TITRE : Pierre Pascal, la Russie entre christianisme et communisme
AUTEUR : Sophie Coeuré
ÉDITIONS Noir Sur Blanc
C’est une historienne, Sophie Coeuré, qui nous livre un ouvrage passionnant sur celui qui avant d’être le pape de la slavistique française entra en communisme pour vivre sa foi chrétienne. À travers la vie de Pierre Pascal, son cheminement, ses engagements et ses errances c’est toute une époque qui nous est restituée.
Comme beaucoup de ceux qu’il accueillit sur les bancs de l’université, Pierre Pascal est d’abord tombé amoureux de la langue russe. Lorsque, jeune normalien, il débarque en Russie en 1911, il a 21 ans et trouve dans la composante mystique de l’âme russe un écho à sa foi et un catalyseur à ses aspirations chrétiennes. Après la langue, c’est de la Russie qu’il tombe amoureux et de son peuple. Le tourbillon de l’Histoire en « Russie pays du colossal et de l’imprévu » va l’entraîner et faire de lui une figure emblématique de la dualité qui agite depuis longtemps la Russie et va écarteler le jeune homme qui affirme : Le socialisme n’est vrai et applicable qu’avec le christianisme.
C’est au sein de la délégation militaire française en Russie que la Révolution puis la guerre civile cueillent le lieutenant Pascal. Observateur privilégié du processus révolutionnaire il se convainc que c’est l’enjeu de l’avenir du monde qui se joue là, non sans bémol toutefois : Égoïsme, bêtise matérialisme bourgeois… Dans le Soviet, assujettissement de la masse, bonne, convaincue, dévouée, à des meneurs ambitieux doctrinaires note-t-il très tôt dans ce Journal si précieux qu’il ne cessera de tenir tout au long de son séjour. Il va choisir pourtant : la désobéissance. Lorsque ses supérieurs le somment de quitter la Russie, il décide de rester et de militer au sein du Groupe communiste français de Moscou. D’observateur Pascal devient acteur - accusateur lors des premiers procès contre les SR - , victime, à travers ses proches touchés par la répression, et enfin témoin de la montée de la terreur.
Tour à tour collaborateur de l’Internationale communiste, du commissariat du peuple aux Affaires étrangères et traducteur de Lénine, Pierre Pascal sera toujours suspect en raison de sa foi mais aussi de ses amis anarchistes. Il sera cependant simplement évincé du Parti et miraculeusement épargné. Bientôt c’est le temps du retour car écrit Pascal : « Mon amour pour le pays, le peuple et la pensée russes n’a pas diminué… mais la vie ici me devient impossible, moralement bien entendu. »
L’ouvrage de Sophie Coeuré éclaire sans fard la vie d’un homme exceptionnel, ceux qui le souhaitent pourront découvrir un nouveau volume du Journal (1928-1929) publié par les éditions Noir sur Blanc qui vient compléter les volumes précédemment publiés par l’Âge d’homme.
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