Dmitri Medvedev : « Nous ne souhaitons aucune rupture, nous aimerions que MasterCard et Visa poursuivent leur activité sur le territoire de la Fédération de Russie ». Crédit : Ekaterina Chtoukina/RIA Novosti
Systèmes utiles
Le Premier ministre Dmitri Medvedev a déclaré que les autorités russes souhaiteraient que les systèmes de paiement Visa et MasterCard poursuivent leur activité dans le pays. « Nous ne souhaitons aucune rupture, nous aimerions que MasterCard et Visa poursuivent leur activité sur le territoire de la Fédération de Russie. Toutefois, ils doivent respecter leurs engagements non vis-à-vis de la Russie, mais vis-à-vis des clients concrets qui utilisent leurs cartes », a déclaré le Premier ministre russe dans un entretien avec Bloomberg TV. Il estime que ces engagements n’ont pas été respectés lorsque les systèmes de paiement ont refusé de servir les cartes émises par les banques visées par les sanctions américaines. « Nous ne pouvons abandonner ces systèmes, car plus de 90% des utilisateurs des systèmes de paiement travaillent avec eux », a, à son tour, annoncé le ministre des Finances Anton Silouanov à l’agence de presse russe Interfax. Il pense que les systèmes de paiement Visa et MasterCard poursuivront leur activité en Russie.
Les déclarations des membres du cabinet russe viennent répondre à l’annonce officielle du système de paiement Visa. Lors de son intervention auprès des investisseurs à Boston, le PDG de la société Charlie Scharf a déclaré que le système de paiement ne poursuivra pas son activité sur le marché russe à cause des nouvelles règles. Celles-ci exigent que les systèmes de paiement placent un dépôt de garantie équivalent à deux journées de chiffre d’affaires en Russie auprès de la Banque centrale. Ce dépôt garantirait le respect de leurs engagements. Si un système de paiement refuse de servir les cartes bancaires d’une banque particulière, il pourrait s’exposer à une amende correspondant à 10% du dépôt de garantie. Charlie Scharf estime que les exigences du gouvernement russe « dépassent les limites » de ce que la société serait prête à faire. Il a souligné que Visa poursuit les négociations pour alléger les exigences et espère que celles-ci seront couronnées de succès. « Nous espérons trouver une autre solution que juste attendre le 1er juillet pour ensuite dire que nous ne sommes pas prêts à poursuivre notre activité », a-t-il dit. Selon l’une de nos sources dans une grande banque russe, l’abandon éventuel du marché russe par Visa serait très douloureux, car la société a beaucoup investi dans son développement.
La réaction de MasterCard est, pour le moment, plus réservée. « Nous continuons à étudier tous les éléments de la nouvelle loi et sommes convaincus que certaines dispositions de cette loi pourraient non seulement sérieusement entraver notre activité en Russie, mais également nuire au marché russe des paiements électroniques à long terme », annonce le communiqué publié par le service de presse du groupe.
Principaux obstacles
Certaines exigences à l’égard des systèmes de paiement en Russie entrent en vigueur le 1er juillet, mais le délai pourrait être reporté au 1er octobre – les négociations sont toujours en cours. « Nous avons rencontré la Banque centrale, le ministère des Finances et attendons des clarifications », a récemment déclaré le directeur de MasterCard Ajay Banga. Toutefois, MasterCard s’apprête déjà à considérablement réduire le nombre de ses employés en Russie si la situation évolue selon le scénario le moins favorable, assurent les sources du quotidien fédéral Kommersant. Selon leurs informations, les difficultés que rencontrent les systèmes de paiement pourraient être utilisées par le gouvernement comme levier de pression dans un autre processus de négociations – celles qui portent sur le respect de la loi américaine FATCA par les banques russes. Cette loi exige que les organismes financiers fournissent au service fiscal américain des informations sur les comptes des contribuables américains et servent comme agents de prélèvement d’impôts. Les accords correspondants devaient être signés par les gouvernements russe et américain au printemps 2014, mais les négociations ont été interrompues sur fond de tensions au sujet de la crise en Ukraine. L’heureuse coïncidence veut que la loi américaine entre en vigueur le même jour que les règles modifiées sur les systèmes de paiement en Russie, le 1er juillet 2014.
Selon les informations du quotidien Kommersant, il est possible qu’en échange d’allègements par la Russie des règles concernant les systèmes de paiement internationaux, les Etats-Unis reviendraient à la signature de l’accord intergouvernemental sur la FATCA. Toutefois, l’éventualité d’un tel échange n’est pas encore officiellement confirmée. « Cela n’est pas vrai », a annoncé l’attaché de presse du chef de l’Etat Dmitry Peskov. En outre, le Comité de sécurité de la chambre basse du Parlement russe, la Douma, a conseillé de ne pas adopter le projet de loi qui permettrait aux organismes financiers de répondre aux exigences de la FATCA. Le Comité estime que l’accord avec les Etats-Unis violerait « le régime de protection du secret national » et «porterait atteinte à la sécurité nationale ». Toutefois, les banques russes, qui disposent d’un lobby puissant, soutiennent les systèmes de paiement internationaux et l’accélération des négociations sur la FATCA. Parmi eux, le directeur de la plus grande banque russe Sberbank German Gref qui a dirigé le ministère du Développement économique pendant de nombreuses années.
Sources : RBC Daily, Kommersant.ru
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