La décision de la Banque centrale européenne d’abaisser son taux directeur à zéro rend les marchés émergents, intéressés par un financement bon marché, de plus en plus attractifs pour les investisseurs de l’Union européenne. Les experts estiment que cela pourrait entraîner une hausse des investissements européens en Russie.
« La décision de la BCE concernant le taux directeur rendra les marchés émergents plus attractifs, comme cela a été le cas au Japon, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Le marché russe pourrait également bénéficier de nouveaux apports », explique Sergueï Kozlovski, responsable du département analytique chez Grand Capital. Il précise, par ailleurs, que cet avantage ne pourrait être anéanti que par l’attitude généralement négative à l’égard des actifs russes, liée à des raisons politiques.
Conformément à la décision de la Banque centrale européenne, le taux directeur sera abaissé de 0,05% par an à 0% - ce paramètre est pris en compte par les banques privées pour leurs émissions de crédits. La BCE a expliqué que cette décision visait à porter la croissance économique dans la zone euro à 1,4% en 2016 et à lutter contre le chômage.
Contrairement à l’Union européenne, où le taux directeur est désormais de 0%, il atteint 11% en Russie, et le coût du crédit aux entreprises et aux particuliers est élevé. Par exemple, le taux préférentiel pour les achats immobiliers pratiqué par la plus grande banque russe, Sberbank, est de 12,5% par an. Dans cette situation, les emprunteurs russes sont intéressés par un financement européen bon marché, et les investisseurs européens – par les taux plus élevés pour leurs prêts.
« La décision d’abaisser le taux rend, effectivement, le marché russe de la dette plus attractif, tout comme les autres marchés présentant des taux plus élevés », explique Atriom Zviaguilski, analyste en chef chez MFX Broker.
« Cette décision doit permettre de soutenir les marchés et de stimuler la demande pour les actifs hors risque, ce qui pourrait entraîner leur croissance. Le marché russe fait partie de ces actifs », renchérit Bogdan Zvaritch, analyste chez Finam.
Par ailleurs, les mesures de la BCE devraient soutenir les cours du pétrole et des devises des pays en voie de développement, dont le rouble, a déclaré Dmitri Polevoï, économiste en chef d’ING Group Russie et CEI, au quotidien économique Vedomosti.
Les risques politiques figurent parmi les principaux obstacles à la hausse des investissements européens en Russie. « En prenant leurs décisions, les investisseurs ne regardent pas uniquement les niveaux des taux dans tel ou tel pays », explique Atriom Zviaguilski. Pour lui, dans le cas de la Russie, les facteurs pris en compte sont les sanctions, les perspectives de leur levée ou durcissement, les cotes de crédit, les prix du pétrole et bien d’autres.
Ainsi, début mars 2016, l’administration russe a proposé à 25 banques étrangères de racheter des eurobonds pour une valeur de 3 milliards de dollars. D’après le Wall Street Journal, l’administration américaine a alors demandé aux principales banques de ne pas parier sur les transactions potentiellement lucratives, mais politiquement risquées portant sur les obligations russes, une telle participation pouvant nuire au régime des sanctions contre la Russie.
La situation complexe dans la zone euro est un autre obstacle aux investissements en Russie. Bogdan Zvaritch explique que la décision de la BCE prouve que l’état de l’économie européenne est bien plus grave que ce que l’on supposait auparavant. « Cela montre que les incitations précédentes mises en œuvre par le régulateur européen n’ont pas eu l’impact escompté sur l’économie de la région », ajoute M. Zvaritch.
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