Les prédictions de Munich

epuis les tribunes de la conférence, Lavrov et Biden ont évoqué l’état des relations russo-américaines. Crédit photo : AP

epuis les tribunes de la conférence, Lavrov et Biden ont évoqué l’état des relations russo-américaines. Crédit photo : AP

Les participants à la conférence de sécurité de Munich ont discuté des relations russo-américaines, de la Syrie, du bouclier antimissiles en Europe, en détournant pratiquement leur attention des problèmes de l’hémisphère sud.

Le 2 février, les Américains ont fêté le Jour de la marmotte. Selon la tradition, à Punxsutawney, à l’ouest de la Pennsylvanie, à 7h25 du matin, on a tiré hors de son terrier la petite bête profondément endormie, Fila, et elle a annoncé l’arrivée prochaine du printemps, au plus tard dans six semaines.

Ce même jour, de l’autre côté de l’Atlantique, à Munich, le vice-président des États-Unis Joseph Biden a prédit une normalisation rapide des relations russo-américaines. 

Comme l’a expliqué à La Russie d’Aujourd’hui le chef du Ministère des Affaires Etrangères de la Russie, Sergueï Lavrov, dans le cadre de la rencontre "en marge" de la conférence de sécurité de Munich, Biden a confirmé que, dès février, le conseiller du président des États-Unis pour la sécurité nationale, Tom Donilon, se rendra à Moscou avec cet objectif. Sa visite sera suivie par celle du nouveau Secrétaire d'État John Kerry.

Depuis les tribunes de la conférence, Lavrov et Biden ont évoqué l’état des relations russo-américaines, sensiblement compliquées ces derniers temps sur fond de vote du Magnitsky Act aux États-Unis et d’interdiction d’adoption d’orphelins russes par des Américains.

"Nous avons un ordre du jour très riche et positif, mais dans les relations entre des puissances si énormes, ils restent inévitablement des contradictions et des désaccords, souvent sérieux", a noté le chef de la diplomatie russe.

Biden a également largement évoqué les problèmes des relations mutuelles des deux pays et les a même désignés : la Syrie, le bouclier antimissiles en Europe, l’élargissement de l’OTAN, les questions de la démocratie et des droits de l’homme"Les divergences sont bien réelles, a déclaré le vice-président. Mais nous continuons cependant à rechercher des possibilités en vue d’actions conjointes des Etats-Unis et de la Russie au nom de la défense de nos intérêts communs dans le domaine de la sécurité et des intérêts de la communauté internationale".

 Parmi ces intérêts se trouve la diminution du nombre d’armesnucléaires et le développement du commerce bilatéral. De son côté, Lavrov a reproché aux États-Unis leur position sur le déploiement du système de bouclier de antimissiles en Europe. "Le problème du bouclier antimissiles est devenu un test important sur la correspondance entre faits réels et les déclarations solennelles sur l’attachement au principe d’indivisibilité de la sécurité. Nous risquons tous de perdre encore une vraie chance de construire un espace unique euro-atlantique", a-t-il déclaré en commentant l’intention des États-Unis de ne pas renoncer à l’installation en Europe de son propre système de bouclier antimissiles.

En outre, Lavrov a critiqué Washington sur sa politique de deux poids deux mesures dans le traitement du "printemps arabe", sur sa volonté de bâtir des rapports en Europe sur la base d’une "construction de petits blocs centrés sur l’OTAN", sur les tentatives "d’exploiter la thèse de la menace russe" et sur la division artificielle des projets d’intégrations en "bons"et "mauvais".

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Evoquant la position de la Russie sur les conflits les plus "chauds", Lavrov a déclaré qu’une multitude de questions en lien avec la démarche de l’Occident se soulève à Moscou. En particulier, peut-on dans un conflit combattre contre ceux que l’on soutient dans un autre ?

Biden n’a pas répondu à cette question, mais, dans la continuité, il a montré au président Bachar El Assad la porte de sortie, dans la mesure où il ne serait soi-disant plus capable de diriger le pays.

Lavrov a exprimé son désaccord  et a indiqué que la crise en Syrie doit être réglée sur la base des principes des accords de Genève, qui prévoient des négociations de toutes les parties engagées dans le conflit. Il a également rejeté la proposition effectuée dans la salle de créer en Syrie un couloir humanitaire, une sécurité qui serait garantie par des forces aériennes internationales. 

Comme l’a souligné Lavrov, "toute menace d’utilisation de la force sera inacceptable", étant donné que la situation en Syrie exige non pas l’emploi de la force, mais un arrêt immédiat de la violence et de l’usage des armes. Répondant à la question de savoir si l’utilisation d’armes chimiques par le régime d’Assad constituerait une "ligne rouge" pour la Russie, Lavrov a déclaré que Moscou considère comme inacceptable l’usage de telles armes. Il a exprimé sa conviction que tant que "le gouvenement de la Syrie contrôlera son arsenal d’armes chimiques, la situation sera sans danger" et la menace de leur utilisation se posera seulement quand elles tomberont entre les mains des insurgés.

Il s'agissait de la 49ème conférence internationale de Munich. Le forum passe pour être l’équivalent politique de Davos et rassemble un auditoire qui fait autorité avec environ 400 délégations et 700 journalistes. Il est vrai que, cette année, les personnalités connues de la politique mondiale venaient principalement de l’hémisphère nord. Le sud était uniquement représenté par le Ministre des Affaires Etrangères du Brésil, Antonio de Aguiar Patriota. 

Le diplomate brésilien considère comme une erreur que l’on discute à Munich des problèmes de sécurité en excluant le partenariat sud-atlantique. Intervenant lors de la réunion plénière sur le thème "Pouvoir croissant et Gouvernance mondiale", il a raconté qu’il n’y a pas longtemps se tenait en Uruguay une conférence des pays de l’atlantique sud dans laquelle, outre les pays latino américains, participaient 21 Etats d’Afrique. 

"Certains d’entre eux, selon Patriota, ne peuvent toujours pas se remettre de la blessure de la colonisation, et la présence à de tels forums constituerait une formidable chance de faire entendre leur voix."

Le souhait du ministre brésilien sera peut-être entendu pour la prochaine conférence du jubilée en 2014 .

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