Igor Nikonov et Maria Lopoukhova. Crédir photo : Alexandre Outkine / RIA Novosti
« Attendez un peu, Igor vient tout de suite ». Une jeune femme mince à lunettes se détache de l’écran de l’ordinateur et plonge dans un grand livre placé devant elle.
De temps en temps, les clients et les vendeurs s’approchent de sa table : ils demandent de recharger leurs iPhones, de retirer une robe d’un portemanteau ou d’ouvrir un pot pour les visiteurs portant une inscription « Servez-vous des biscuits ».
Les étagères sont remplies de divers bibelots : sacs tricotés, étuis pour smartphones, T-shirts, bougies, bijoux à perles, livres...
Critique cinématographique diplômé, Maria Lopoukhova travaille ici sept jours sur sept. « Je cherchais un travail dans mon domaine, mais j’ai trouvé une boutique », dit-elle.
Igor Nikonov, mari de Maria, travaille comme architecte paysagiste dans un bureau situé non loin de la boutique. Les jeunes mariés ont eu l’idée de créer leur petit magasin lors d'un voyage en Finlande.
« Nous avons vu une boutique similaire – on vendait toutes sortes d'objets - des jouets, des cassettes audio, du savon... Nous avons pensé d’abord que c’était un magasin de seconde main. Mais ensuite une jeune femme est venue prendre tous ces biens, et repartie avec. Nous avons alors compris que c'était une boutique où des artisans exposent leurs bijoux ».
En déménageant d’un appartement à un autre, les jeunes se sont décidés à ouvrir une boutique pareille – il s’est avéré qu’ils avaient beaucoup de choses dont ils ne faisaient plus usage.
Alors, le couple a loué une pièce de 26 m2 sur la foire d’art ArtPlay. La restauration de l'endroit leur a coûté quelque 6 250 euros, la moitié des étagères ayant été offertes aux entrepreneurs par leur ami.
C’est qui, le vendeur ?
Toute personne peut louer une étagère dans la boutique. Il est à noter quand même que les fondateurs ont été obligés d’instaurer des tarifs différents : si vous êtes un entrepreneur professionnel, vous devez payer 12,3 euros par jour, sinon le tarif est de 7,4 euros.
« Nous voulions que les biens proposés soient du bric-à-brac », explique Maria Lopoukhova. D’après elle, 20% des locataires sont des artisans professionnels, 10% sont d’autres boutiquiers qui font la publicité de leurs produits, et le reste sont des amateurs.
« Voici, par exemple, l’étagère d’une anesthésiste », dit avec fierté Igor, en nous montrant une étagère portant des boucles d’oreilles faits à la main.
« Quand elle vient chez nous, elle dit toujours : « J’ai eu tant d’opérations aujourd’hui, c’est horrible... ». Il me plaît d'imaginer qu’elle voit d’abord toutes sortes d’horreurs durant des interventions chirurgicales, et puis elle vient ici confectionner des boucles d'oreilles. En général, la plupart de nos locataires et de nos visiteurs sont un peu bizarres, ce qui est bien ».
C’est quoi, le produit
Des couples visitent souvent la boutique familiale d’Igor et de Maria – eux aussi, ils veulent se débarrasser de leur camelote.
« Une fois, nous avons accueilli un homme et son épouse, qui sont venus avec un gigantesque pot à bière en bronze allemand, avec une couverture très sophistiquée... Mais le mari a dit : « Non, nous ne pouvons pas le vendre », bien qu’elle ait déjà mis une étiquette de prix, c’était juste 0,25 euro », raconte Igor, en rigolant.
Malheureusement, il n’y a pas beaucoup de choses pour hommes dans la boutique.
« Sauf une Playstation, il n’y a presque rien. Les derniers objets que j’ai achetés moi-même, c’était une cuisinière touristique rétro et un éthylotest à 5 euros, car il coûte en ligne près de 25 euros. Mais en général, nos clients sont des femmes qui vendent plutôt des objets pour femmes ».
Certains locataires vendent leurs biens même si ce n’est pas rentable. « Comme ici », dit le patron en montrant une des étagères.
« Des verres à 25 centimes chacun, 1,5 euro pour l’ensemble. C’est-à-dire, tous les biens exposés par cette jeune femme coûtent 7,4 euros, tandis que la rente est de 8,5 euros. Il y a beaucoup de gens comme elle, qui ne veulent pas se débarrasser de leurs biens pour rien, mais sont prêts à les offrir à ceux qui peuvent leur rendre au moins une partie de leur prix ».
Source : Moscovskie Novosti
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