Le projet ITER face aux écueils qui perturbent la tenue du calendrier

Le projet porte sur les technologies relatives à la fusion nucléaire. Crédit : AFP / East News

Le projet porte sur les technologies relatives à la fusion nucléaire. Crédit : AFP / East News

Le dernier Conseil du projet, qui a eu lieu fin novembre, confirme que le chantier de Cadarache auquel participent sept grands acteurs internationaux se heurte à un défi technologique.

Les problèmes rencontrés nécessitent la stricte exécution des engagements pris par les différents membres du projet. Il ne s’agit pas seulement de l’aspect financier du chantier (le budget atteint désormais les 15 milliards d’euros), mais également des délais prévus pour la production, la vérification et la livraison de ces équipements hors du commun sur le site de Cadarache (sud de la France). Comme l’a affirmé le bureau russe de l’ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor), les questions de gouvernance du projet ont été âprement débattues lors du dernier Conseil. Les participants se sont accordés sur les conclusions d’une expertise indépendante selon laquelle l’ambitieuse entreprise connaît actuellement une accumulation de défis, notamment ceux liés au dépassement des échéances.

Selon des accords pris précédemment, le lancement de l’ITER était prévu pour 2019. Aujourd’hui, sa réalisation est envisagée pour 2020, son fonctionnement effectif et continu pour 2027. Afin de rattraper leur retard, les partenaires se sont entendus sur la définition d’un plan d’action commun qui devra entrer en vigueur début février 2014, lors du prochain Conseil de l’ITER.

Souvenons-nous que cette collaboration internationale repose sur sept acteurs principaux : l’Union européenne, la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, la Russie et les États-Unis. De par son envergure, elle s’apparente aux projets de la Station spatiale internationale et du Grand collisionneur de hadrons.

Cet automne, on a appris que la construction de la partie clé de l’ITER – la chambre torique – a été confiée à la société japonaise « Mitsubishi Heavy Industries ». La chambre torique, ou « tokamak », permet de confiner des champs magnétiques afin de contrôler un plasma qui, à son tour, sera en mesure de produire de l’énergie nucléaire. Selon le plan prévu, la construction en acier, qui prend la forme d’un D, devrait atteindre 14 mètres et peser 300 tonnes.

Lors de la réunion du Conseil fin novembre, une importante décision technique au sujet du tokamak de l’ITER a été prise grâce aux travaux de chercheurs russes du centre Efremov et des expériences menées à l’aide du tokamak JET (Joint European Torus). L’essentiel de ces conclusions se résume au fait que, dès sa première utilisation, le tokamak de l’ITER ne doit pouvoir fonctionner qu’avec un alliage en tungstène, et non pas avec un autre en fibre carbone qui, par conséquent, est supposé être remplacé lors du deuxième stade du projet. Selon l’avis général, cette mesure permettra d’économiser des moyens qui seront ainsi utiles à la solution d’autres problèmes.

Car les défis sont plus que considérables. Selon les membres du projet, la réussite d’un tel réacteur permettrait de disposer d’une source d’énergie propre et inépuisable. L’objectif final de l’ITER serait de multiplier par dix l’énergie investie et de produire moins de déchets. Anatoli Krassilnikov, directeur de l’agence russe dédiée au projet, souligne que dans les années 90, les investissements en matière de réacteurs expérimentaux provenaient surtout des États-Unis et de la Grande Bretagne. Toutefois, les rendements n’atteignaient, dans le premier et dans le second cas, que 25 et 67% des moyens investis. « La grande finalité de l’ITER, affirme Krassilnikov, ce serait de décupler la valeur des moyens investis ».

L’engagement de la Russie, en tant que pays membre du projet ITER, prévoit la fabrication et la livraison de 21 composants de haute technologie. L’exécution de ces commandes mobilisera plus de trente centres de recherche et entreprises de pointe du pays.

En ce qui concerne la participation financière de la Russie, elle a augmenté en 2013 de 12% par rapport à l’année précédente et atteint 1,25 milliard d’euros.

 

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