Crédit : TASS
Le gouvernement russe a soumis à la chambre basse du parlement, la Douma, sa proposition de budget national 2015, revu à la baisse. Le nouveau texte du document a été publié sur le site officiel du gouvernement.
Le document indique qu’en 2015, le budget russe sera amputé de 2 500 milliards de roubles (40 milliards d'euros) de recettes en raison de la baisse des prix du pétrole, tandis que les dépenses ne sont réduites que de 300 milliards de roubles (4,8 milliards d'euros), car initialement, une partie des recettes était affectée au Fond de réserve spécial.
Au final, ce sont la santé et la protection de l’environnement qui souffrent le plus en pourcentage, les dépenses pour ces postes baissent de 25,1% et 16,2% respectivement. Par ailleurs, les dépenses dans la « défense nationale » et la « sécurité nationale » se contractent de 4,8%, informe le quotidien économique russe Kommersant.
Les experts estiment qu’en réduisant les dépenses, le gouvernement russe joue la sécurité. « Les comptes du ministère des Finances disposent de suffisamment de fonds pour ne pas séquestrer le budget, mais face à la baisse des recettes en devises, le gouvernement rechigne à dépenser l’intégralité du solde », explique Alexandre Dorofeïev, directeur général de l’agence de consulting Arkaim.
Il estime que le gouvernement a décidé que la santé et l’environnement n’étaient pas des postes essentiels, et qu’il était bien plus important de soutenir les grandes entreprises – les monopoles d’État et les banques - et garder des fonds sur les comptes pour les deux prochaines années, afin de s’assurer une réserve pour le soutien de la stabilité publique.
Elena Armanova, directrice générale de la société Cansonic, précise que le séquestre budgétaire montre que le domaine public est le plus affecté : sont concernés la santé, l’éducation, l’environnement. « Les salaires sont réduits, le personnel est soumis à des licenciements, des hôpitaux sont fermés », explique-t-elle. Selon elle, cette situation rappelle celle de 1998.
Toutefois, Arseni Mamedov, directeur de recherches du laboratoire d’études de la politique budgétaire de l'Académie russe d'économie nationale, précise que les coupes budgétaires s’accompagnent également de certaines augmentations : les dépenses en politique sociale progressent de 5,9%, celles du service de la dette – de 30,3%. Cela s’explique par la hausse des coûts des emprunts en devises due à la dépréciation du rouble par rapport au dollar américain et à l’euro.
Les experts soulignent que de telles coupes ne favorisent pas le rétablissement de la croissance industrielle. Alexandre Dorofeïev estime que tous les moyens disponibles auraient dû être consacrés au développement de l’industrie afin de créer un environnement favorable à la substitution des importations.
Anton Soroko, analyste du holding d’investissement FINAM, précise que les précédentes versions du budget étaient, dans les faits, plutôt des budgets de croissance et que, celle-ci n’étant plus à l’ordre du jour, il convient de prendre des mesures pour réduire le futur déficit budgétaire.
« En revanche, j’aurais pris des mesures plus différenciées et cherché à adoucir l’impact sur les groupes sociaux vulnérables, comme les enseignants et les médecins, en évitant de réduire les financements de l’éducation et de la santé », explique Soroko.
Le montant du budget russe est très dépendant du prix du pétrole. Le budget actuel est calculé à partir d’un baril de Brent à $96, toutefois, son cours évolue aux alentours de $60 le baril depuis le début de l’année.
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