Crédit photo : Maria Afonina
Hakob Hakobyan, un jeune entrepreneur de 24 ans, est en pourparlers pour la création d’un Cognac Club dans la proche banlieue de Moscou. En 2014, les grandes marques de cognac, ainsi qu’une grande collection de whiskys et de vins français devraient être présentés dans l’ancienne maison d’un chef d’armée soviétique, qui a souvent accueilli Staline. Un tel club a ouvert ses portes cet été à Cognac même, au Domaine de Châtenay.
C’est là, dans la propriété familiale, que Hakob, qui a fait des études financières à l’université de Londres, a consacré les deux dernières années à la création d’un lieu unique permettant de déguster et d’acheter tous les types de cognac sur le marché. Et c’est là qu’il nous reçoit.
En déambulant dans les salles fraîchement restaurées du château, le jeune homme raconte qu’au début des années 1990, sa famille a racheté une exploitation vinicole à Erevan, en Arménie.
« À l’époque, on ne fabriquait que du vin rouge, du vin blanc et des mousseux. Mon grand-père aimait beaucoup les cognacs français. En 1994, après la chute de l’URSS, il est venu à Cognac pour acheter un alambic charentais ». Et la famille Hakobyan a commencé à produire de l’eau-de-vie en Arménie.
« Mon grand-père disait toujours que ce n’était pas pour faire des affaires sur le moment : ce serait pour les petits-enfants, c’est-à-dire pour moi », explique Hakob non sans fierté.
Le grand-père est mort en 2000. En son honneur, la famille a commencé à fabriquer de l’eau-de-vie vendue aujourd’hui en Russie et dans quelques autres pays sous le nom de Frans.
« Mais mon grand-père a toujours rêvé d’avoir quelque chose à Cognac, poursuit Hakob. Il n’a pas vécu pour voir son rêve réalisé, mais en 2006 mon père a trouvé le domaine de Châtenay et décidé de l’acheter ».
Visite du rez-de-chaussée, ses salons, son restaurant et sa salle des fêtes baignée par le soleil, puis Hakob nous montre au deuxième étage le cœur du Domaine – le Cognac Club, où « 110 producteurs sont représentés » et où il « va en attirer encore autant d’ici un an ». En tout, les producteurs de cognac sont plus de 300 dans la région.
Crédit photo : Maria Afonina
Le Cognac Club, tout de bois et de velours, impressionne par la diversité des marques et des bouteilles exposées : des monstres sacrés comme Rémy Martin ou Hennessy à de petites entreprises familiales comme Hardy ou Frapin. Le gérant du club et ses assistants aident le visiteur à s’y retrouver.
« Le Club Cognac dans le Château de Châtenay est une vitrine de qualité, cela ne peut que renforcer et véhiculer l’image de ce produit noble », dit Anne Coldebœuf, administrateur des ventes pour Cognac Frapin.
Le Domaine de Châtenay a donc été repris en 2007 par le père de Hakob, Hrayr Hakobyan, un entrepreneur russe d’origine arménienne, qui travaille dans l’aviation, la pêche et le tourisme. Il a confié la direction du domaine à son fils.
Restauré en quelques années, le château a ouvert ses portes aux touristes et amateurs de cognac il y a trois mois.
« Ma famille a investi une somme importante, 5 millions d’euros, dans ce projet, mais en fait l’investissement est encore plus grand : ma mère et ma sœur vivent à Paris, mon autre sœur et moi vivons à Cognac depuis deux ans, et mon frère fait ici des études d’œnologue », explique le jeune homme d’affaires.
Il y a cinq chambres d’hôtes au château. Chacune est décorée de façon originale et dans une gamme de couleurs différentes. Chaque chambre est parée d’une salle de bain au carrelage peint à la main en Arménie. Dans l’une d’elles, ce sont les portraits des rois de France qui ornent les murs.
Les repreneurs « ont gardé l’esprit du château, en ajoutant de la modernité avec raffinement et élégance », explique Marianne Soupé, la propriétaire de la marque de cognac Sylvelune.
Les vitraux représentant les anciens propriétaires du domaine ont été conservés et la chapelle accueille désormais des cérémonies de mariage (la première depuis la réouverture a eu lieu fin septembre).
Outre la France et la Russie, Hakob Hakobyan compte ouvrir des Cognac Clubs en Belgique, Grande-Bretagne, Suède, Suisse et Chine : « C’est un bon moyen pour les producteurs, surtout les moyens et les petits, d’entrer sur de nouveaux marchés, assez inaccessibles individuellement ».
Sous les murs du château, des vignes. Mais on ne produit pas de cognac ici. Toute la production sert à la distillation d’une eau-de-vie conservée pour la descendance.
Édifié au XVIème siècle, le château est le fief de Louis de Savoie. Il est ensuite passé dans la famille des Valois, dont le membre le plus connu est François Ier. Crédit photo : Maria Afonina | |
Le château abrite un restaurant gastronomique, où travaille le chef Christophe Roumagne. La carte est renouvelée tous les quatre mois. Les légumes proviennent du potager du domaine. Crédit photo : Maria Afonina | |
En juillet dernier, le château a accueilli 3 500 personnes lors de la dernière journée du festival Cognac Blues Passions. En 2014, il sera ouvert au public tous les jours de la manifestation. Crédit photo : Service de presse |
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