Un nouveau tour de pourparlers sur le gaz entre la Russie et l’Ukraine aura lieu à Berlin le 19 mai. Crédit : AP
Décision irrévocable
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La situation est complexe, car c’est par le territoire ukrainien que transite la majeure partie du gaz que la Russie livre à l’Europe. Aussi, selon l’un des principaux experts de Finam Management Dmitri Baranov, « si l’Ukraine ne règle pas son gaz, une partie du gaz de transit pourrait être retenue, chose que l’Europe risque de ne pas apprécier ». Cela s’est déjà produit en janvier 2006, quand l’Ukraine, qui n’avait pas réglé son gaz, a commencé à prélever une partie du combustible destiné à l’Europe. La partie ukrainienne a officiellement affirmé avoir été contrainte de procéder au prélèvement du gaz. Selon le codirecteur du centre analytique Investcafé Grigory Birg, la probabilité que l’Ukraine continue à régler les factures de gaz avec du retard et partiellement reste très élevée. « Ceci est suggéré par la situation politique instable et la crise économique dans le pays », explique l’expert.
Il y a de l’argent
La partie russe estime que l’Ukraine a les moyens de régler le gaz. « Ils ont de l’argent, l’Ukraine a déjà obtenu un crédit, celui-ci peut être utilisé pour le paiement du gaz », explique Ivan Kapitonov, professeur adjoint du département de réglementation économique gouvernementale à l’Académie russe d’économie nationale et d’administration publique auprès du président russe. Il estime que « la Russie aurait pu passer au prépaiement dès avril, mais ne l’a pas fait, ce qui a poussé la situation jusqu’à l'absurde ; ce n’est que maintenant qu’elle utilise son droit ». Début mai, le conseil des gouverneurs du FMI a approuvé une ligne de crédit de 12,4 milliards d'euros pour l’Ukraine, la première tranche de 2,3 milliards a déjà été versée à Kiev. Cette somme pourrait couvrir la majeure partie de la dette ukrainienne auprès de Gazprom.
Igor Dydenko, ministre adjoint de l’Energie et du Charbon de l’Ukraine, a déclaré que l'ukrainien Neftogaz était prêt à rembourser 4 milliards de dette avant fin mai. Toutefois, a-t-il dit, l’Ukraine ne paiera son gaz que 268,5 dollars (195,9 euros) les 1000 m3, et non 485 (354 euros) comme le réclame Gazprom. Gazprom accordait ce tarif préférentiel à l’Ukraine compte tenu de deux ristournes : l’octroi d’un crédit début 2014 et le paiement pour l’hébergement de la flotte de la mer Noire en Crimée. La première réduction a été annulée après le début du conflit russo-ukrainien, puis le rattachement de la Crimée à la Russie a mis fin aux paiements pour l’hébergement de la flotte. Aussi, le prix du gaz a augmenté, ce que la partie ukrainienne refuse de l’accepter.
Un nouveau tour de pourparlers sur le gaz entre la Russie et l’Ukraine aura lieu à Berlin le 19 mai, avec la médiation du commissaire européen à l’énergie Günther Oettinger. Ce dernier a déclaré qu’afin d’éviter toute rupture d’approvisionnement, un tarif temporaire du gaz pour l’Ukraine pourrait être établi d’ici fin mai. En outre, le commissaire européen a annoncé que les parties poursuivraient les négociations même en cas de suspension des livraisons. Dans le pire des cas, la question pourrait être étudiée par la cour d’arbitrage de Stockholm.
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