La Banque mondiale prédit de deux ans de récession à la Russie

Crédit : PhotoXPress

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La Russie ne connaîtra pas de croissance économique ni en 2015, ni en 2016, indique un rapport de la Banque mondiale (BM). Des prévisions qui ne cadrent pas avec les données du ministère russe de l’Economie, qui s’attend à une croissance de 2,3% dès l’année prochaine. Avec cela, la Banque mondiale estime juste la dévaluation de moitié de la monnaie russe en 2014.

La Russie ne connaîtra pas de croissance économique ni cette année, ni l’année prochaine, affirme un rapport de la Banque mondiale publié sur son site. Une récession due, selon l’institution, à la réduction des investissements privés. En 2015, le PIB baissera probablement de 2,9% en cas de scénario positif et de 4,6% en cas de développements négatifs.

L’année prochaine, la Russie connaîtra une croissance de 0,1% dans le meilleur des cas et une baisse de 1% pour le scénario négatif. Tout dépendra essentiellement du prix du pétrole. Ainsi, pour des développements positifs en 2016, le prix du brut doit atteindre 68,7 dollars le baril.

Si le pétrole cote 50 dollars, le scénario négatif est garanti. Ces pronostics ne s’accordent pas avec les données du ministère russe de l’Economie, qui s’attend à une croissance du PIB de 2,3% dès 2016. D’après les experts, l’écart entre les prévisions s’explique par l’optimisme exagéré des autorités russes et des visions différentes.

Différence de visions

Selon l’analyste principal d’UFS IC, Alexeï Kozlov, les attentes des fonctionnaires russes semblent plus optimistes que les prévisions des institutions internationales, mais dans l’ensemble, les évaluations se recoupent.

« La pression inflationniste et un accès moindre aux facilités de crédit ont des retombées négatives sur l’économie du pays », constate-t-il. La dynamique du rouble dépend dans une grande mesure des prix du pétrole, étant donné que le rapport entre les deux facteurs reflète le montant des recettes budgétaires russes.

« Pronostiquer les rythmes de croissance économique est en effet rendu difficile du fait de la sérieuse dépendance de l’économie russe envers la dynamique des prix du brut », renchérit l’analyste de la société Finam, Timour Nigmatoulline.

Autre cause des divergences : des évaluations différentes du développement des principaux secteurs de l’économie russe, explique Vassili Yakimkine, maître de conférences de la faculté des finances et des activités bancaires de l’Académie présidentielle russe de l’économie nationale et de l’administration publique. Selon lui, compte tenu de la réduction du PIB de 2,1% en janvier 2015 et de 3,6% au mois de février, la baisse annuelle atteindra 7%.

« La fuite des capitaux augmentera, le rouble dégringolera et l’inflation connaîtra un bond local, ce qui accélèrera la récession », estime-t-il. Par conséquent, affirme-t-il, l’analyse des tendances globales est sans appel : la question d’une croissance économique en Russie en 2016 ne se pose pas.

Evaluation de l’action du gouvernement

D’après la Banque mondiale, les problèmes de l’économie russe revêtent un caractère structurel. De la fin des années 1990 jusqu’en 2013, les investissements en Russie augmentaient moins vite que dans les autres économies mondiales. Ainsi, dans son scénario de base, la BM s’attend à un accroissement du niveau de pauvreté de 10,8% en 2013 à 14,0% en 2014 et à 14,1% en 2016.

Dans ce contexte, la Banque mondiale estime juste la décision du gouvernement russe de dévaluer le rouble et de limiter les importations de produits alimentaires en provenance de l’Union européenne et des Etats-Unis, car ce sont précisément ces mesures qui ont permis à l’économie russe d’éviter une brusque chute en 2014.

« Malgré leur caractère équivoque dans une perspective à moyen terme, ces décisions du gouvernement accordent effectivement un sérieux soutien aux producteurs russes », souligne Stanislav Safine, directeur général adjoint de la société Finexpertisa. Pour Timour Nigmatoulline, un rouble faible et les limitations introduites en réaction aux sanctions occidentales ont eu un effet positif pour la dynamique du PIB.

Toutefois, fait remarquer Vassili Yakimkine, un rouble faible n’a aidé que certains secteurs économiques, ceux qui n’étaient pas criblés de dettes et qui s’appuyaient uniquement sur la demande intérieure, comme la pétrochimie. Dans l’agriculture, le phénomène a au contraire provoqué une hausse des prix. 

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