Le contrat signé en 2009 impose à Kiev l’achat de 40 milliards de m3 de gaz. Crédit : AP
L’Ukraine est sauvée
L’annonce du président russe Vladimir Poutine de l’achat d’eurobonds ukrainiens pour 15 milliards de dollars par la Russie a déjà eu un impact positif pour le coût des swaps de défaut de crédit, une sorte d’assurance contre le défaut de paiement. Le risque du défaut de paiement sur les titres ukrainiens s’est déjà réduit. Récemment, il s’élevait à 53,3%.
« La décision de Poutine a permis de sauver l’économie ukrainienne, du moins pour un temps », estime l’économiste russe, directeur du Fonds national de sécurité énergétique, Constantin Simonov.
« L’Ukraine était au bord du gouffre, elle s’en est désormais éloignée. Nous repoussons le risque du défaut de paiement de plusieurs mois, c’est certain, car les 15 milliards de dollars et la réduction du tarif du gaz offrent un bonus énorme. La réduction des tarifs à hauteur de 135 dollars pour 1000 m3, compte tenu de la consommation actuelle de presque 33 milliards de m3 (en 2012), représente pour l’Ukraine une économie de 3 milliards de dollars par un », constate Constantin Simonov.
Le député du Conseil suprême d’Ukraine Alexandre Stoian estime que l’argent accordé par la Russie permettrait de redresser les principaux secteurs de l’économie ukrainienne.
Gain pour la Russie
De nombreux experts interrogés par La Russied'Aujourd'hui ont d’abord été étonnés par la décision des autorités russes d’investir dans les titres ukrainiens. Toutefois, il a ensuite été annoncé que les fonds seraient placés dans des titres à la Bourse irlandaise. Cela signifie que leur fiabilité augmentera considérablement. Selon l’expert du Centre de prévisions économiques de Gazprombank Maxime Petronevitch, pour la Russie, cet investissement pourrait s’avérer assez lucratif, car le rendement obligataire pourrait atteindre les 5-8% annuels en devises.
Toutefois, la question de la réduction des tarifs du gaz demeure. Les volumes concrets d’achat au nouveau tarif ne sont pas précisés.
Le contrat signé en 2009 impose à Kiev l’achat de 40 milliards de m3 de gaz, toutefois actuellement l’Ukraine achète au maximum 30 milliards de m3.
« Si l’Ukraine doit acheter plus de gaz russe, elle ne gagnera rien avec la réduction des tarifs car elle paiera les mêmes montants qu’actuellement, voire plus », estime l’expert du Centre Razoumkov ukrainien Vladimir Omeltchenko. « En outre, le faible prix du gaz russe nuit aux projets ukrainiens liés à la réversion du gaz européen et au développement du gaz de schiste en Ukraine car il les rend économiquement non rentables », poursuit l’expert.
L’économiste russe Constantin Simonov est persuadé que Poutine, un homme politique pragmatique qui n’avait jamais accordé de réductions auparavant, a assuré le respect des intérêts russes. « Il y a un gain caché que la Russie, pour le moment, met volontairement de côté afin de permettre au président ukrainien Victor Ianoukovitch de sauver la situation et de montrer que la Russie - c’est plus intéressant que l’UE, avec la réduction des tarifs et les 15 milliards de dollars. Mais je pense que plus tard, deux aspects principaux se manifesteront », explique Simonov.
Premièrement, il suppose que la partie russe a assuré à Gazprom la possibilité de participer à la commercialisation du gaz directement auprès des consommateurs ukrainiens. Dans ce cas, la marge sera plus importante, Gazprom pourra récupérer les pertes consenties par la réduction des tarifs du gaz, explique Simonov. Actuellement, la commercialisation du gaz auprès des consommateurs est assurée par Neftogaz et les sociétés privées de Dmirti Firtach et Sergueï Kourtchenko. Peut-être que Gazprom créera une co-entreprise avec l’une de ces sociétés privées afin de pouvoir vendre le gaz russe aux consommateurs ukrainiens, estime l’économiste russe.
L’autre avantage pour la Russie est l’accès potentiel au Système de transport de gaz ukrainien, suppose Constantin Simonov. « Je n’exclus pas que Ianoukovitch a pris des engagements sur la cession du Système à la Russie », explique Simonov.
« J’estime que ces deux aspects sont plus importants que l’Union douanière. Si nous obtenons le gazoduc, il sera plus difficile de revenir dessus. L’Ukraine a respecté même le contrat du 19 janvier 2009, tant haï. Aussi, si l’Ukraine dirigée par Ianoukovitch signe un contrat de transfert du Système de transport de gaz ukrainien à la Russie, le prochain président aura du mal à le renier. Alors que quitter l’Union n’est pas si difficile, comme l’a montré l’Ukraine. Aujourd’hui, ils font partie de l’Union douanière, demain ils peuvent la quitter », estime Constantin Simonov.
Source : Vzgliad.ru
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