Hugo Chavez s’est éteint à l’âge de 58 ans

Hugo Chavez entrera dans l’histoire grâce à son projet ambitieux de créer en Amérique latine une puissante coalition anti-impérialiste. Crédit : Itar-Tass

Hugo Chavez entrera dans l’histoire grâce à son projet ambitieux de créer en Amérique latine une puissante coalition anti-impérialiste. Crédit : Itar-Tass

Un des leaders mondiaux les plus charismatiques et les plus controversés, le président vénézuélien Hugo Chavez; s’est éteint le 5 mars 2013, après 14 ans à la tête du pays. Le décès du président vénézuélien a été annoncé par son bras droit Nicolas Maduro.

Arrivé au pouvoir en 1999, Hugo Chavez est décédé à l’hôpital militaire de la capitale vénézuélienne, Caracas, où il a été transféré mi-février dernier après deux mois de thérapie à Cuba.

Hugo Chavez a fait publiquement état de sa maladie en juillet 2011. Son médecin, Salvador Navarrete, a alors donné deux ans d'espérance de vie à son client haut placé.

En octobre 2012, M. Chavez a remporté son quatrième mandat présidentiel et devait prêter serment le 10 janvier dernier. Toutefois, en raison de sa maladie, l’investiture n’a pas eu lieu et son rêve d’édifier au Venezuela le « socialisme du XXIe siècle » ne s’est pas réalisé.

Hugo Chavez entrera dans l’histoire grâce à son projet ambitieux de créer en Amérique latine une puissante coalition anti-impérialiste. Il a ouvertement lancé un défi au principal partenaire commercial de son pays, les Etats-Unis, en nationalisant les actifs des géants pétroliers Exxon Mobil, ConocoPhillips, Chevron ainsi que les banques, les mines d’or, les centrales électriques, etc. Il a qualifié de « clown » le président américain Barack Obama et de « diable » son prédécesseur Georges W. Bush.

Le président par intérim Nicolas Maduro, désigné à ce poste par le défunt dirigeant avant son hospitalisation à Cuba, se distingue par une rhétorique encore plus anti-américaine que celle de Chavez et suivra, apparemment, la ligne de ce dernier. S’il remporte la présidentielle anticipée, Moscou pourra compter sur le maintien de relations chaleureuses avec Caracas.

Fidèle partisan de Chavez depuis les années 1990, Maduro a entamé son parcours professionnel comme chauffeur de bus et syndicaliste. En 2006, il devient ministre des Affaires étrangères, puis, en 2012, vice-président.

La carrière politique d’Hugo Chavez commence en 1992 par une tentative de coup d’Etat manqué. A la tête du Mouvement révolutionnaire bolivarien (MBR), il s’est alors révolté contre la politique économique des autorités de l’époque. Après avoir passé deux ans en prison, il fonde un mouvement social-démocrate, le Mouvement cinquième république. Quatre ans plus tard, il est élu à la tête du pays.

En 2002, il résiste avec succès à une tentative de coup d’Etat. En 2004, il gagne le référendum révocatoire exigé par l'opposition. Un an plus tard, en 2005, il met le cap sur le « socialisme du XXIe siècle ».

Au milieu des années 2000, Hugo Chavez entame la formation d’un front anti-impérialiste, en annonçant la création d’un « axe du bien » avec ses alliés les plus proches, Cuba et la Bolivie.

C’est durant cette même période qu’a eu lieu un rapprochement entre Caracas et Moscou, notamment dans le domaine militaro-technique. L’embargo américain sur les ventes d’armes au Venezuela, imposé en 2006, accélère ce processus.

« Le Venezuela a ouvert à la Russie les portes de l’Amérique latine grâce à de grosses commandes d’armements russes, à la participation de compagnies russes à l’extraction du gaz et du pétrole et à d’autres projets », explique Vladimir Soudarev, directeur adjoint de l’Institut de l’Amérique latine de l’Académie des sciences de Russie.

Entre 2005 et 2007, Caracas a acheté à la Russie 24 chasseurs Su-30 MK2, plus de 50 hélicoptères de type Mi-17V, Mi-35M et Mi-26T, 12 systèmes de missiles sol-air Tor-M1et 100.000 fusils d’assaut Kalachnikov. Début 2012, son carnet de commandes était évalué à entre 6 et 7 milliards de dollars, et ce sans tenir compte de 4 milliards dollars de crédit pour le développement de la coopération militaro-technique.

« En ce qui concerne le domaine militaro-technique, le plafond a été atteint – le Venezuela n’a pas besoin de plus d’armements. Même la Russie ne doit pas être intéressée par de nouvelles ventes, sinon elle risque de se voir accuser un jour d’avoir incité la course aux armements en Amérique latine », estime M. Soudarev.

L’énergie est encore un important domaine de coopération entre les deux pays. En 2010, le pétrolier public PDVSA et le Consortium pétrolier national, formé par cinq géants pétroliers russes (Rosneft, Lukoil, TNK-BP, Sourgoutneftegaz et Gazprom Neft, ndlr) ont signé un contrat d’exploitation du bloc Junin-6. L’extraction a débuté en septembre dernier.

Dans deux ans, le russe Rosneft envisage de lancer l’exploration du gisement vénézuélien de Carabobo-2 (bassin de l'Orénoque). Le volume de production des deux gisements est de 450 000 barils par jour. En outre, l'entreprise russe Inter RAO envisage de construire au Venezuela une centrale thermique au coke de pétrole de 300 MW.

« C’est Hugo Chavez qui adoptait ces décisions fondamentales, c’est lui qui créait un climat favorable aux industriels et énergéticiens russes », souligne Vladimir Soudarev.

Le départ du leader vénézuélien ouvre la voie à une élection présidentielle anticipée. D’après l’expert russe, la rapidité dans l’organisation du scrutin augmente les chances du successeur de Chavez, Nicolas Maduro, de le remporter.

« Bien que l’opposition ait montré ses muscles en octobre dernier – Capriles a recueilli près de 45% des voix (contre 54,5% pour Chavez), elle reste désunie et n’a toujours pas de candidat commun, tandis que les partisans de Chavez ont le plein contrôle de l’espace d’information », note M. Soudarev.

L’opposition peut profiter de la dégradation de la situation économique. Le taux d’inflation dans le pays a atteint 21% en 2012, classant le pays au septième rang après la Biélorussie, la Syrie, le Soudan, l’Argentine, l’Iran et l’Ethiopie. Début février, le gouvernement vénézuélien a dévalué le bolivar de 32%, ramenant le cours de la devise nationale de 4,3 à 6,3 pour un dollar.

« La dévaluation se répercute négativement sur les couches inférieures de la société, qui constituent d’ailleurs le socle social de Chavez », affirme M. Soudarev.

Si l’opposition parvient à arracher le pouvoir au camp de Chavez, le climat politique favorable aux investissements russes et dû, en sa majeure partie, aux efforts du défunt président, pourra se dissiper.  « Ceci ne signifie pas pour autant que tous les contrats seront rompus et toutes nos compagnies mises à la porte : ils respectent le droit international. Il est possible que certains contrats soient suspendus, mais il ne faut pas s’attendre au départ de la Russie du Venezuela, ceci ne servant pas les intérêts de l’opposition », a conclu l’expert.

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