Le président sud-africain Jacob Zuma (à dr.) et le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine lors du sommet des BRICS à Durban. Crédit : Reuters
L'Asie est largement reconnue comme la locomotive de la croissance économique. Mais bien que les marchés de la Chine et l'Inde semblent inépuisables, leurs taux de croissance élevés ne se poursuivront pas éternellement. D'ici dix, peut-être vingt ans, la demande commencera à saturer, et les investisseurs rechercheront de nouvelles sources d'inspiration. De toute évidence, le prochain moteur de la croissance mondiale pourrait être l'Afrique, où convergent la plupart des facteurs qui ont conduit à la réussite de l'Asie – main d'œuvre bon marché, ressources importantes et demande potentiellement forte pour les biens de consommation.
« De toute évidence, l'Afrique a un grand potentiel de développement. Les industries d'extraction et la main d'œuvre bon marché pourraient fort bien constituer le socle d'un nouveau foyer de croissance économique. La réduction permanente de l'attractivité d'investissement des pays européens, qui entrent dans une longue récession, et le ‘déclin de l'Europe’ attendu, se traduiront par une recherche de nouveaux marchés, même par les investisseurs les plus prudents », a déclaré dans une interview à La Russie d'Aujourd'hui le vice-recteur de l'Académie russe de l'Economie nationale et de l'Administration publique auprès du Président russe, Ivan Fedotov.
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Les investissements des BRICS ont atteint 263 milliards de dollars en 2012
Pour le moment, le continent africain ne fait qu'accumuler le potentiel en vue de sa percée. Depuis le début des années 1990, le PIB total de l'Afrique n'a augmenté que de 40%, tandis que le commerce et l'investissement privé ont augmenté beaucoup plus rapidement. Le premier indicateur a été multiplié par quatre, et le second par deux. Cela peut créer un effet cumulatif dans un avenir proche, et les investissements des pays du BRICS constitueront un excellent carburant pour cette croissance.
Les pays du BRICS n'ont pas une influence assez grande aujourd'hui dans la politique financière mondiale et n'occupent pas de postes clés dans les institutions économiques de la planète. Cependant, l'expérience de travail accumulée en Afrique est considérable. La Russie, par exemple, en tant que successeur en droit de l'Union soviétique, a conservé une riche expérience de travail avec les pays africains, et un certain nombre de sociétés russes font des affaires avec succès sur le continent. Début 2009, la Russie a effacé plus de 20 milliards de dollars de dette de divers pays africains et a créé un poste d'envoyé spécial du président chargé de travailler avec la région, qui est revenu au président de la commission des affaires étrangères du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) Mikhaïl Marguelov.
« Des institutions fortes fonctionnent en Afrique. L'Union africaine a surmonté l'étape de la crise post-Kadhafi, il s'agit vraiment d'une organisation internationale solide. L'Afrique est un continent où il y a de l'argent qui commence à travailler, un continent où affluent les entreprises internationales, y compris russes. Et c'est un continent dont la croissance économique est plus élevée que dans certains pays d'Asie », a déclaré M. Marguelov dans une interview récente à la radio Echo de Moscou.
De nombreuses entreprises russes, par exemple, travaillent déjà au Congo, pays dont l'économie affiche une croissance stable de 6% par an. L'an dernier, le président de la République du Congo a invité les entrepreneurs russes à participer à la construction de routes, de pipelines et d'infrastructures énergétiques. Les sociétés russes sont également actives au Mozambique et au Zimbabwe. Par exemple, on prévoit de construire un oléoduc reliant le Mozambique au Zimbabwe et aux pays voisins, la Zambie et le Malawi. Cependant, les échanges entre la Russie et l'Afrique subsaharienne sont négligeables par rapport aux niveaux de l'UE et de la Chine – le chiffre d'affaires de Moscou est près de 20 fois inférieur à celui de Bruxelles et Pékin.
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Toutefois, selon Marguelov, « la période de la domination chinoise sur l'économie africaine est révolue. Les dirigeants africains sont parfaitement conscients que nous avons besoin d'un système de freins et de contrepoids, et dans ce sens, la Russie est un partenaire très confortable ».
Pour promouvoir ses intérêts en Afrique, la Russie, « applique l'expérience accumulée par l'Union soviétique et de nouveaux outils », parmi lesquels l'envoyé spécial Marguelov cite l'aide au continent dans le cadre des initiatives du G8. « Aujourd'hui, il n'y a pas de pays sur le continent africain qui ne seraient pas prêts à coopérer avec la Russie, à la fois dans le domaine politique et économique », a-t-il assuré aux journalistes peu avant le sommet BRICS de Durban.
L'Afrique est intéressante en premier lieu pour ceux qui sont prêts à investir dans des projets à long terme, assure Ivan Fedotov. « C'est la politique publique menée par la Chine. Sous la direction du Parti communiste, le pays est devenu un capitaliste encore plus grand que les Etats-Unis. Je suis sûr que dans peu de temps, la Chine se tournera vers les marchés financiers américains et européens. La réputation de la Russie, qui a de solides relations à long terme avec les gouvernements de la plupart des pays du continent africain, qui sait effacer des dettes, créer des coentreprises et fournir des experts, peut, en plus de résoudre les problèmes propres de l'Afrique, aider la Chine et les autres pays du BRICS à promouvoir leurs projets sur le continent. En conséquence, les liens grandissants entre les gouvernements de la Russie et de la Chine permettront de renforcer la position de l'ensemble du BRICS en Afrique », estime-t-il.
Au sommet des BRICS, qui a eu lieu les 26 et 27 mars à Durban (Afrique du Sud), le thème de l'Afrique a occupé une place de choix. M. Marguelov, par exemple, est convaincu que l'on peut parler de la fin de l'ère de la domination des États-Unis et de l'Union européenne sur l'Afrique. « Le continent africain a attiré de nouveaux acteurs, à savoir les BRICS », a-t-il fait savoir à la veille du sommet. Le responsable a souligné qu'aucun membre de ce groupe n'était associé au passé colonial en Afrique, et que tous les Etats membres ont pour principe de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures des pays africains. « Aucun des pays membres du BRICS ne diffuse la démocratie par la force en Afrique et ne cherche à imposer ses valeurs à l'aide de corps expéditionnaire et de bombardements », a rappelé l'envoyé spécial du président russe.
Le bloc se renforce économiquement et est tout à fait capable de relever le défi africain. Au cours des dix dernières années, l'afflux d'investissements étrangers directs dans les pays du BRICS a plus que triplé, atteignant environ 263 milliards de dollars en 2012, selon le Rapport sur les investissements mondiaux de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. Depuis 12 ans, les BRICS ont augmenté leur part dans les investissements directs étrangers au niveau mondial de 6% à 20%, et les flux d'IDE des BRICS en l'Afrique comptent pour 25% de tous les investissements étrangers sur le continent africain.
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