Le rouble russe en chute libre

En réaction à la chute brutale du rouble, la Banque centrale a été contrainte dans la nuit du 15 au 16 décembre de relever son taux directeur de 10,5 à 17%. Crédit : AP

En réaction à la chute brutale du rouble, la Banque centrale a été contrainte dans la nuit du 15 au 16 décembre de relever son taux directeur de 10,5 à 17%. Crédit : AP

En deux jours, le rouble russe a fortement dévissé par rapport au dollar américain et à l’euro. Au cours de la séance du 15 décembre, le rouble a perdu 9% par rapport aux devises étrangères. Le 16 décembre, la chute a dépassé 24% - un record absolu de toute l’histoire de la monnaie russe. En réaction à la dégringolade du rouble, la Banque centrale a fortement renchéri les crédits aux entreprises et à la population.

En deux jours, le rouble russe s’est fortement déprécié par rapport au dollar américain et à l’euro. Au cours de la séance du 15 décembre, le rouble a perdu 9% par rapport aux devises étrangères, et le 16 décembre, la chute a dépassé 24% - un record absolu de toute l’histoire de la monnaie russe. Par la suite, la devise russe est brusquement remontée de 15%. Les experts estiment que la volatilité du rouble ne peut s’expliquer que par les agissements des spéculateurs. « Pendant les premières heures de la journée de cotations, nous avons été témoins d’une forte appréciation du rouble suivie d’une chute presque aussi brutale de la devise russe. La dynamique de la monnaie russe est actuellement influencée par plusieurs facteurs qui, mis bout à bout, ont provoqué cet effondrement », explique l’analyste du holding d’investissement FINAM Anton Soroko. Il estime qu’une « grande quantité de capital spéculatif est actuellement présente sur le marché. Elle provoque des mouvements sporadiques de la monnaie russe que l’on peut difficilement expliquer par les facteurs fondamentaux ». Par exemple, aucune devise des autres pays producteurs de pétrole ne s’effondre de la même manière. En outre, la chute du cours du rouble est, en grande partie, due aux émotions et aux humeurs spéculatives, a déclaré le secrétaire de presse du président russe Dmitri Peskov.

Principaux facteurs

« Pendant une longue période, la valeur du rouble était déterminée par le marché et par les facteurs politiques. La situation actuelle est une réponse directe à un changement de cap politique et, en premier lieu, aux décisions de la Banque centrale qui a renoncé à soutenir le rouble », explique Natalia Borzova, directrice générale adjointe chargée des relations avec les organismes de crédit chez FinExpertiza. Elle estime qu’il est actuellement impossible d’évaluer objectivement les perspectives du rouble, car sa crédibilité est fortement ébranlée. « La forte dépréciation du rouble que l’on constate ces derniers temps s’explique par des flux monétaires qui, pour plusieurs raisons, se dirigent hors de la Russie. En conséquence, le marché du rouble connaît un déséquilibre de l’offre et de la demande. Ainsi, le cours de la monnaie russe est en baisse », explique l’analyste en chef d’UFS IC Alexeï Kozlov. Il estime que la dynamique future du rouble dépendra de plusieurs facteurs, notamment des mesures de la Banque centrale et des autorités qui devraient, sans aucun doute, tout mettre en œuvre pour stabiliser le rouble. La monnaie russe est repartie à la hausse quand le PDG de Rosneft Igor Setchine a déclaré que la principale compagnie pétrolière russe soutenait le rouble et n’avait pas l’intention de racheter des dollars sur le marché.

L’autre facteur fondamental responsable de la baisse du rouble cité par les experts est la chute des prix du pétrole et les prévisions négatives connexes. Le 16 décembre, le baril de Brent de la mer du Nord a notamment perdu plus de 2% aux ventes publiques à Londres. À son niveau le plus bas, le Brent se négociait à $58,84 le baril. Toutefois, les prix sont ensuite légèrement remontés pour s’établir à $59,02. Auparavant, le 14 décembre 2014, le ministre de l’Énergie des Emirats arabes unis Suhail al-Mazrouei avait déclaré que l’OPEP ne réduirait pas la production de pétrole même si le prix atteignait $40 le baril.

Solutions clés

En réaction à la chute brutale du rouble, la Banque centrale a été contrainte dans la nuit du 15 au 16 décembre de relever son taux directeur de 10,5 à 17%. Ce taux détermine le coût de l’argent dans le pays, il est repris par les banques qui émettent des crédits aux entreprises et à la population. Traditionnellement, elles considèrent que le coût du crédit ne peut être inférieur à ce taux. La hausse du taux directeur de 6,5% est un record dans l’histoire récente de la Russie. La dernière fois, le régulateur l’avait élevée le 11 décembre de 9,5 à 10,5%. Les experts estiment que la hausse du taux directeur pourrait conduire, en premier lieu, au renchérissement des crédits octroyés aux entreprises et à la population. « Cette solution est radicale, elle devrait calmer les passions sur le marché des devises. Toutefois, il ne serait pas souhaitable que le taux reste à ce niveau pendant une longue période, car cela entraînerait une forte baisse de l’activité en Russie », estime Anton Soroko. Il explique que cela se répercutera sur la population – les crédits à la consommation deviendront plus chers – et sur les entreprises, qui auront beaucoup plus de mal à financer l’activité opérationnelle et les investissements.

« La hausse du taux directeur a une influence sur différents segments du marché. Actuellement, la stabilisation du cours de la monnaie russe est une priorité. Si nous considérons l’action de la Banque centrale russe sous cet angle, la hausse du taux directeur soutiendra, indiscutablement, le rouble », explique Alexeï Kozlov. Toutefois, Anton Soroko estime « qu’une fois que la situation sur le marché des devises stabilisée, le faible coût des titres des entreprises russes pourrait attirer un flux d’investissement en Russie ».

 

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