Top-5 des entreprises russes sous-évaluées

Les livraisons du pétrole russe sur de nouveaux marchés dépendent bien de Transneft. Crédit : Reuters

Les livraisons du pétrole russe sur de nouveaux marchés dépendent bien de Transneft. Crédit : Reuters

Les entreprises russes sont traditionnellement sous-évaluées par le marché. A la suite de la crise en Ukraine et des sanctions américaines et européennes, leurs actions ont chuté davantage. Généralement, la valeur des acteurs russes est 2,5 fois moins importante que celle des Brésiliens, alors que les actions de la principale holding gazière Gazprom sont négociées au minimum 4,5 fois en dessous de leur valeur potentielle.

Situation générale

L’un des moyens de déterminer la valeur « juste » d’une société est le ratio entre sa capitalisation boursière (la valeur de toutes les actions) et de son bénéfice annuel - cet indice montre à quel point une société est sous-évaluée par le marché. Ce paramètre est utilisé par les investisseurs internationaux pour déterminer les sociétés dont la valeur pourrait croître considérablement à l’avenir et qui pourraient ainsi devenir profitables. Aussi, les titres qui composent le principal indice russe MMVB sont négociés, en moyenne, à hauteur de cinq fois le bénéfice annuel. A titre de comparaison, en Turquie l’indice équivalent s’élève à 9.4, en Pologne à 12.5, et au Brésil - à 13.1. Aussi, les sociétés russes, en moyenne, sont notées 2,5 fois moins bien que les sociétés brésiliennes.

« La raison de la sous-évaluation de nombreuses sociétés russes n’est pas tellement l’absence de perspectives de croissance ou  la détérioration significative des perspectives de développement, comme sur de nombreux autres marchés. Les investisseurs sont plus inquiets quant à la gouvernance des entreprises et la protection insuffisante des actionnaires minoritaires, explique l’analyste d’Investcafé Timur Nigmatulline. Par ailleurs, plusieurs sociétés russes affichent un ratio entre la capitalisation et le bénéfice largement supérieur à leurs homologues étrangers. D’après les estimations de la holding d’investissement Finam, le leader est le principal producteur de nickel au monde Norilsk Nickel ». La capitalisation de cette société atteint 41,7 bénéfices annuels : un record absolu pour le marché russe. Les taux les plus bas, paradoxalement, sont affichés principalement par les principaux géants du gaz et du pétrole.

La liste des outsiders

D’après les estimations de Finam, la société russe la plus sous-évaluée est Transneft, spécialisée en construction et exploitation de pipelines. La capitalisation de la société s’élève à 126 milliards de roubles (soit 3,5 milliards de dollars ou 2,52 milliards d’euros), soit à peine 0,8 de son bénéfice annuel. Toutes les actions simples appartiennent à l’Etat, seuls 3,1% de ces titres devraient être vendus d’ici 2016. Toutefois, sur fond de sanctions et de la situation géopolitique instable, la privatisation pourrait facilement être repoussée pour une durée indéterminée. Cependant, les livraisons du pétrole russe sur de nouveaux marchés, au premier lieu en Chine et au Japon où la Russie espère trouver les futurs consommateurs de ses ressources énergétiques, dépendent bien de Transneft.

La deuxième société russe la plus sous-évaluée est le géant gazier Gazprom qui assure 40% de tous les approvisionnements en gaz de l’Union européenne. La société est évaluée à 2,999 trillions de roubles (83,7 milliards de dollaurs ou 60,3 milliards d'euros), soit l’équivalent de 2,7 fois le montant de bénéfices annuels. En même temps, les actions de Gazprom sont les titres les plus populaires auprès des étrangers qui investissent en Russie. A l’heure actuelle, les investisseurs ont peur d’investir dans Gazprom, notamment, à cause de l’instabilité politique en Ukraine. C’est par le territoire de ce pays que transite une grande partie du gaz que Gazprom livre en Europe. Aussi, depuis le début de l’année, le cours des actions de Gazprom a chuté de plus de 10%, et de 65% depuis mai 2008. A titre de comparaison, le seul concurrent important de Gazprom en Russie, la société privée Novatek, affiche au ratio de capitalisation au bénéfice annuel de 12,4. Aussi, le cours des titres de Gazprom pourrait être multiplié au minimum par 4,5.

La troisième place honorable des sociétés sous-évaluées revient à la société pétrolière russe privée Lukoil, son actionnaire majoritaire étant l’ex-ministre adjoint de l’industrie gazière et pétrolière de l’URSS Vagit Alekperov. Actuellement, la capitalisation de la société atteint les 1,579 trillons de roubles ($44 milliards ou bien 31,7 milliards d’euros), soit l’équivalent de trois bénéfices annuels. La société extrait, par ailleurs, 16,3% de tout le pétrole russe, et pense régulièrement à verser les dividendes. En quatrième position, l’on retrouve Surgutneftegaz, la société russe la plus fermée. Longtemps, les rumeurs donnaient le président russe Vladimir Poutine comme l’un de ses bénéficiaires supposés, mais ces rumeurs ne se sont jamais confirmées. D’après Finam, la capitalisation de la société atteint les 1,077 trillion de roubles ($30 milliards, 21,6 milliards d’euros), pourtant cela n’équivaut que 3,6 fois son bénéfice annuel. La société peut intéresser les investisseurs avant tout par le fait qu’elle ne dispose pas d’actifs étrangers, aussi les sanctions contre les acteurs russes ne peuvent l’atteindre.

Enfin, le dernier du Top-5 des sociétés les plus sous-évaluées au monde est la société publique d’extraction de pétrole appartenant au gouvernement russe, Rosneft. Actuellement, la société vaut seulement 2,394 trillions de roubles (6,87 milliards de dollairs ou 48,2 milliards d’euros), soit 4,3 fois son bénéfice annuel. La société a beaucoup souffert des sanctions imposées par le gouvernement américain : son président, l’ex-Premier ministre Igor Setchine fait partie de la « liste noire » des Etats-Unis. Toutefois, Finam souligne qu’une fois que la situation autour des sanctions disparaîtra et les investisseurs reviendront sur le marché russe, ils seront susceptibles de s’intéresser à Rosneft précisément. La clé de la prospérité de la société est l’immense fortune d’Igor Setchine, un allié proche de Poutine. En outre, Rosneft a un investisseur stratégique : la société britannique BP, qui possède 19,75% d’actions de Rosneft. Le géant britannique a tout intérêt à ce que le pétrole russe puisse accéder au marché mondial sans entraves.

 

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