Depuis un 3e essai nucléaire nord-coréen le 12 février et un nouveau train de sanctions de l'ONU à l'égard de Pyongyang, la tension était remontée en flèche sur la péninsule coréenne. Crédit : AP
Le plus dur est passé ?
De nombreux politologues craignaient que la célébration nationale de la 101ème annéedu fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et grand-père du dirigeant actuel Kim Jong-Un, le 15 avril, ne dégénère. N’excluant pas, pour marquer cet évènement et en « cadeau » au peuple, un tir de missile. Mais, cette dérive fut évitée.
« La tension faiblit. Elle ne peut pas rester à son apogée constamment. Toutefois, elle risque de durer au moins jusqu’à la fin du mois, où des manœuvres militaires américaines sont prévues sur la péninsule », affirme Alexandre Panov, chercheur en chef à l’Institut des Etats-Unis et du Canada de l’Académie des sciences de Russie, ex-ambassadeur de Russie en République de Corée.
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Alexandre Vorontsov, responsable du département Corée et Mongolie de l’Institut d’études orientales de l’Académie russe des sciences confirme : « Selon mon intuition, la baisse de tension de ces derniers jours est la preuve d’une prise de contact. Peut-être par des canaux confidentiels. Cette tendance doit être renforcée. »
Les moyens de sortir de la crise
Les politologues insistent sur le fait que cette accalmie doit être l’occasion de mettre en place un mécanisme diplomatique de régulation du conflit.
Pourtant, Panov regrette l’absence de propositions concrètes et de mécanismes visibles oeuvrant en ce sens.
« Les Etats-Unis, la Corée ou nous mêmes, nous nous accordons sur la nécessité de régler cette question par le dialogue. Mais quel dialogue ? Sur quoi doit-il porter ? Les conférences à six ont montré leurs limites, ce n’est plus la peine de les relancer. Ces réunions n’ont pu empêcher ni les essais nucléaires, ni les tirs de missile », souligne Panov.
Les six pays participants aux négociations sur la dénucléarisation de la Corée, commencées en 2003 et interrompues depuis la fin 2008, sont la Corée du Nord, la Corée du Sud, la Chine, la Russie, les Etat-Unis et le Japon.
Selon le chercheur, ces réunions à six pourraient être remplacées par une grande conférence internationale avec davantage de pays participants.
« Je suis persuadé qu’il est nécessaire d’organiser une conférence de paix autour de la question de la péninsule coréenne. Il faut résoudre ce problème de manière globale. Nous devons réunir non pas six gouvernements mais davantage : les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU, les pays observateurs, la Suisse, la Pologne, pourquoi pas des représentants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Il faut aborder le problème de manière globale afin d’instaurer la paix, la confiance, réduire les forces armées, relancer la dénucléarisation et obtenir une amélioration des relations entre le Nord et le Sud », préconise Panov.
Il ajoute que dans le cadre d’une telle conférence élargie « il sera plus facile de procéder à des échanges de bons procédés. Si l’on cède sur telle position, on obtient quelque chose en retour ».
Vorontsov est d’accord : un tel « projet d’envergure» est préférable. Mais, selon lui, la paix en Corée doit rester l’objectif numéro un. L’expert insiste : l’Accord de paix qui a marqué la fin de la guerre de Corée (1950-1953) et que la Corée du Nord a rejetté dernièrement sur fond de tension croissante doit faire place à un traité de paix définitif.
Toutefois, le directeur du Centre russe de l’énergie et de la sécurité Anton Khlopkov a des doutes sur la possibilité d’une conférence d’une telle envergure à ce stade des événements. « Cela nécessiterait une préparation conséquente avec une participation de la communauté académique », affirme-t-il.
Ne pas perdre de temps
De nombreux politologues s’accordent également pour admettre que cette possibilité ne va pas s’éterniser.
« Si aucun idée n’est proposée et que les Etats-Unis ne montrent pas de volonté d’établir un dialogue inconditionnel avec la Corée du Nord, il y a de forts risques d’autres essais nucléaires ou de tirs de missile », suppose Panov.
« Je partage la vision pessimiste de mes collègues, c’est un cercle vicieux, affirme Miles Pomper, chercheur en chef du Centre James Martin sur les problèmes de non prolifération des armes nucléaires. Une crise en entraîne une autre. Pyongyang ou Washington doivent manifester clairement leur volonté de sortir de cette crise. »
Depuis un 3e essai nucléaire nord-coréen le 12 février et un nouveau train de sanctions de l'ONU à l'égard de Pyongyang, la tension était remontée en flèche sur la péninsule coréenne.
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