Source: Alexander Kryazhev / RIA Novosti
Ce qui manque le plus dans les chambres sont les rideaux. Si vous avez beaucoup de chance, vous avez la tringle et il ne vous reste plus qu'à obtenir des rideaux auprès des gestionnaires de votre bâtiment. Il paraît qu'il y en a même qui y sont parvenus. Mais tous ne sont pas aussi chanceux : dans notre chambre par exemple il n'y a pas de tringle, c'est pourquoi nous ne pouvons pas trouver de solution au problème.
Mais les Russes sont un peuple imaginatif, et au lieu de rester à ne rien faire et à se plaindre sur les réseaux sociaux, beaucoup se sont mis à chercher des solutions. La plus originale que j'ai vue à ce jour est l'utilisation comme rideau d'un vêtement de pluie en plastique.
Sa taille permettait justement de couvrir la moitié de la fenêtre. Certains vont plus loin et accrochent le drapeau russe. Je ne suis pas sûre que cela protège vraiment des lampadaires qui éclairent les fenêtres et par leur puissance ressemblent à des projecteurs, mais c'est une solution intéressante.
Un autre problème répandu concerne les verrous sur les portes. Si l'on force un peu trop, le verrou sort de la porte en même temps que la clé, sans pour autant que la porte ne s'ouvre. La réparation prend au minimum deux heures, et l'on croise souvent dans les couloirs des bâtiments des habitants errant tristement d'un côté à l'autre en attendant leur tour pour voir leur porte réparée.
Les poignées de portes ont deux caractéristiques : la moitié des poignées cherche à rester dans les mains de ceux qui veulent les utiliser, et l'autre moitié se coince irrémédiablement. Cela concerne tant les poignées menant aux chambres que les poignées sur les portes donnant aux différents corps des bâtiments. Aller d'une partie d'un bâtiment à un autre peut donc être difficile.
Il se peut que le réseau électrique des logements dédiés aux journalistes soient plus performants, car j'ai relevé peu de plaintes, mais là où logent les bénévoles il y a visiblement des problèmes : une petite bouilloire électrique d'un litre qui tente avec des succès intermittents de se mettre à bouillir pendant quinze minutes, c'est un signe évident de déficience.
Les installations sanitaires elles aussi sont problématiques. Dans une chambre que j'ai vue de mes yeux, il n'y a tout simplement pas de douche. Il y a une baignoire, il y a un robinet au-dessus, il y a les éléments pour accrocher la douche, mais il n'y a pas de pommeau. Je ne sais pas comment les habitants de cette chambre pourront se laver en se tordant pendant trois semaines mais l'administration ne promet rien.
Dans le complexe hôtelier réservé aux bénévoles, il y a en permanence des discussions sur la coupure de l'eau chaude dans une chambre ou l'autre. Mais si cela tombe sur vous, il ne faut pas vous affliger. Il est possible qu'elle revienne rapidement, au moment le plus inattendu, et pour une durée imprévisible.
Beaucoup de journalistes se plaignent de la qualité de l'eau, et pas seulement sur Twitter : j'ai entendu moi-même une journaliste qui se retenait à peine de rire en racontant à un collègue la couleur du liquide qui sortait de son robinet. Quant aux malfaçons du mur, par exemple aux trous, au mauvais fonctionnement de la climatisation et aux prises qui ne marchent pas – ce sont des détails dont on peut se faire une raison.
Bien entendu, avec tant de problèmes d'ordre vital, l'accès à Internet ne doit pas être une question brûlante, en tous cas si l'on croit à la pyramide de Maslow. Mais le Wi-Fi local est une substance éphémère. Sa présence ou son absence, de même que la vitesse de connexion ,dépendent apparemment de la position des étoiles dans le ciel. Dans la chambre où je vis, j'arrive à le capter en un seul point : j'écris ce texte assise sur ma baignoire en fonte.
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