Le Journal de Léna, Leningrad, 1941-1942

TITRE :Le Journal de Léna : Leningrad, 1941-1942 

AUTEUR Léna Moukhina

TRADUIT par Bernard Kreis, Préface de Nicolas Werth

ÉDITIONS Robert Laffont


Léna Moukhina, lycéenne de Leningrad, avait seize ans lorsqu’elle fut piégée avec quelque deux millions de Léningradois par un blocus dont la rudesse fut sans précédent. Dès septembre 1941 la ville est assiégée par l’armée allemande. Commence une lutte quotidienne pour la vie que Léna va décrire pas à pas, miette par miette, grain par grain, pourrait-on dire, avec son regard d’adolescente dans un journal qui ne vit le jour dans sa version russe qu’en 2011.

Il est difficile de ne pas évoquer Anne Franck. Comme elle, Léna décrit son quotidien et celui de sa famille ; elle est orpheline et vit avec une tante et Aka, une vieille nounou. Comme elle, Léna a le goût de l’introspection, des rêves, des préoccupations adolescentes : la vie à l’école, les garçons, l’amour ou  le désir d’amour : «  Quoi qu’il se passe, je veux vivre, et tant que je serai en vie, je veux aimer, mais qui ? »  Durant cet hiver 41 – 42 qui fut particulièrement rigoureux la nourriture est rare, les transports quasi inexistants et les coupures d’électricité fréquentes. Dans l’attente des alertes quotidiennes, on partage une soupe à la colle de bois « … inoffensive …et nourrissante,fabriquée à partir de sabots et de cornes d’animaux domestiques » ;  on se serre autour d’un poêle qui ne fonctionne que quelques heures par jour et on meurt, en masse : 54 000 décès en décembre, 127 000 en janvier rapporte Nicolas Werth dans sa préface. Léna a une obsession permanente : manger. Pratiquement chaque journée qui figure dans le Journal comporte le compte ou le décompte des provisions reçues, consommées, partagées et Léna s’étonne elle-même de la dureté de ses propos lorsqu’elle en vient à souhaiter la mort de la vieille nounou, « bouche inutile » avec laquelle il faut partager sa ration… De même elle s’indigne qu’alors  «qu’ici on crève de faim, on tombe comme des mouches, hier à Moscou, Staline ait  de nouveau organisé un dîner au Kremlin. »

Mais Léna a aussi les aspirations d’une adolescente russe, qui se veut une « Soviétique exemplaire » et souhaite que son professeur « parle … afin que nous devenions des lycéens soviétiques, des communistes dans l’âmedes parents susceptibles d’élever nos enfants pour qu’ils soient encore meilleurs que nous. » Elle travaille un temps comme aide-soignante, côtoie la mort d’étrangers puis celle de ses proches qui s’éteignent à ses côtés.  À dix-sept ans elle se retrouve seule avec cette volonté farouche d’en sortir et de quitter la ville et de vivre !

Le Journal s’arrête en 1942, mais le siège de Léningrad durera encore deux ans, faisant presque un million de victimes. Les derniers mois  le récit est conduit à la troisième personne, ainsi il pourra « être lu comme un livre » dit Léna.

Léna Moukhina survivra. Elle sera évacuée et mourra en 1991, sans savoir que le Journal perdu deviendrait un livre, ce témoignage essentiel sur cette période particulièrement tragique de l’histoire soviétique.   

 

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