Forum économique organisé par la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Russie le 7 février 2013 à Moscou. Source : service de presse
Pessimistes, les Russes ? A en croire plusieurs économistes, il s'agit d'un stéréotype éculé remontant à Dostoïevski. « Le consommateur russe est déterminé à consommer, de manière régulière, même le plus pessimiste, d’ailleurs », estime Ekaterina Trofimova, première vice-présidente de GazpromBank. Elle souligne aussi que la croissance de la consommation est supérieure à celle des revenus, ce qui s’explique par une diminution de l’épargne.
Selon Boris Kisselevsky, adjoint du chef des services économiques pour la CEI l’ambassade de France, le solide appétit de consommation des Russes est désormais le principal moteur de la croissance économique du pays. S’exprimant dans le cadre d’un forum économique organisé par la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Russie, l’économiste a souligné que les « exportations de pétrole ne contribuent plus à la croissance, dans la mesure où la production stagne depuis plusieurs années ». De nombreux experts estiment, à l’instar de Natalia Orlova, économiste en chef chez Alfa Bank, que les réserves de croissance se situent là où la demande reste forte. A ce titre, la Russie, avec ses 146 millions d’habitants, possède un vaste potentiel.
Certes, le pays n’est pas à l’abri des secousses extérieures, et la conjoncture internationale a imposé à la Russie un changement de braquet en terme de rythme de croissance. Du 7% de croissance annuelle moyen durant les années 2000 à 2010, le rythme a été divisé par deux. En 2012, la croissance a été de 3,4% et les prévisions du Fonds Monétaire International sont de 3,7% pour cette année. « En tant que français, je trouve que ce sont des chiffres très positifs. La Russie reste un territoire de stabilité macroéconomique », souligne Boris Kisselevsky, faisant allusion à la déprime touchant la zone euro. Selon l’expert, la consommation russe est nourrie par l’émission généreuse de crédits à la consommation par les banques. Le volume des crédits a connu une véritable flambée ces deux dernières années (c’était aussi le cas entre 2004 et 2007), au point que certains organismes comme la Banque Mondiale et le FMI ont tiré la sonnette d’alarme. Mais les experts restent partagés au sujet d’une éventuelle surchauffe du crédit à la consommation.
« La tendance inquiète parce que la croissance des dépôts est moins rapide que celle des crédits. Mais il faut prendre en considération le fait que la population russe dépose davantage d’argent dans les banques qu’elle ne prend de crédits », remarque justement Ekaterina Trofimova. Selon elle, la surchauffe « est limitée à un petit nombre d’établissements bancaires ». Les analystes de la banque UralSib notent que le secteur financier est actuellement le second contributeur à la croissance après la consommation.
En dépit de la stabilité macroéconomique et de l’appétit des Russes, les banques ont commencé depuis début février à tempérer leurs émissions de crédit. Menant le mouvement, le géant bancaire d’Etat Sberbank a relevé ses taux d’intérêts pour réduire l’appétit de la population et augmenter la rentabilité des prêts. La correction est importante : de 3 à 5,6% tous ses taux de crédit à la consommation (lesquels sont désormais compris entre 17 et 25,5% par an). Les autres banques, privées comme publiques, lui ont emboîté le pas et donnent des signes de plus grande prudence en étant plus regardant sur la solvabilité des clients. La prudence des banques est louable, encore faut-il qu’elle ne douche pas l’appétit des Russes à consommer et à tirer ainsi l’économie nationale.
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