La Russie évite la récession

Selon un scénario optimiste, l'économie russe pourrait connaître une hausse de 0,9% en 2015. Crédit : Reuters

Selon un scénario optimiste, l'économie russe pourrait connaître une hausse de 0,9% en 2015. Crédit : Reuters

La Banque mondiale a envisagé trois scénarios possibles de développement de l'économie russe, en fonction de l'évolution de la situation extérieure. Cependant, indépendamment de la situation politique, la Banque estime à environ 0,5% la croissance du PIB en 2014. Cela signifie que la Russie parviendra à éviter la récession cette année.

A la fin de l'année 2014, l'économie russe va connaître une croissance de 0,5% indépendamment de l'évolution de la situation politique extérieure, tels sont les résultats de l'étude de la Banque mondiale. Ainsi, la Russie pourra éviter la récession cette année. Cependant, l’avenir dépendra de l’évolution des tensions entre la Russie et les pays occidentaux. La Banque mondiale a préparé trois scénarios possibles d'évolution de l'économie russe. Le scénario de base prévoit qu'en l'absence de changement, le PIB sera en hausse l'année prochaine, mais que cette croissance sera minimale, à 0,3 et 0,4% en 2015 et 2016. Selon un scénario optimiste, l'économie russe pourrait connaître une hausse de 0,9% en 2015 et de 1,3% en 2016 si les tensions géopolitiques disparaissent et si les sanctions sont levées d’ici la fin de l'année 2014. Le scénario pessimiste prévoit un renforcement des sanctions suivi d’un recul du PIB de 0,9% en 2015 et de 0,4% en 2016.

Marge d'erreur

Selon les experts, une croissance de 0,5% est un scénario tout à fait envisageable. « Un demi pour cent, c'est un chiffre qui peut être considéré comme une erreur statistique lors des pronostics. Dans l'ensemble, l'essoufflement de la croissance perdure depuis plusieurs années : la situation actuelle en matière de politique étrangère n'a fait qu'aggraver cette tendance. L'un des facteurs clés ayant des répercussions sur le ralentissement de l'économie, c'est la baisse des taux de croissance de la masse monétaire. Il est difficile d'atteindre des taux de croissance élevés lorsque la masse monétaire n'évolue pas au rythme nécessaire », déclare Konstantin Korichtchenko, directeur du département des marchés boursiers et de l'ingénierie financière à l'Académie russe de l'économie nationale. Selon lui, ceci est en grande partie lié aux indicateurs de la balance des paiements. Jusqu'en 2008, le solde élevé de la balance courante ainsi que l’afflux des capitaux étaient la source principale de la masse monétaire dans l'économie. Désormais, c'est le contraire, on assiste à une fuite des capitaux et la balance commerciale n'améliore pas la situation de façon notable, assure Korichtchenko.

De plus, selon l'analyste d’Investcafe Timour Nigmatoulline, il est en principe difficile de prévoir la dynamique du PIB russe avec une exactitude de 1-2 pour cent, étant donnée la forte influence des prix du pétrole. Ceci est lié à leur effet sur le solde de la balance commerciale et à la difficulté d’évaluer l'économie de l'ombre et les dépenses publiques. « Les estimations de la Banque mondiale sont dans la marge d'erreur possible, mais je les traiterais tout de même avec une part de scepticisme », estime l'expert.

Deux scénarios

Dans tous les cas, d'après l'étude de la Banque mondiale, il n'y a pas suffisamment de stabilité géopolitique pour permettre la croissance de l'économie russe. « L'économie russe est, peut-être, proche d'atteindre son niveau maximum de production potentielle », toujours selon l'étude. En 2013, les experts du FMI avait déjà prévenu que l'économie russe s'approchait de son niveau potentiel de production.

Actuellement, les perspectives réelles de l'économie russe se divisent selon deux scénarios, pense Alexeï Baskakov, directeur du département d'évaluation du cabinet d'audit FinExpertisa.

Selon lui, le premier scénario suppose un assouplissement des sanctions auparavant imposées suivi d'une croissance du marché et du lancement actif de programmes d'investissement reportés dans le domaine de l'industrie. « Dans ce cas, la croissance de l'économie russe en 2014 pourrait déjà être de 0,7-0,8% et ensuite, elle atteindra probablement 1-1,2% », dit Baksakov. D'après lui, le second scénario suppose la poursuite de l’escalade du conflit et un gel des tensions. Dans ce cas, la croissance de l'année 2014 devrait alors être de 0,3-0,5%, et risque par la suite d’entrer en zone négative. Par ailleurs, selon l'analyste de la société holding FINAM, Anton Soroko, on peut dire que les pronostics les plus négatifs annoncés au début de la crise ukrainienne ne sont pas devenus réalité. « Le PIB russe augmentera tout de même, même si ce n'est que d'un demi pour cent symbolique, et fin 2015, il est possible qu'il atteigne les 0,8-1,0% prédits dans le scénario optimiste », dit-il.

En dépit des sanctions, l'économie russe reste très intégrée à l'économie mondiale , déclare l'analyste en chef de la compagnie UFS IC, Alexeï Kozlov. Selon lui, les restrictions imposées par la Russie sur les livraisons de produits alimentaires en provenance de l'Union européenne et des États-Unis et la substitution des importation qui en découle pourraient stimuler l'activité des producteurs russes de produits alimentaires et des secteurs connexes. Comme le montrent les chiffres de Rosstat (Service fédéral des statistiques), la production industrielle a déjà augmenté de 1,5% au terme du premier semestre. Plusieurs secteurs connaissent une croissance plus active que d'autres. Par exemple, la production de navires, d’aéronefs, de véhicules spatiaux et d’autres moyens de transport a augmenté de 26,9%.

 

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