TITRE : Des
milles et une façons de quitter la Moldavie
AUTEUR : Vladimir Lortchenkov
TRADUIT par Raphaëlle Pache
ÉDITIONS : Éditions Mirobole
Les jeunes éditions Mirobole consacrent une de leurs collections à des textes fantastiques dont la littérature russe abonde. Après le livre d’Anna Starobinets Je suis la reine, publié en 2013, elles nous offrent le texte de l’auteur moldave Vladimir Lortchenkov, Des milles et une façons de quitter la Moldavie.
À travers l’histoire extravagante et loufoque d’un petit village moldave, Larga, c’est encore l’histoire de la fin du bloc soviétique qui est mise en scène. Indépendante depuis 1991, « la Moldavie est devenue en 15 ans le pays le plus pauvre d’Europe » dit l’auteur.
Elle est aussi la plaque tournante de la traite d’êtres humains, du trafic d’armes et d’organes et aussi un foyer d’émigration.
Pour voiler le « désespoir moldave », c’est le burlesque qu’a choisi Vladimir Lortchenkov. Dans le village de Larga, une population unanimement farfelue partage un unique objectif : émigrer en Italie ; jusqu’au président qui rêve d’y ouvrir une pizzeria que ses homologues étrangers, le suspectant de vouloir émigrer, n’invitent jamais car ils …
Tous rivalisent d’ingéniosité et d’énergie pour réaliser leur projet ; on assiste ainsi à la mise en place d’une équipe de curling destinée à une carrière internationale qui la conduirait en Italie, au bricolage d’un sous-marin ou d’un avion à partir d’un moteur de tracteur, en passant par des croisades.
Bien entendu toutes les tentatives d’émigration sont vouées à l’échec ; personne ne parvient jamais à franchir la frontière et ceux qui en reviennent, comme cette jeune prostituée que son père fait disparaître lorsqu’elle rentre au pays, ne peuvent repartir. Car l’Italie est tellement proche du paradis que personne ne croit vraiment à son existence.
Pourtant lorsque l’un d’entre eux exhorte ses compatriotes à prendre leur destin en main, déclarant : « Nous cherchons ailleurs quelque chose que nous pourrions avoir ici. Ici même, en Moldavie !.. Nous pouvons nettoyer nous-mêmes nos maisons, refaire nous-mêmes nos routes… Commencer à vivre honnêtement ! L’Italie, la véritable Italie est en nous-mêmes ! », on brûle l’hérétique.
Lortchenkov ne se pose pas pour autant en donneur de leçons. À travers les histoires hilarantes, parfois sidérantes, souvent pleines de poésie qu’il enchaîne, il montre que ses héros résistent aux vagues de l’Histoire qui toujours les malmènent ; de l’ère soviétique avec ses mouchards et ses camps à l’Europe ambigüe, prête à « pardonner les pires crimes » à ceux qui « aspirent à l’Europe et à l’OTAN » et à soutenir les « croisades en direction de la Russie ».
Saisissant d’actualité !
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