Crédit : Shutterstock
En raison de l'adoption par la Russie de la loi controversée interdisant la « propagande homosexuelle » auprès des mineurs, le groupe russe SPI Group de l'entrepreneur Iouri Schefler – producteur de la vodka Stolichnaya – est devenu l'un des premiers supporteurs de la communauté LGBT russe. Suite à un boycott de la marque, lancé aux États-Unis et dans plusieurs pays européens après l'entrée en vigueur de la loi, la société a octroyé près de 220 000 euros à l'organisation américaine Los Angeles Gay and Lesbian Center, avant de débloquer encore 110 000 euros pour le fonds russe Russian Freedom, qui soutient les activistes LGBT en Russie.
« Nous espérons que les 150 000 dollars que nous débloquerons au cours des deux prochaines années permettront d'aboutir à quelques changements positifs dans la vie des gens qui font aujourd'hui l'objet de discrimination et de harcèlement », stipule le communiqué du PDG de SPI Group USA John Esposito.
représente un groupe de compagnies international, engagé principalement dans la production de boissons alcoolisées. Russe par son origine, SPI Group comprend des compagnies enregistrées dans plusieurs autres pays.
Le fonds Russian Freedom a été créé aux États-Unis à l'automne 2013 sous l'égide de Arcus Foundation, organisme de bienfaisance majeur, dédié au soutien des homosexuels dans le monde entier et à la protection des hominidés. Arcus Foundation a été fondé par le milliardaire américain Jon Stryker, chef de Stryker Corporation, gros producteur d'équipement médical.
D'après le site web de crowdsourcing crowdrise.com, Russian Freedom a réussi à collecter près de 77 460 euros. Les représentants de l'organisation disent que les fonds seront transférés « immédiatement et directement » aux organisations et activistes LGBT russes et utilisés pour mener la lutte pour les droits des minorités.
La loi prévoyant des sanctions contre les personnes morales ou physiques menant « la propagande homosexuelle » devant les mineurs a été adoptée par la Douma (chambre basse du parlement russe) le 11 juin 2013. La loi prévoit des amendes allant de 84 à 105 euros pour les personnes physiques, de 842 à 1 053 euros pour les fonctionnaires et de 16 855 à 21 069 euros pour les sociétés.
Ces dons importants au mouvement LGBT de la part du producteur de Stolichnaya ne sont pas inattendus. L'été dernier, l'organisation américaine Queer Nation avait lancé un boycott de la vodka russe, soutenu par de nombreux bars, restaurants et boîtes de nuit à travers le monde. Le boycott avait pour but de protester contre la loi interdisant la « propagande homosexuelle » devant les mineurs, adoptée par Moscou, ainsi que contre la condamnation de plusieurs activistes LGBT entreprise en application de cette nouvelle loi.
D'après Marco Ferrari, directeur de marketing de SPI Group, le boycott n'a pas eu d'impact sur les revenus de la société. Cependant, les données officielles sur la production de la vodka par l'entreprise et son chiffre d'affaires en 2013 seront publiées plus tard.
Quant au mouvement LGBT russe, les activistes ne sont pas unanimes en ce qui concerne leur attitude vis-à-vis du financement depuis l'étranger. Konstantin Iablotski, président de la Fédération russe du sport LGBT qui organisent des épreuves sportives pour les homosexuels, a dévoilé dans une interview qu'il avait entendu parler du fonds Russian Freedom et n'a pas exclu que sa fédération puisse le contacter pour obtenir un financement. D'après M. Iablotski, son organisation n'a pas réussi à obtenir le soutien de la part des organisations russes qui distribuent des subventions gouvenementales parmi les ONG du pays.
L'activiste LGBT russe Nikolaï Alexeev est pour sa part plutôt sceptique quant à la possibilité d'obtenir le soutien des fonds occidentaux par les organisations LGBT russes. D'après lui, plusieurs centaines de milliers de dollars ont déjà été collectés par divers fonds occidentaux pour soutenir les ONG russes, mais ces dernières n'ont pas encore reçu cet argent.
« En Russie, il n'y a pas de but pour utiliser cet argent. Tout sera dépensé pour payer des salaires et louer des bureaux », a-t-il déclaré.
D'après M. Alexeev, au début des années 1990, les ONG LGBT russes bénéficaient du financement de l'Occident, mais les fonds ont été « volés » et dépensés notamment pour lancer des bars gay commerciaux.
Texte intégral (en russe) publié sur le site de RBC Daily
Réagissez à cet article en tweetant @larussie #gay
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.