en premier lieu la Chine, bénéficieront de cette baisse », estime Karaganov.
« Il faut s'attendre à ce que ces tentatives de menaces soient du bluff. Je pense qu'on n'ira pas jusqu'à la question de sanctions économiques sérieuses, mais il est clair que certains pas symboliques seront faits. De l'autre côté, on cherchera à mettre la pression sur certains individus isolés », a suggéré le politologue.
Sources : RIA Novosti, Kommersant, Vzgliad
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