TITRE : Le Roman de la Perestroïka
AUTEUR : Vladimir Fedorovski
ÉDITIONS Rocher
Les Français connaissent bien Vladimir Fedorovski ce familier des écrans TV depuis l’époque de la perestroïka. L’homme avait à l’époque une trentaine d’années, il était en poste à l’ambassade de l’URSS à Paris et commentait devant une France abasourdie les revirements aussi soudains qu’inattendus de l’histoire soviétique.
Poursuivant son œuvre, entreprise avec une série romanesque sur l'histoire russe, Vladimir Fedorovski dévoile aujourd’hui un nouveau pan de cette histoire dont il fut non seulement l’observateur privilégié, mais aussi l’acteur.
De la mort de Brejnev à l’avènement de Poutine, en passant par la chute du mur de Berlin, Fedorovski retrace l’histoire de l’URSS et celle de l’ascension au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev, l’homme qui désormais symbolisera ce moment si particulier de l’histoire russe mais aussi européenne.
Le témoignage de Fedorovski sur la genèse des événements est particulièrement intéressant, notamment en ce qui concerne le rôle d’Alexandre Yakovlev, idéologue inspiré dont Fedorovski fut un proche et à qui revient la paternité du concept de perestroïka.
Il semble toutefois qu’il minimise le rôle des difficultés économiques dans le processus de libéralisation. Certains acteurs économiques de l’époque, notamment Egor Gaïdar qui fut premier ministre (cf. l’Empire éclaté ed. Eyrolles) ont vu dans la faillite de l’économie soviétique l’annonce fatidique de la fin de l’empire soviétique et le changement inévitable de cap politique.
Fedorovski ne nous dit pas non plus quelle part est liée aux convictions ou aux contingences dans les décisions de Gorbatchev, influencé par une épouse ambitieuse et omniprésente et terrorisé par le spectre d’un KGB tout puissant.
On s’étonne souvent en Europe que Gorbatchev et Eltsine, les principaux artisans de ce cataclysme politique, réalisé sans effusion de sang et sans violence, soient pourtant détestés par les Russes qui expriment de plus en plus souvent leur nostalgie de l’époque soviétique.
Ils regrettent « non pas le communisme, mais l’empire, le vertige de la grandeur illusoire », explique Fedorovski qui montre au passage les diverses étapes du dépeçage économique du pays et l’apparition des oligarques. Le lecteur comprendra mieux alors le rôle de Poutine qui a réussi le pari de « réhabiliter à la fois le passé tsariste et le passé soviétique afin de bâtir une continuité historique. »
Comme toujours, Fedorovski sait faire revivre des moments uniques : le putsch d’août 91, Eltsine sur un char, la statue de Dzerjinsky déboulonnée, la population stupéfaite, découvrant quotidiennement sur les écrans TV les « leçons de démocratie » de Gorbatchev et la parole libérée…
Homme de convictions, il fut en son temps capable de démissionner de son poste de diplomate pour s’engager dans un parti qui soutenait les réformes politiques, Vladimir Fedorovski reste fidèle au « message démocratique de la perestroïka» dont il entend aujourd’hui un écho dans les mouvements d’opposition.
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