G20 : la Russie affronte le futur de l’économie mondiale

Crédit : Ricardo Marquina Montañana

Crédit : Ricardo Marquina Montañana

Les différents ministres des Finances, hauts conseillers et représentants des institutions économiques internationales ont analysé à Moscou les dangers et les menaces auxquels doit faire face l’économie mondiale.

Le pessimisme qui a caractérisé le Sommet du G20 à Mexico en juin dernier ne paraît pas encore s’être dissipé. Des phrases comme « nous avons commis des erreurs par le passé » ont été parmi les plus répétées par les responsables des banques centrales des différents pays qui sont intervenus lors des sessions du 15 février à l’hôtel Ritz Carlton de Moscou.

Les propositions générales autour de la résolution du problème de l’actuel système financier mondial, désormais immergé depuis plus de cinq ans dans une crise profonde, n’ont pas du tout été homogènes. En outre, se sont finalement posées plus de questions que de réponses concrètes.

Les trois piliers sur lesquels se base l’actuelle présidence russe du G20, à savoir la croissance par l’emploi et l’investissement, la confiance grâce à la transparence et enfin la régulation effective des systèmes monétaire et financier, ont suscité des réponses différentes de la part des invités présents à Moscou.

Ainsi les suggestions du département du Trésor américain, à travers la voix de Lael Brainard, ont davantage traité des réformes structurelles et d’un contrôle exhaustif du déficit public, sans pour autant perdre de vue une régulation effective et efficace de la politique fiscale.

La vision la plus optimiste fut celle de la Russie, appelant à réunir toutes les forces en présence pour résoudre la crise avec des mesures globales. « Il est temps de miser sur des mesures à portée mondiale et d’abandonner les décisions exclusivement domestiques », a déclaré Anton Silouanov, le ministre des Finances de la Fédération.

La menace de la guerre des devises étrangères 

Un des thèmes les plus attendus de cette réunion était la dénommée « guerre des devises » - beaucoup l’ont qualifiée ainsi – pour laquelle les États-Unis et le Japon seraient en train de dévaluer leur monnaie afin de relancer les exportations dans un moment particulièrement difficile pour l’économie mondiale. Une « sale guerre » dénoncée par de nombreux pays mais qui a toujours été démentie par Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international, lors des réunions importantes.

D’autre part, Nikolái Kosov, le président de la Banque internationale d’investissements, a exhorté les médias internationaux à redoubler d’efforts pour ne pas véhiculer seulement des éléments négatifs au sujet de la Russie « puisque cette attitude éloigne la confiance et fait fuir l’investissement » et à chercher d’autres sujets à aborder. Ainsi a-t-il affirmé que le centre financier de Moscou se situe dans le top 3 des meilleurs marchés mondiaux parmi les pays émergents, si on l’évalue seulement d’un point de vue technique. Enfin il a souligné la nécessité d’inclure dans le système, afin d’améliorer le niveau de vie de pays traditionnellement exclus comme Cuba, le Vietnam, la Corée du Nord ou la Mongolie, quelque chose qui relèverait de la zone d’inclusion de ce qu’on appelle « l’altermondialisme », en cohérence avec les objectifs de lutte contre les inégalités mondiales que se donne la présidence russe.

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L’analyse de l’évolution de l’économie russe par Alexeï Kudrin

L’ex-ministre de L’Économie russe a produit une analyse du passé économique récent du pays pour démontrer comment on peut se tirer brillamment de situations de crise graves comme celle qui a touché la jeune Fédération de Russie dans les années 1990. Le redressement de l’économie russe en l’an 2000 pourrait être qualifié de quasi miraculeux, étant donné la situation de départ.

La bourse de Moscou a fermé le 15 février avec une hausse de 4 points. Les réformes du gouvernement ont sans aucun doute amélioré les attentes du marché.

L’ancien ministre a fait mention de la très bonne période que traverse l’économie russe, arguant que le déficit public est fondamentalement à 0 et l’excédent de la balance commerciale sans aucun doute enviable. « Nous avons des réserves nationales importantes qui nous protègent de la crise ». 

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Le pari russe sur l’innovation technologique

Le ministre des Finances russes, Anton Siluanov, a évoqué le potentiel technologique de la Russie ainsi que ses nombreuses possibilités dans le domaine de l’innovation et du progrès technique et scientifique. De ce point de vue là, des propositions comme celles de Skolkovo, centre d’innovation technologique destiné à être la Silicon Valley russe, contribuent à ce que le pays puisse se situer dans un futur proche comme référence technologique, à l’image des États-Unis, la Finlande ou la Corée du Sud.

Améliorer les infrastructures dans la ville de Moscou

La discussion au sujet du positionnement de Moscou en tant que centre financier mondial ont débouché sur des propositions concrètes pour améliorer le réseau de transports et ainsi faire face à un des problèmes qui importent le plus les autorités locales de la ville, ceux qui ont trait au trafic routier de voitures. L’implication de la Russie autour de ce thème s’est manifestée par un rapport sur la soutenabilité économique et sa relation directe avec l’environnement. À ce sujet, Anton Siluanov a dit « nous avons beaucoup de travail à faire pour changer le comportement des gens dans ce domaine », en référence au développement de l’utilisation des transports publics dans la ville mondiale qu’est Moscou.

Transparence et lutte contre l’évasion fiscale

C’est peut être pour cela qu’un des objectifs de cette conférence a été l’appel à la transparence et à la lutte contre l’évasion fiscale. Souvenons-nous que des entreprises comme Apple ou Starbuck réalisent des mouvements mondiaux dans tous les pays qui, grâce à des tours légaux, leur permettent d’éviter des impôts.

Une dose de réalisme

Parmi les intervenants, Ersin Özince, le directeur de la Türkiye Is Bankasi A. S, a souligné que « nous devons être prudents car la réalité est qu’aucun marché n’est sûr », en référence à la volatilité intrinsèque et sous-jacente à tous les marchés où le risque est un élément qu’on ne peut pas éliminer du système financier puisqu’il est incertain, selon la conjoncture mondiale, par définition. On a aussi parlé du fait que près de 30 % du PIB de certains pays servait à financer les marchés. Pier Carlo Padoan, le Secrétaire général de l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique), a souhaité souligner également la « mort des marchés », dans le sens d’avant la crise, comme nouveau phénomène économique international et avertit du risque d’une consommation insoutenable. « La dette a des implications certaines mais il y a des éléments de contexte que nous devons considérer également », conclut-il.

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