Crédit : Itar-Tass
Le projet de développement
Les routes russes manquent d’infrastructures connexes - magasins, cafés, parkings, etc. Aussi, selon les statistiques de Rosavtodor, environ 40% des sites routiers ne disposent pas de parkings et seulement 15% proposent des parkings pour poids lourds.
Un programme d’État spécial est en cours de conception pour changer cette situation. Le projet a été adopté dès 2013. Selon la feuille de route, l’infrastructure routière sera développée autour des stations-service, mais aussi séparément. La construction des premiers « sites pilotes » sera lancée en 2015-2016. Actuellement, le projet est au stade de recherche d’investisseurs et on élabore la feuille de route qui définira les standards et les mesures de soutien étatique pour les sites.
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Le nouveau concept sera mis en œuvre parallèlement à un autre projet, adopté en 2009. Celui-ci prévoit la création de zones multifonctions (ZMF) sur les autoroutes. Elles proposeront des services routiers comprenant parkings, stations-service, toilettes, cafés et restaurants, magasins, blanchisseries, etc. Le service de presse du groupe Rosavtodor, responsable de la maintenance des routes, a annoncé que les ZMF pourraient également proposer une connexion Wi-Fi, ainsi qu’un hôtel pour les chauffeurs, une station de lavage, un garage, un magasin de souvenirs locaux, un parking pour camping-cars, des distributeurs de billets et même un héliport. Actuellement, on sélectionne les investisseurs par le biais d’appels d’offres – le montant de l’investissement dans chaque ZMF s’élèvera à 4,2 – 5,2 millions d’euros (200-250 millions de roubles). Les investisseurs pourront bénéficier d’avantages fiscaux pendant cinq ans (notamment, une exonération des impôts fonciers) ainsi que de subventions versées par le budget fédéral. L’État remboursera les frais d’installation des communications ainsi que les intérêts bancaires.
Premier succès
Les infrastructures routières seront développées par l’État, mais aussi par les acteurs du marché – propriétaires de stations-service et détaillants. La demande des consommateurs pour les accessoires et autres fournitures est en pleine croissance. Il y a quatre ans à peine, seules les chaînes internationales, telles que BP, parvenaient à rentabiliser les magasins connexes aux stations-service. Les propriétaires russes de stations-service préféraient louer les locaux disponibles. Toutefois, la situation a changé.
« Les sociétés pétrolières russes ont été confrontées à une baisse de rentabilité de l’activité principale, ce qui les a poussés à rechercher de nouvelles sources de revenus », explique le directeur général d’INFOline-Analitika Mikhaïl Bourmistrov. En conséquence, les sociétés pétrolières se sont séparées de leurs locataires et ont pris les choses en main. Le développement de la nouvelle stratégie impliquant le renforcement du rôle des stations-service et le développement du commerce des produits connexes est motivé par les rythmes de croissance du secteur : les revenus augmentent plus rapidement que ceux de l’activité principale. Ainsi, en 2013, le chiffre d’affaires de Gazprom Neft en produits « complémentaires » a crû de 44% pour atteindre 225 millions d’euros (10,6 milliards de roubles). Cette année, rien qu’au premier semestre, Gazprom Neft a réalisé un chiffre d’affaires de 132 millions d’euros (6,2 milliards de roubles).
Un autre acteur majeur, Rosneft, affiche un taux de croissance de 31% pour les produits complémentaires à l’issue du premier semestre 2014. Les stations-service de Lukoil dans la région Centre de la Russie affichent une croissance de 10% pour les produits connexes. « Toutes les grandes chaînes de stations-service en Russie développent rapidement ce domaine d’activité », explique Mikhaïl Bourmistrov. Il estime que ce secteur a un énorme potentiel. « Pour le moment, les produits connexes ne rapportent que 10% de bénéfices des stations-service russes, alors qu’à l’étranger, leur part varie entre 30 et 70% », souligne Bourmistrov. Le spécialiste explique que les stations-service ont l’avantage de disposer d’un trafic constant de clients avec des revenus assez élevés.
L’expert estime également que l’un des moyens efficaces de monétiser le trafic est de lancer sa propre ligne de produits à destination des automobilistes, comme par exemple, préparer le liquide lave-glace – l’un des produits les plus demandés dans les magasins des stations-service. Pour le moment, seules deux entreprises exploitent ce filon avec succès. L’une d’entre elles, Trassa, est installée à Moscou. Elle a créé une marque unique pour ses stations-service qui propose aux clients sa propre restauration et ses produits dans ses boutiques. Une autre société exploite le même modèle à Saint-Pétersbourg.
L’afflux permanent de clients séduit également les représentants des chaînes de détail. La chaîne de magasins Magnit, qui fait partie du Top-5 des détaillants russes, mène actuellement des négociations avec une compagnie pétrolière afin d'ouvrir des points de vente dans les stations-service. Par ailleurs, certaines chaînes de restauration – le café Selfway et le fast-food Burger King – ont exprimé leur intérêt à l’égard des stations-service, explique Alina Oganessian, consultant chez Magasin des magasins. « Le modèle café – stations essence est le plus rentable », explique Oganessian. « Ses délais sont réduits de 20-30% ».
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