Crédit : Natalia Seliverstova / RIA Novosti
Même si la bière n'est pas concernée par les sanctions, le climat politique influence ce marché. Les brasseurs ukrainiens font les frais du refroidissement avec la Russie. Il y a trois ans, ces derniersfournissaient 80% des importations russes. Au premier semestre 2014, leur part était tombée à 52%.
Et la chute s'accélère, car depuis le 15 août, Moscou a banni du marché russe les deux principaux brasseurs ukrainiens Obolon et Sun InBev Ukraine. Motif invoqué : le mauvais étiquetage des produits, ainsi que le non-respect des exigences en matière de valeur énergétique...
Autre phénomène curieux : l’offre russe diminue depuis 2010, à cause du brutal relèvement de 200% des taxes payées par les brasseurs du cru. Conséquence, le prix des bouteilles a doublé depuis 4 ans et le marché se contracte de 3% à 7% annuellement.
Le prix moyen de la bière importée s’élève à 4,6 euros le litre contre 1,8 pour la bière russe. L’écart des prix se réduit et grignote la compétitivité des brasseurs russes.
Les grandes chaînes de supermarché constatent aussi une demande croissante pour la bière étrangère. La part de la bière importée dans le chiffre d’affaires des magasins Х5 Retail Group atteint déjà 16% de l’ensemble de la catégorie, explique le directeur des relations publiques du groupe Vladimir Rousanov.
« Nous enregistrons une croissance constante des ventes de la bière importée depuis 2011. Elle atteint environ 4,1% en termes réels », explique-t-il. Pour la chaîne Metro Cash&Carry, la part de la bière étrangère s’élève à 12% des ventes de bière, explique la directrice des relations clientèle Oksana Tokareva. Selon elle, ce segment a cru de 9,5% cette année.
La croissance dynamique de ce secteur pousse les principaux acteurs du marché russe, qui auparavant pariaient sur le développement de la production locale, à se lancer dans l’importation. La division russe d'Anheuser-Busсh InBev, le groupe Sun InBev, préférait jusqu’iciproduire localement ses marques de bière.
Dans la catégorie « bière allemande », le groupe misait sur la marque Lowenbrau qu’il a récupérée en 2003 suite au rachat de la compagnie Spaten-Löwenbräu-Gruppe. Ses autres marques — Spaten et Franziskaner — étaient importées par des sociétés tierces depuis l’Allemagne.
Mais au printemps 2014, Sun InBev a annoncé qu’elle allait importer les marques Spaten et Franziskaner en Russie directement et a complété le portefeuille des bières importées par la marque mexicaine Corona.
Cette année, le brasseur Baltika a également lancé son programme d’importation : le groupe a d’abord annoncé l’importation de la bière danoise Jacobsen, détenue par sa maison-mère Carlsberg, et de la marque belge Grimbergen.
« Le segment de la bière importée poursuivra sa croissance, même si la situation dépendra de la stabilité du rouble et de l’économie russe », explique le copropriétaire de Moscow Brewing Company Evgueni Kachper [qui importe la bière allemande Krombacher et la marque tchèque Budweiser Budvar, ndlr].
« Après l’adhésion à l’OMC, les droits de douane sur la bière ont commencé à diminuer, alors que l’intérêt vis-à-vis de ces produits a crû ». Kachper précise que les produits importés représentent actuellement un quatre du chiffre d’affaires du groupe.
Source : RBC Daily
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