Des combattants de l'unité Tahrir al-Sham de l'Armée syrienne libre vont lancer une grenade bricolée contre les soldats de l'Armée syrienne. Crédit : Reuters
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a reproché aux soutiens extérieurs de l'opposition syrienne de créer des obstacles au dialogue en vue d'un règlement pacifique. Cette déclaration a été réalisée lors d'une réunion avec des représentants du Comité national de coordination pour le changement démocratique (CNCD) syrien, qui s'est tenue le 11 mars à Moscou. Les experts soulignent que l'Occident a décidé de renoncer à une intervention militaire directe, mais compte obtenir le renversement du régime de Bachar al-Assad des mains des insurgés.
« La situation en Syrie ne s'améliore pas, bien que toutes les parties en conflit soient plus convaincues que jamais de la nécessité de mettre immédiatement fin aux violences et d'entamer un dialogue. Mais ceux qui s'y opposent restent nombreux, notamment les sponsors étrangers de l'opposition intransigeante. Par conséquent, nous sommes convaincus que les efforts que vous avez entamés afin d'unir l'opposition patriotique constituent une contribution cruciale au processus que nous voulons mettre en œuvre », a déclaré M. Lavrov devant les représentants du CNCD.
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Selon l'agence ITAR-TASS, M. Lavrov a souligné que la conférence des forces patriotiques de l'opposition tenue en janvier à Paris avait mis au point une approche constructive afin de lancer le dialogue. De son côté, le gouvernement a rendu publiques ses idées afin d'entamer un dialogue.
« Nous voulons contribuer à ce que ces deux processus s'unissent, a ajouté M. Lavrov. Le principal, c'est que tous les problèmes soient résolus par les Syriens sans recettes de l'extérieur, et qu'ils déterminent eux-mêmes le destin du pays et de certains hommes politiques ».
De son côté, le coordinateur du à l'étranger du CNCD Haytham Manna a déclaré que seule une résolution politique permettrait d'éviter à la Syrie de suivre l'exemple de la Somalie.
« Aujourd'hui, ce point de vue est partagé par un certain nombre de membres de la Coalition nationale des Forces de l'Opposition et de la Révolution, et un nombre important de fonctionnaires d'Etat en poste en Syrie », a-t-il dit.
Cependant, comme le précise l'agence RIA Novosti, l'opposant a constaté que la résolution militaire du conflit était « assez puissante et était en cours ». « Mais il y a la conviction chez l'immense majorité des Syriens qu'un règlement politique serait salvateur pour le pays », a déclaré M. Manna, ajoutant que la voie axée sur une résolution politique et pacifique de la crise en Syrie passait par Moscou.
« Nous sommes heureux d'être ici, car nous avons toujours dit que la résolution politique et pacifique de la crise passait toujours par Moscou, même quand la Ligue des États arabes proposait son plan de résolution, a-t-il poursuivi. C'est pourquoi il est très important pour nous de coopérer avec vous pour atteindre cet objectif ».
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Le vice-président du PIR-Center Dimitri Polikanov est convaincu que dans les relations entre la Syrie et l'Occident, une stratégie simple existe : l'Ouest ne veut pas d'intervention militaire directe, mais le régime d'Assad ne lui convient pas, « donc ils utilisent d'autres moyens pour renverser le régime par procuration ».
« L'idée est de peser sur la situation sans s'impliquer directement. En Occident, on a conscience qu'une intervention militaire directe ne mènerait à rien qui vaille », a déclaré M. Polikanov.
L'expert estime que l'Occident a, dès le départ, exclu toute chance de réussite d'éventuels pourparlers et « plus la situation évolue, moins il reste de patience et de foi dans les négociations ». « Le dialogue inter-syrien reste lettre morte. Étant donné que les acteurs extérieurs affichent un rejet de l'une des parties, il est très difficile de s'entendre », a déclaré M. Polikanov.
La semaine dernière, le secrétaire d'État américain John Kerry a pour la première fois officiellement reconnu que les pays occidentaux formaient militairement les rebelles syriens combattant au sein de l'Armée syrienne libre. « De nombreux pays travaillent avec nous dans ce domaine, a dit Kerry. Et je pense que le président Assad doit faire preuve de prudence quand il cherche à prévoir l'avenir ».
Selon la presse, des centaines de combattants ont été formés dans des camps en Jordanie. En particulier, la formation comprenait des entraînements avec des armes antichars et des systèmes de défense aérienne Stinger. Les formations ont lieu sur la base militaire jordanienne KASOTC.
Début mars, l'Union européenne a levé l'interdiction de fournir des équipements non létaux en Syrie. Il s'agit de « matériel de transport non-militaire blindé », ainsi que de jumelles, de matériel de communication et d'uniformes. La décision de l'UE a été adoptée contre l'avis du secrétaire général de l'ONU, qui a appelé les pays occidentaux à s'abstenir de fournir une aide militaire aux parties en conflit en Syrie.
Lundi, Eamon Gilmore, ministre des Affaires étrangères de l'Irlande, qui assure la présidence de l'UE, a déclaré que Bruxelles souhaitait voir la Russie jouer un rôle « plus constructif » dans la recherche d'une solution au conflit en Syrie. « Nous allons discuter de la façon dont la Russie pourrait jouer dans cette situation (la recherche d'un règlement en Syrie, ndlr) un rôle plus constructif », a-t-il indiqué à son arrivée à une réunion des ministres des Affaires étrangères des 27 pays membres de l'UE.
Le conflit opposant le gouvernement et l'opposition armée se poursuit en Syrie depuis mars 2011. Selon l'ONU, il a fait environ 70 000 victimes.
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