Comment les pigeons ont aidé l'Armée rouge à gagner la Seconde Guerre mondiale     

Petrov/Sputnik
Souvent, des faucons allemands spécialement entraînés prenaient en chasse les «soldats ailés» soviétiques sur le champ de bataille.

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Depuis l'époque de la Chine ancienne et de l'Empire romain, la communication militaire réalisée à l’aide de pigeons était considérée comme extrêmement efficace et a été activement utilisée au cours de divers types de guerres et de conflits. Même pendant la Seconde Guerre mondiale, les pigeons ont continué à réaliser ce travail important, aidant les soldats lorsque même leurs stations de radio les plus évoluées tombaient en panne.

Le 22 novembre 1941, le commandement allemand a émis un ordre pour l’abatage de pigeons dans la ville de Rostov-sur-le-Don. Viktor Tcherevitchkine a caché ses oiseaux pendant une semaine. Le 28 novembre 1941, le garçon a été exécuté par les nazis.

Les pigeons ont été utilisés à des degrés divers par les forces armées de presque toutes les puissances impliquées dans le conflit mondial. L'Union soviétique ne faisait pas exception, ses « soldats ailés » devant non seulement fournir des informations, mais aussi attaquer les avions ennemis.

Armée de pigeons

Au milieu des années 1920, l'intérêt pour la « communication colombophile » dans l'Armée rouge, qui avait quelque peu décru après la fin de la Première Guerre mondiale, a repris de plus belle. Tout d'abord, les petits assistants à plumes étaient nécessaires à l’armée de l’air soviétique.

Dans le cadre du développement plus que modeste des communications radio de l'aviation, les pigeons ont commencé à être utilisés pour envoyer des données de renseignement ou des coordonnées en cas d'atterrissage d'urgence. Les « pigeonnogrammes » (dépêches) étaient écrits sur du papier fin et placés dans un récipient en métal léger attaché à la patte de l'oiseau.

Des expériences ont également été menées pour lancer des pigeons depuis des avions volant à une altitude de 300 mètres à plusieurs kilomètres. Après le lâcher, les oiseaux s’orientaient instantanément dans l'espace, plongeaient vers sol et se précipitaient immédiatement vers leur pigeonnier natal.

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En 1928, le sous-commissaire du peuple aux affaires militaires et navales de l'URSS, Iossif Ounchlikht, suggéra même d'introduire dans le pays une « obligation de pigeon militaire » afin de satisfaire les besoins de l'Armée rouge en matière de communication en temps de guerre grâce à des pigeons voyageurs. L'année suivante, une spécialité militaire a même été créée dans les forces armées - « formateur militaire-éleveur de pigeons voyageurs ».

Les oiseaux formés ont servi dans les forces terrestres, l'aviation et la marine, et ont également été utilisés dans la protection des frontières de l’État. Le réseau de bases de pigeons militaires permanentes (fixes) et mobiles sur transport automobile et chevaux se développait activement. En 1936, plus de 250 stations avec 30 000 oiseaux fonctionnaient en URSS.

Néanmoins, plusieurs opérations militaires de l'Armée rouge à la fin des années 1930 (conflit avec le Japon sur la rivière Khalkhin-Gol, guerre soviéto-finlandaise) ont démontré l'inefficacité des pigeons voyageurs. Le mouvement rapide des troupes et les changements fréquents de lieu de déploiement ont souvent rendu leur utilisation tout simplement impossible.

« Ce type de communication dans les formes modernes d'opération n’est pas justifié », a déclaré le chef de la communication du district militaire spécial de l'Ouest, le général de division Andreï Grigoriev, à ses supérieurs en août 1940 : « Je considère qu'il est possible d'exclure les pigeons de la composition des services de communication et de les remettre au service du renseignement pour assurer la transmission d’informations officielles ».

Dans les batailles

Néanmoins, la guerre qui a commencé peu après contre l'Allemagne nazie a montré qu'il était trop tôt pour faire une croix sur ces volatiles, et que les soldats à plumes pouvaient encore fournir un avantage considérable sur le champ de bataille.

Des pigeons entraînés ont été utilisés pour la communication opérationnelle entre le quartier général et les unités de première ligne. Lorsque les stations-radio tombaient en panne, un espoir restait avec ces soldats ailés très fiables.

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La communication par pigeon est devenue un maillon important du système de défense de Moscou. Pour leur contribution au salut de la capitale, une trentaine d'éleveurs de pigeons ont reçu des décorations et des médailles.

Les Allemands, qui utilisaient eux-mêmes des pigeons voyageurs, étaient conscients des dégâts que pouvaient leur infliger les soldats à plumes aux mains des partisans et des combattants clandestins. Ils demandèrent à la population des territoires occupés de remettre tous les pigeons qu'ils possédaient au bureau du commandant. L'insubordination était parfois punie de mort. Ainsi, un habitant de Rostov-sur-le-Don, Viktor Tcherevitchkine, âgé de 16 ans, a été exécuté le 28 novembre 1941 pour avoir caché les oiseaux qu'il avait pendant une semaine.

Pour intercepter les pigeons soviétiques, les Allemands ont dressé des faucons et des éperviers. Il existe un rapport sur le sort du pigeon numéro 48, attaqué à plusieurs reprises par un faucon, mais qui a finalement réussi à arriver à bon port : « Au crépuscule, le 48e est tombé aux pieds de l'éleveur de pigeons Popov. Une de ses pattes était cassée et maintenue par un fin morceau de peau, son dos était dénudé et sa poitrine était couverte de sang. Le pigeon respirait lourdement et cherchait avidement de l'air avec son bec ouvert. Après avoir envoyé le rapport de renseignement au QG, le pigeon a été opéré par un vétérinaire et secouru ».  

Des « signaleurs ailés » assuraient une communication ininterrompue entre le quartier général et l'armée ainsi que les groupes de reconnaissance opérant à l’arrière proche de l'ennemi. Pour ce faire, un éleveur avec 20 à 30 pigeons placés dans des paniers en osier partait pour certaines missions avec les soldats. Pour de nombreux détachements partisans, les oiseaux sont devenus l’un des moyens opérationnels les plus fiables afin de recevoir et de transmettre des informations classifiées.

En 1944, une société spéciale de communication colombophile a même été formée sur le 2e front de la baltique. Cinq cents pigeons sous la supervision de 80 militaires ont été entraînés à voler dans 22 directions dans un rayon de 10 à 15 km. Pendant six mois, ils ont livré plus de 4 000 « pigeonnogrammes ».

Une bombe trouée par un projectile amené par un pigeon-bombardier

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En plus des pigeons de l'Armée rouge, des « pigeons-bombardiers » auraient dû voir le jour. Ces oiseaux, munis de projectiles actionnés par pression, devaient atterrir sur les bombes aériennes suspendues aux ailes des avions allemands. Le projectile était automatiquement détaché, permettant au saboteur à plumes de s'envoler, après quoi le système était déclenché.

Cependant, le projet n'a jamais été appliqué dans la pratique : les oiseaux ne distinguaient pas les bombes aériennes sur les avions ennemis de celles des bombardiers soviétiques, ce qui pouvait constituer un grand danger pour l’aviation de l’URSS.

L'armée de pigeons soviétique a subi d'énormes pertes pendant la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, elle a réussi à apporter une contribution significative à la victoire commune, en délivrant des dizaines de milliers de messages importants aux destinataires. Au lendemain de la guerre, le progrès technique a finalement évincé les pigeons du système de communication militaire et les soldats à plumes ont pris une retraite bien méritée.

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