Crédit photo : REUTERS/Stoyan Nenov
Au départ, la question était formulée de façon plus précise, « Sur la reprise du chantier de la centrale nucléaire de Belene » (l'appel d'offres sur sa construction avait été remporté en 2006 par Atomstroyexport, aux dépens de la société américaine Westinghouse).
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Par la suite, les autorités ont cependant modifié le libellé en faveur d'une formulation plus neutre. Selon les sociologues, ceci a légèrement désorienté les électeurs. En outre, l'actuel premier ministre Boïko Borissov, qui a pris la décision de suspendre le projet de la centrale nucléaire de Belene, a appelé ses partisans (parti GERB) à voter « contre ».
Le taux de participation au référendum a dépassé le seuil minimum, pour atteindre 21,8%. La construction de centrales nucléaires a été soutenue par 61% des électeurs, 35% ayant voté contre. Désormais, la question de la nouvelle centrale nucléaire, conformément à la législation de la Bulgarie, sera examinée par le parlement du pays. Si le taux de participation avait atteint 60%, alors le projet aurait été considéré comme approuvé sans examen des députés.
« Du point de vue moral, je ne peux pas imaginer que quelqu'un fasse une croix sur l'opinion de près d'un million de personnes (la population de la Bulgarie compte un peu plus de 7 millions de personnes). En outre, les données du référendum indiquent qu'après les prochaines élections en Bulgarie, la question de la centrale nucléaire de Belene sera de retour à l'ordre du jour », a indiqué le spécialiste du secteur bulgare de l'énergie et membre du comité d'initiative en faveur du référendum, Tasko Ermenkov.
Les résultats du vote constituent un précédent révélateur pour l'Europe post-Fukushima. Désormais, il sera important pour l'opposition bulgare de préserver la victoire liée à Belene, étant donné que l'ensemble du débat des derniers mois, lors de la préparation du référendum, était polarisé autour des avantages et des inconvénients de ce projet.
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« Durant l'été de 2013, les prochaines élections législatives auront lieu en Bulgarie. Les observateurs considèrent le référendum comme une projection du vote pour le PSB ou le GERB. De toute évidence, la discussion se poursuivra, car en réalité c'est de celui qui gagnera les élections législatives et formera le gouvernement que dépendra le sort du projet », confie un analyste indépendant en matière d'énergie nucléaire, le chef d'Atominfo Aleksander Ouvarov.
Aujourd'hui, la position de Boïko Borissov et de ses partisans se réduit à un seul point : la centrale coûte 10 milliards d'euros, que le budget ne possède pas. Et même si les gens votent « pour », on ne pourra pas les trouver, à moins de les prendre aux retraités, affirme le premier ministre.
« En 2010, Boïko Borissov a formulé un certain nombre de conditions pour le lancement du projet de Belene, parmi lesquelles l'annonce d'un prix ferme de la centrale, comprenant d'emblée tous les indices d'inflation, le maintien de 51% de la société de projet NEK entre les mains de la partie bulgare, le financement du projet sans argent et même sans garanties du budget bulgare et l'implication dans le projet d'investisseurs européens. Toutes ces conditions ont été remplies », rappelle le porte-parole officiel de Rosatom Sergueï Novikov.
À l'époque, le projet de centrale nucléaire de Belene avait impliqué la compagnie française Altran Technologies et le holding finlandais Fortum, qui, conjointement à Rosatom, ont attiré des fonds pour la construction de la centrale à un prix fixe de 6,297 milliards d'euros, en assumant tous les risques liés à l'inflation.
Cependant, le bloc de contrôle a été conservé par NEK, qui a également obtenu la possibilité de fournir à l'avenir une part de l'argent en mobilisant les bénéfices provenant de l'électricité produite par la centrale une fois achevée. Toutes ces ententes ont été inscrites dans les mémorandums sur la mise en place de la société de projet. La Bulgarie n'a pas dépensé un lev [devise bulgare, ndlr] dans la réalisation du projet.
Pourtant, Boïko Borissov a décidé d'interrompre le projet au printemps 2012, après la visite de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.
« Désormais, une nouvelle confrontation a lieu en République tchèque dans l'appel d'offres pour la construction de la centrale nucléaire de Temelin: Skoda / Atomstroyexport contre Westinghouse. Avant de quitter ses fonctions, Clinton s'est rendue en République tchèque, où lors d'une réunion avec le ministre Schwarzenberg elle a directement appelé à donner la victoire aux Américains. Cela a choqué les Tchèques. C'est peut-être en relation avec ce soutien frontal de Clinton que Schwarzenberg a perdu l'élection présidentielle de samedi dernier », a indiqué le politologue tchèque Ondrej Mrazek.
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