Le russe Rosneft devient le plus grand producteur de pétrole mondial

Aujourd'hui, Rosneft a racheté deux parts de 50% de TNK-BP à BP et AAR. Crédit : Itar-Tass

Aujourd'hui, Rosneft a racheté deux parts de 50% de TNK-BP à BP et AAR. Crédit : Itar-Tass

La compagnie a annoncé la finalisation de son contrat sur le rachat de 100% de TNK-BP.

Rosneft a annoncé la finalisation de la transaction visant à acquérir 100% de TNK-BP. Pour les 50% de la société détenus par BP, Rosneft a payé 16,65 milliards de dollars et 12,84% de ses propres actions, ont annoncé les deux sociétés. Et pour la part d'AAR (Alfa Group – Access Industries – Renova), elle a déboursé 27,73 milliards de dollars, selon un communiqué de Rosneft. Ainsi, le montant des deux opérations s'élève à 44,38 milliards de dollars.

La création de TNK-BP, une coentreprise du britannique BP et du consortium AAR (Alfa Group – Access Industries – Renova), a été officiellement annoncée en juin 2003 à Londres. En présence de président russe Vladimir Poutine et du premier ministre britannique Tony Blair, un accord de partenariat a été signé par Mikhaïl Fridman d'Alfa Group et le directeur général de BP Lord John Brown. La société commune a commencé à fonctionner deux mois plus tard.

Toutefois, l'entreprise fêtera ses dix ans avec un nouveau propriétaire. Aujourd'hui, Rosneft a racheté deux parts de 50% de TNK-BP à BP et AAR. Rosneft a obtenu le feu vert de toutes les autorités de réglementation, y compris les autorités anti-monopole de Russie et d'Ukraine, ainsi que de la Commission européenne. BP recevra pour sa part de 17,1 milliards de dollars et 12,84% de Rosneft, et AAR 28 milliards de dollars. La compagnie publique versera aux actionnaires des deux compagnies environ 1 milliard de dollars d'intérêts courus depuis la fin de l'année dernière, lorsque les accords préliminaires ont été signés.

Une visite officielle du PDG de Rosneft Igor Setchine au siège de BP a eu lieu aujourd'hui à Londres. BP est devenu le deuxième plus grand actionnaire de Rosneft après l'Etat russe, avec une part de 19,75%.

La compagnie unifiée va produire environ 4 millions de barils par jour (206 millions de tonnes par an) – ce sera le plus grand volume au monde, et ses réserves atteindront 28 milliards de barils, indiquent les documents de la compagnie publique. Selon les estimations de Bank of America Merrill Lynch, les recettes de l'entreprise en 2013 seront de 160,2 millions de dollars, l'EBIDTA devant atteindre 32,9 milliards de dollars.

Rosneft a déjà créé un comité pour l'intégration de TNK-BP, processus qu'elle compte achever d'ici un an, a communiqué au journal d'entreprise le conseiller du PDG de Rosneft Arkady Samokhvalov. Après la transaction, les top-managers clés conduits par le Directeur exécutif Guerman Khan quitteront TNK-BP. La société sera dirigée par le premier vice-président de Rosneft Edouard Khoudaïnatov, qui dirige aujourd'hui le Comité de fusion, a déclaré une source proche d'un des vendeurs. Cette possibilité avait été évoquée plus tôt à Vedomosti par une source proche de la société d'État. En outre, les directeurs des départements clés de Rosneft les gèreront également au sein de TNK-BP, a souligné un représentant de la compagnie publique.

Il se peut que dans un avenir proche, TNK-BP cesse purement et simplement d'exister. Mais il sera difficile de gérer la compagnie unifiée sans intégrer TNK-BP Holding (dont environ 5% sont détenus par des actionnaires minoritaires, et le reste par TNK-BP Limited, acquise par Rosneft), prévient le chef du département analytique d'Otkrytie Kapitala, Aleksandre Bourgansky. TNK-BP Holding sera la plus grande filiale de Rosneft – elle représentera environ 40% de la production de la compagnie unifiée et environ 10 milliards de dollars de flux de trésorerie d'exploitation par an. En outre, plus de 4 milliards de dollars s'accumuleront dès à présent au bilan de l'entreprise, indique M. Bourgansky. L'argent peut être versé sous forme de dividendes. Mais à l'avenir, il vaudrait mieux passer à une action unique, rappelle M. Bourgansky. Pour les entreprises d'État, ce n'est pas difficile. Tous les anciens actifs de Ioukos sont depuis longtemps des filiales de Rosneft.

Mais dans l'ensemble, cette transaction provoquera une détérioration de la quasi-totalité des principaux indicateurs de Rosneft. A l'issue du rachat, les frais d'exploitation de l'entreprise d'Etat pour la production devraient passer de 2,9 à 3,7 dollars par baril, et le raffinage de 3,04 dollars à 3,17 dollars, car la majorité des gisements de TNK-BP sont presque épuisés, estime l'analyste de Solid Dmitri Loukachov. La part du raffinage pétrolier dans la compagnie unifiée diminuera de 48,5 à 45% (chez TNK-BP, ce chiffre n'était que de 40,1%). Mais le principal effet de la fusion devrait être la réduction des coûts administratifs et de gestion de TNK-BP, indique l'analyste. Par exemple, après l'acquisition de Sibnef par Gazprom, les dépenses de ce dernier avaient diminué de près de moitié (de 1,83 milliards de dollars en 2005 à 1,05 milliards de dollars en 2008). Enfin, en début d'année, le ratio net dette/EBITDA de Rosneft était de 1,2 : avec l'acquisition de TNK-BP, il atteindra 2,2, estime M. Loukachov. Ce ne sera non pas la conséquence des dettes de TNK-BP, mais des fonds substantiels dépensés par Rosneft pour la transaction (sa partie en numéraire sera d'environ 45 milliards de dollars), a-t-il dit.

Source : Vedomosti.ru

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