La politique économique russe débattue lors d’un forum à Moscou

Le Forum Gaïdar, qui s’est ouvert mercredi dernier, a presque directement abordé un problème récurrent pour la politique économique russe : les liens entre la stimulation de la croissance et les dépenses de l’État. Crédit : RIA Novosti

Le Forum Gaïdar, qui s’est ouvert mercredi dernier, a presque directement abordé un problème récurrent pour la politique économique russe : les liens entre la stimulation de la croissance et les dépenses de l’État. Crédit : RIA Novosti

Garantir la stabilité macroéconomique ou favoriser la croissance via plus de dépenses publiques ? D’éminents économistes et décideurs discutent des défis de la Russie dans ce domaine durant le Forum Gaïdar à Moscou.

Le Forum Gaïdar, qui s’est ouvert mercredi dernier, a presque directement abordé un problème récurrent pour la politique économique russe : les liens entre la stimulation de la croissance et les dépenses de l’État. Le premier ministre Dmitri Medvedev y a tenu un discours dans lequel il a annoncé que le principal objectif à moyen-terme du gouvernement était d’atteindre une croissance annuelle du PIB supérieure à 5%. Les participants au forum sont presque certains que le PIB augmentera de 3,5% à 4% en 2013. Ce seuil est presque acquis d’avance. Et les 1,5% restants ne seront possibles que grâce à des réformes structurelles. Les opposants, qui estiment au contraire que la solution réside dans des mesures de stimulation, se sont exprimés en marge du forum.

Le gouvernement souhaite avant tout garantir une hausse constante du l’économie supérieure à 5%. En pleine période de repli économique, le premier ministre Dmitri Medvedev a présenté ce nouvel objectif durant un discours au Forum Gaïdar, première plateforme de discussion de 2013 rassemblant traditionnellement des fonctionnaires gouvernementaux et des analystes indépendants. Et ce seuil ne doit pas obligatoirement être atteint en 2013. En effet, le premier ministre russe veut réaliser cet objectif « dans un avenir proche», expression plutôt vague.

Medvedev a tenu à attirer l’attention sur les activités des entreprises d’État, qui « ont joué un rôle important pour consolider les actifs dispersés, et qui devront à l’avenir respecter des règles définies ». En guise d’alternative au soutien des entreprises publiques, le premier ministre a proposé une politique de « soutien des sociétés privées, qu’elles soient petites, moyennes ou grandes ». Il estime pour cela qu’il faudra renforcer la compétitivité des régions pour les investisseurs. Medvedev a ainsi proposé aux régions et municipalités de partager certaines responsabilités avec les autorités fédérales. Pour renforcer la concurrence, Dmitri Medvedev considère qu’il est indispensable de mener de « nouvelles privatisations ». Il a également indiqué ne pas vouloir « attendre indéfiniment » que les conditions de marché s’améliorent. Cette excuse avait récemment été utilisée par le gouvernement pour expliquer le ralentissement des ventes des biens de l’État.

Le Forum Gaïdar qui s’est ouvert mercredi confirme donc une tendance : en Russie, les gouvernements, personnes et indicateurs macroéconomiques peuvent changer, mais pas le conflit perpétuel entre la politique de hausse générale des dépenses publiques afin d’accélérer la croissance et les mesures destinées à assurer la stabilité. Cette polémique est cependant plus nuancée aujourd’hui. Il est intéressant de remarquer qu’en 2013, l’objectif fixé à moyen-terme (hausse annuelle de 5% du PIB) est réalisable quelle que soit la politique adoptée. Les deux camps s’accordent à dire qu’en l’absence de chocs extérieurs, la croissance « naturelle » de 3,5% sera certainement atteinte. Et le 1,5% restant est entièrement possible tant via une hausse significative des financements de projets d’infrastructures (à court-terme) que grâce à des réformes structurelles importantes (à moyen et court-terme).

Le ministre des Finances Anton Silouanov a soutenu mercredi l’idée de mener des réformes structurelles. Il s’est néanmoins dit opposé à une augmentation des commandes de l’État. Sa position est également partagée par la Banque centrale russe. Selon son vice-président Alexeï Oulioukaev, la croissance de 3,5% en 2012 constitue un résultat correct pour un modèle économique efficace. Il estime néanmoins qu’il serait contreproductif d’encourager ce modèle rien qu’en simplifiant la politique monétaire, et ce car ces mesures « entraîneraient un déséquilibre et une accumulation des risques dans divers secteurs ».

La majorité des participants au Forum Gaïdar s’est prononcée en faveur de cette idée. Andreï Klepatch, vice-ministre du Développement économique, a toutefois exprimé un point de vue opposé en marge du forum. D’après lui, il faudra apporter des « corrections » aux règles budgétaires afin d’atteindre une croissance de 5% du PIB. Et il est peu probable qu’il souhaite les durcir. Le ministère de l’Économie souhaite au contraire faire pression pour accroître les dépenses de l’État afin de favoriser la croissance. Andreï Klepatch a aussi indiqué qu’il n’était pas d’accord avec Alexeï Oulioukaev lorsqu’il disait que la croissance actuelle correspondait au potentiel de l’économie russe. Pour lui, une restructuration de la politique d’emprunt et monétaire permettra de stimuler la croissance du PIB. La stabilité de l’économie mondiale donne certainement davantage raison aux partisans d’une hausse des dépenses publiques. Le succès de leurs opposants était fortement lié à la nécessité pour le gouvernement 2008-2012 de contrer les chocs extérieurs.

Paru sur le site de Kommersant le 17 janvier 2013.

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