Avec la crise, les auberges de jeunesse ont le vent en poupe en Russie

Crédit : Kirill Kalinnikov / RIA Novosti

Crédit : Kirill Kalinnikov / RIA Novosti

La crise a provoqué un boom des auberges de jeunesse en Russie. Cette tendance est favorisée par la hausse du nombre de Russes qui préfèrent aujourd'hui voyager à l'intérieur du pays. Malgré tout, les « hostels » sont confrontés à plusieurs problèmes, comme la baisse de fréquentation des touristes étrangers et la concurrence des formules « une nuit ».

Les hostels ont fait leur apparition relativement tard en Russie : le premier est apparu en 1992 à Saint-Pétersbourg, et l'année suivant à Moscou.

Aujourd'hui la situation a bien changé : les auberges de jeunesse et les mini-hôtels sont les modes d'hébergement qui connaissent la plus forte croissance.

Plus d'offre, moins de profit

Même la crise économique n'empêche pas l'augmentation du nombre d'auberges de jeunesse dans les grandes villes. « Ces trois dernières années leur nombre a doublé annuellement », constate pour RBTH Arik Pogossian, membre du conseil de la « Ligue des hostels » et propriétaire du réseau « Open Hostels ».

Les chiffres le confirment : selon le site Booking.com, en septembre 2014 on comptait 269 hostels à Moscou et 288 à Saint-Pétersbourg, contre 323 et 294 en mars 2015 respectivement. Selon Arik Pogossian, cette croissance rapide a conduit à un excès d'offre.

« Beaucoup ont réalisé de petits investissements, sans avoir l'expérience ni les qualifications nécessaires. La concurrence est très intense, surtout en matière de professionnalisme et de niveau de service », analyse-t-il.

L'expert affirme qu'il est possible d'ouvrir un petit hostel avec un investissement initial de 1,5 million de roubles. « Par le passé, on pouvait rembourser cet investissement en six mois. Aujourd'hui, il faut se réjouir si le retour sur investissements arrive au bout de deux ans. En réalité il faut désormais attendre environ 3 ans », constate-t-il. 

Selon l'Association interrégionale pour le développement des hostels, 5 000 mini-hôtels et auberges de jeunesse existent aujourd'hui en Russie.

« Les hostels sont un phénomène urbain, conçu pour les catégories de voyageurs sans prétention comme les étudiants, les jeunes familles, les groupes d'amis, ceux qui n'ont pas beaucoup d'argent. Pour qu'un hostel rentre dans ses frais, il faut que la ville soit visitée par ce genre de touristes ", explique pour RBTH la directrice de l'Association des tour-opérateurs de Russie, Maya Lomidze.

En Russie, très peu de villes répondent à ce critère : Moscou, Saint-Pétersbourg, l'Anneau d'or et la région de Moscou, et quelques autres lieux touristiques ».

Le prix pour une journée dans un hostel est compris entre 300 et 800 roubles (5-13 dollars), ce qui en fait un choix particulièrement populaire parmi les amateurs de voyage en période de crise. Malgré tout, selon Maya Lomidze, il est encore trop tôt pour parler d'avantages spécifiques.

« On peut tout de même prévoir qu'avec la crise, les hostels seront un refuge pour les investissements. On pourra confirmer cela en octobre, quand la haute saison sera terminée », pense-t-elle.

Les étrangers boudent la Russie

Toutefois, la morosité économique fait également pression sur ce segment du secteur touristique. Arik Pogossian identifie notamment une hausse possible des tarifs.

« La hausse du prix du séjour ne sera pas corrélée à une forte concurrence, mais à la fréquentation en berne des touristes étrangers », estime-t-il. Et d'ajouter : « Il y a deux ou trois ans, les clients des hostels étaient à 50% étrangers. Aujourd'hui, ils sont tout au plus 10% ".

Andreï, gérant de l'hostel « Colomb », déclare également à RBTH que les hôtes ne sont plus aussi nombreux ces derniers temps. « La concurrence augmente avec l'ouverture d'auberges pour une nuit, créées à la hâte. Cela fait baisser la qualité », affirme-t-il.

Sur fond de forte croissance des ouvertures d'hostels depuis le 1er janvier 2015, leur activité a été standardisée en Russie. Tout d'abord, on a défini au niveau fédéral les exigences minimales pour les bâtiments, les équipements et les chambres.

Après l'introduction de ces normes au début de l'année, neuf établissements qui ne remplissaient pas les conditions nécessaires ont déjà été fermés à Moscou.

Arik Pogossian souligne que d'ici l'été 2016 la standardisation des lieux d'hébergement deviendra incontournable et pense qu'alors, seuls les hostels professionnels resteront sur le marché.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies