L'Annuaire Russie 2014 de l'observatoire franco-russe : une somme plus utile que prévu

Crédit : service de presse

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Publier une somme colossale sur la Russie et les perspectives des échanges franco-russes, au moment où tout change en raison de la situation internationale et l'acharnement occidental pour diaboliser ce pays, peut apparaître comme un défi.

D'abord parce que les données recueillies « avant » les sanctions risquent l'obsolescence, ensuite parce que des lecteurs potentiels, trop attachés à certaines gazettes, peuvent craindre de s'aventurer sur un terrain devenu politiquement incorrect…

Un des objectifs clairement affiché de cette publication de l'Observatoire franco-russe, dirigé par Arnaud Dubien et créé en 2012 par le Conseil économique de la Chambre de Commerce et d'Industrie franco-russe (CCIFR) est d'être un guide de réflexion et d'information pondéré pour les milieux d'affaires.

Personne ne peut dire comment les choses évolueront. Mais pour tous ceux qui veulent justement comprendre les évolutions récentes de la Russie et des relations franco-russes, hors des brûlots polémiques issus de l'actuelle guerre de l'information, c'est là un usuel indispensable.

L'étude, qui a réuni de nombreux auteurs français et russes parmi les meilleurs chercheurs sur la Russie, peut donner des clés bien utiles à chacun dans sa branche d'activité ou d'intérêt.

L'ouvrage procède par articles traitant des angles indispensables ou parfois originaux au sein de grands chapitres : l'économie, la politique intérieure et l'évolution de la société, le développement régional, la politique étrangère et la défense et toute une partie diverse sur les relations franco-russes aujourd'hui et hier, avec notamment un article sur l'épisode oublié de l'activité diplomatique du tsar Alexandre Ier à Paris, il y a exactement deux cents ans.

Le fil conducteur de l'analyse conjoncturelle est l'essouflement de l'économie russe ces deux dernières années, stupidement célébré et souvent exagéré, dans le cadre des attaques systèmatiques actuelles contre la Russie, en oubliant que ce ralentissement est pour une part dû à la quasi-recession de l'Union européenne, principal partenaire de la Russie malgré l'importance prise maintenant par la Chine.

Plus grave : la croissance potentielle que devrait connaître le pays, compte tenu des bons résultats d'ensemble depuis 2000, souffre du manque d'investissements productifs et les capacités utiles de production ne peuvent répondre à la hausse de la demande.

Car les revenus ont continué à croître plus vite que la productivité, au grand dam de certains économistes russes, et le pays atteint, selon les régions, presque le plein emploi.

Jusqu'à présent, les hausses de prix et les importations y palliaient, dans un schéma assez typique d'économie de rente. Avec les sanctions occidentales et les réponses russes, si le phénomène se prolonge, l'incitation à l'investissement productif, protégé de facto, peut contribuer à lever la malédiction russe de l'insuffisance d'investissements dans l'économie réelle.

Après toute une partie complète et nuancée sur l'énergie, l'ouvrage présente un bilan plus nuancé sur le commerce extérieur. Bien que tributaire de sa caractéristique d'exportateur de matière première notamment énergétique, il n'a pas été mauvais et s'est quelque peu diversifié et réorienté vers l'Asie, au dépend de la CEI (notamment l'Ukraine) et de l'Union européenne. Une tendance qui risque de s'accentuer.

Les échanges franco-russes sont éclairés particulièrement : pour les deux pays, le commerce bilatéral représente un enjeu majeur. La France est le 2ème ou 3ème fournisseur européen de la Russie, selon les années.

Mais les investissements directs (IDE) dans les économies devraient être essentiels pour maintenir un bon niveau d'échanges malgré la récession en zone euro et l'essouflement en Russie.

Avec des investissements de 12 milliards d'euros en stock, la France a investi en Russie dix fois plus que cette dernière en France. Jusqu'aux sanctions récentes, la volonté réciproque existait d'accroître ces investissements russes qui ont déjà contribué à la création d'emplois avec notamment la reprise de la fonderie Sambre et Meuse et de Gefco (logistique industrielle) depuis 2010.

La coopération spatiale, discrète, est pourtant fondamentale : Soyouz est aussi lancé de Guyane et c'est grâce à Soyouz que les cosmonautes, astronautes et spationautes se rendent dans la station internationale.

Volontairement réduit dans ce compte-rendu, le chapitre sur la politique étrangère et la défense mérite une lecture attentive de tous ceux qui suivent l'actualité : la réorientation vers l'Asie, les espoirs russes dans les BRICS et le retour de la diplomatie russe au Moyen-Orient sont traités et permettent une analyse sereine, loin des anathèmes actuels de nos gazettes.

Russie 2014 : regards de l'observatoire franco-russe ed. Cherche midi 95 Euros TTC  

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