Crédit photo : UN Photo / Violaine Martin
Même si les commentaires sur les raisons des désaccords sont rares, il est surtout question de la participation à la conférence de l’Iran. La Russie est pour, les États-Unis, contre. Tout comme l’Arabie Saoudite, tout aussi impliquée dans ce conflit que l’Iran, mais du côté de l’opposition.
Les États-Unis, pour leur part, refusent de cautionner le prestige et la légitimité de Téhéran sur la scène internationale en les accueillant à la table des négociations sur la Syrie.
De fait, l’Iran n’a pas signé l’accord de Genève de 2012, document déterminant les étapes d’un règlement politique du conflit. Mais la raison profonde est que l’opposition syrienne, ou plutôt sa partie radicalement anti Assad, est soutenue par Riyad et reconnue par l’Occident, et ne veut pas de cette conférence de paix.
Ils exigent l’exclusion du président al-Assad du processus de règlement politique du conflit.
Or, comme le fait remarquer la tête pensante du dossier syrien en Russie et vice-ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov: « Un règlement politique du conflit ne convient peut-être pas à tout le monde. Il y a bien sûr l’opposition, sans parler des rebelles et des groupes de terroristes radicaux qui misent uniquement sur la force et la guerre. Mais, il y a également des forces extérieures qui encouragent ces tendances, non seulement sur le plan moral et politique mais aussi matériel ».
Selon l’accord américano-russe concernant l’organisation de cette Conférence de paix, Moscou était chargée d’assurer la présence de Damas, les États-Unis celle de la délégation unie de l’opposition.
Assad a accepté mais, apparemment, les États-Unis ont plus de difficulté à y parvenir. En effet, regrouper des centaines de groupuscules plus ou moins importants, souvent opposés entre eux et même en conflit armé pour certains, n’est pas affaire facile. Mais sans cette unification, pas question de paix en Syrie.
Guennadi Gatilov, autre vice-ministre des affaires étrangères sur le problème syrien souligne que les États-Unis « ne possèdent pas de leviers d’influence suffisants capables de fédérer l’opposition…Une simple représentation de l'opposition n'est pas suffisante, il faut que ce soit une délégation représentant le plus large spectre possible de l'opposition. Et c'est ce que les Américains ne parviennent pas à faire ».
Selon Washington, la coalition nationale de l’opposition syrienne doit prendre une décision sur sa participation à Genève-2 dans les jours qui viennent.
Selon un haut représentant de la diplomatie américaine, « l’opposition syrienne a enfin pris conscience que les négociations politiques sont la seule solution pour mettre fin au conflit. L’opposition commence à se tourner sérieusement vers cette voie, davantage qu’il y a, disons, quatre ou cinq mois ».
Il est possible que les Américains parviennent à obtenir un renversement de situation, mais il n’y a aucune garantie de réussite.
Aussi, pour anticiper la situation, Moscou tente de mettre l’accent sur une participation de l’opposition, axée sur les négociations, plus que sur la prolongation du combat.
Les diplomates russes ont déjà organisé à Genève une série de pourparlers avec le Comité national de coordination syrien, avec les Kurdes de Syrie, avec l’oncle de Bachar al-Assad, Rifaat Assad, membre de l’opposition, ainsi qu’avec les représentants de la coalition des forces laïques et démocratiques syriennes.
Suite à ces réunions, Mikhaïl Bogdanov a déclaré que la Russie est prête à accueillir à Moscou une rencontre informelle entre représentants du régime syrien, de l’opposition syrienne et des partenaires étrangers.
« Nous avons profité de cette réunion pour expliquer en détail notre projet de permettre d’établir à Moscou des contacts informels entre les représentants de l’opposition et du régime syrien, avec la participation de nos collègues américains et de l’émissaire de l’ONU et représentant de la Ligues arabe, Lakhdar Brahimi ».
Ces deux semaines vont être décisives. Le 25 novembre doit se tenir à Genève, une autre réunion préparatoire tripartite entre les États-Unis, la Russie et l’ONU.
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Entre temps, la situation humanitaire en Syrie ne fait qu’empirer. Si la date limite symbolique pour l’organisation de cette conférence Genève-2, fixée à la fin de l’année est dépassée, l’impuissance des « faiseurs de paix » peut tourner à une véritable « somalisation » de la Syrie, c’est-à-dire d’une désagrégation incontrôlée du régime syrien.
« La situation est extrêmement alarmante…, souligne Brahimi. En moyenne, 6 000 Syriens sont forcés de quitter leur pays tous les jours. Près d’un tiers de la population a souffert de la guerre, contraints à l'expulsion ou à l’exil. L’ONU parle de 9 millions de personnes touchées directement par le conflit, ce qui représente près de la moitié de la population de la Syrie ».
C’est le contexte à ce jour. Et en perspective, nous avons le risque de la « somalisation », situation qui peut s’avérer encore plus destructrice et plus longue qu’en Somalie, craint l’émissaire de l’ONU.
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