Développement de la Russie : Medvedev espère éviter trois scénarios négatifs

Tout d'abord, le premier ministre a confirmé qu'il pourrait participer à l'élection présidentielle de 2018. Crédit : RIA Novosti / Dmitry Astakhov

Tout d'abord, le premier ministre a confirmé qu'il pourrait participer à l'élection présidentielle de 2018. Crédit : RIA Novosti / Dmitry Astakhov

La Russie ne suivra aucune des voies de développement esquissées pour le pays lors du Forum économique mondial (WEF), a déclaré Dmitri Medvedev à Davos. En vue d'une table ronde sur l'avenir de l'économie russe, les experts du WEF ont préparé le rapport « Stratégie de développement de la Russie », proposant trois options pour le pays. Toutes les trois sont négatives.

Le premier scénario envisage une baisse significative des cours du pétrole, à 60 dollars le baril. Ceci aura pour effet de freiner le développement de presque tous les secteurs de l'économie, et de provoquer l'apparition d'un monopole public du secteur pétrolier dans le pays. L'ancien ministre des Finances Alexeï Koudrine, a déclaré que ce scénario était selon lui peu probable.

La deuxième option prévoit au contraire une forte augmentation des prix des hydrocarbures. Dans ce cas, on assistera à un renforcement factice des positions du pays. Les recettes pétrolières élevées provoqueront une augmentation la classe moyenne, dont les membres finiront par devenir des acteurs politiques et générer des « changements » politiques. Ceci débouchera sur une déstabilisation à l'intérieur de la Russie. Toutefois, on ignore comment cela pourrait se traduire, estime le chef de l'Ecole russe d'économie Sergueï Gouriev. Selon lui, il n'existe pas de précédent dans l'histoire, et il est donc difficile de prévoir comment la situation évoluerait selon un tel scénario.

La troisième option simule que les prix du pétrole se maintiendront légèrement en-deçà des niveaux actuels, avec en parallèle un renforcement économique des régions. Le pays voit apparaître des « régions-leaders », qui apprennent à attirer les investissements et deviennent par conséquent presque autosuffisantes, menaçant l'intégrité du pays. Selon le chef de la banque Sberbank Guerman Gref, ceci est également peu probable. « Tous les scénarios, y compris le dernier, sous-entendent que rien ne se fait dans le pays », a indiqué le banquier.

Dmitri Medvedev, qui est intervenu après la présentation des stratégies, a déclaré que la Russie ne suivrait aucune des voies proposées mais en emprunterait une quatrième, qui sera moins pessimiste. Selon Medvedev, cette quatrième voie est déjà en cours de réalisation. En particulier, certaines régions ont déjà appris à attirer des investissements et à travailler avec le capital tout aussi bien que les leaders mondiaux, et la dépendance de l'économie envers les prix du pétrole se réduit.

Dans le même temps, M. Medvedev a souligné lors du forum de Davos que le gouvernement réduisait sa participation dans l'économie. De ce fait, l'acquisition par Rosneft de la compagnie TNK-BP ne témoigne pas d'une tendance de fond, assure-t-il. Le premier ministre a expliqué que la fusion avait été forcée. Et compte tenu du fait qu'une partie de Rosneft sera privatisée dans un avenir proche, l'augmentation de la part de l'État dans le secteur pétrolier est toute relative. Dans l'ensemble, il suffit à l'État de posséder une minorité de blocage pour contrôler la situation, est convaincu M. Medvedev.

Toutefois, la principale question pour les investisseurs aujourd'hui est l'attractivité de l'économie russe pour les investissements, a-t-il poursuivi.

« Il serait très intéressant de savoir comment il pense renforcer la compétitivité des entreprises russes. Si je me mets à la place d'un investisseur occidental, qu'est-ce que je vais faire? Je vais trouver un marché en croissance, une branche se développant de façon stable et une bonne entreprise, et je vais y placer de l'argent », a indiqué le Docteur ès sciences politiques Stanislav Radkevich.

Outre les stratégies, le premier ministre a évoqué différentes initiatives et décisions. Deux déclarations ont particulièrement intéressé les participants du forum.

Tout d'abord, le premier ministre a confirmé qu'il pourrait participer à l'élection présidentielle de 2018, soulignant cependant qu'il ne comptait pas entrer en concurrence avec le chef de l'État actuel, Vladimir Poutine. Le chef du fonds « Politique efficace » Gleb Pavlovski est de son côté formel : M. Medvedev ne se présentera plus au poste de président. « Sa cote de popularité s'effrite, et parallèlement Poutine lui témoigne une méfiance politique marquée », indique l'analyste.

Le premier ministre a également admis la possibilité que Gazprom perde son monopole sur les exportations de gaz. Selon lui, d'autres acteurs sérieux sont apparus sur le marché. Selon les experts, il s'agit en premier lieu de Novatek. L'octroi à Novatek d'une licence d'exportation de gaz de façon indépendante augmentera la demande de combustible russe, a déclaré Vitali Krioukov d'IFD Kapital. Selon lui, les Européens ne sont pas opposés à l'achat de gaz russe - ils prônent une diversification des fournisseurs et la fin du monopole de Gazprom. En cas de libéralisation des exportations, Novatek a de bonnes chances de prendre racine sur ce marché. Selon M. Krioukov, une société indépendante ne provoquera aucun dumping, mais Gazprom devra se résigner à la concurrence.

Contexte :

Dmitri Medvedev s'exprime pour la troisième fois lors du Forum de Davos. Il a pour la première fois conduit la délégation russe en 2007, en tant que possible successeur de Vladimir Poutine. En 2011, il est devenu le premier président de Russie à se rendre au forum, mais a été contraint de réduire le programme de sa participation en raison d'un attentat à l'aéroport Domodedovo.

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