V. Poutine entre les dirigeants de l’UE, MM. Van Rompuy et Barroso. Crédit photo : AP
« Pour les entreprises européennes, la Russie reste un marché attractif. Ce n’est pas l’Eldorado, mais sur fond de stagnation européenne et de disparition de la foi dans une croissance effrénée en Chine, la Russie fournit un terrain attractif pour les investissements, malgré les plaintes concernant certaines difficultés ». Ainsi parle Fiodor Loukianov, président du Conseil pour la politique étrangère et la politique de défense de la Russie.
Le maintien de l’intérêt économique que représente l’Europe s’explique aisément par le taux de croissance de l’économie russe, qui a atteint 3,5% en 2012. Les entreprises européennes ouvrent en Russie non seulement des représentations pour vendre leurs produits, mais aussi des usines de production.
L’économie la plus puissante de l’UE - l’Allemagne - demeure le plus important partenaire économique de la Russie. En 2012, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint un record historique : 105 milliards de dollars. En 2013, on s’attend à un nouveau record.
L’Europe et la Russie sont particulièrement liées sur le plan énergétique. « L’existence du gazoduc Nord Stream [livrant directement du gaz naturel de Russie vers l’Europe via la mer Baltique, ndlr] est un facteur de maintien de l’importance de la Russie en tant que fournisseur de ressources énergétiques », observe Felix Hett, expert de la Russie au sein de la Fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung.
L’avenir n’est pas sans nuages. Comme le souligne M. Loukianov, en 2013, les exportations énergétiques russes feront face à une résistance croissante sur le marché européen.
« Les changements qui s’opèrent dans le secteur de l’énergie ne sont pas en faveur de la Russie. L’extraction du gaz de schiste, à laquelle Gazprom s’est refusé pendant des années, et la mise en œuvre du troisième paquet énergie » ne sont pas à l’avantage de la Russie, estime M. Loukianov.
Dans le domaine politique, malgré les rendez-vous importants prévus cette année (les deux sommets traditionnels UE-Russie, celui du G20 à Saint-Pétersbourg), les experts ne misent pas sur une amélioration notable des relations.
« Nous assistons au processus d’élaboration des nouvelles valeurs russes qui s’opposent à celles de l’Occident », explique M. Loukianov.
Cette défiance constante de la Russie envers l’Europe est également relevée par le professeur Hans-Henning Schröder, président de la Fondation allemande « Science et politique » (SWP) : « On voit en Europe s’enraciner l’idée selon laquelle le développement que nous observons en Russie ne correspond pas à la représentation que l’Union européenne et le Conseil de l’Europe se font de la démocratie et des droits de l’homme ».
En 2013, on ne prévoit pas de percée concernant la levée des visas entre la Russie et l’UE. « L’expérience de l’Union européenne avec les pays des Balkans occidentaux constitue un excellent épouvantail, utilisé par les politiciens conservateurs », observe M. Hett.
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