La défense antimissile russe doit faire peau neuve

Les complexes « Triumph » (S-400) dénués de missiles ad hoc utilisent les restes des anciens systèmes S-300. Crédit photo : ITAR-TASS

Les complexes « Triumph » (S-400) dénués de missiles ad hoc utilisent les restes des anciens systèmes S-300. Crédit photo : ITAR-TASS

En 2014, la Russie sera dotée de deux grandes usines de production de missiles hypersoniques 77N6 et 77N6-N-H1 destinés aux systèmes dernier cri de défense antimissiles S-400 « Triumph » et S-500 « Prométhée ».

Selon un communiqué officiel du ministère de la Défense, « ces systèmes de défense anti-missile seront en mesure d'abattre les cibles volant à une vitesse de 7 km par seconde, y compris les têtes nucléaires de missiles balistiques ».

 

Il est à noter que le S-500 est encore en cours de conception, et que le S-400 est équipé d'anciens missiles 48N6 et 9M96.

 

Les missiles 77N6 et 77N6-N-N1 seront les premiers missiles russes dotés d'ogives inertes. Ils détruiront les têtes nucléaires de manière cinétique : pour parler simplement, en percutant avec précision leur cible à une vitesse énorme. Aucun explosif ne sera nécessaire. Selon les calculs des ingénieurs, une collision à une vitesse de 7 km par seconde détruit sans coup férir tout objet volant.

 

De nouvelles usines sont vitales pour le développement du système de défense antimissile et de DCA sur le territoire de la Russie. Les troupes ont déjà reçu de nouveaux systèmes anti-aériens, mais pas de nouveaux missiles pour ces derniers.

 

Les complexes « Triumph » (S-400) dénués de missiles ad hoc utilisent les restes des anciens systèmes S-300. Leur portée est d'environ 200 km, bien que le S-400 soit conçu pour intercepter des cibles à des distances deux fois supérieures.

 

Jusqu'à présent, l’absence de missiles adaptés empêche l'équipement complet de l'armée de l'air et des troupes de la défense aérospatiale avec les systèmes S-400. Depuis 2007, ils ont reçu seulement sept divisions, et il devrait au final y en avoir 56 selon les informations officielles.

 

Le manque de missiles pour le système russe de défense antimissile pourrait à l’avenir être aggravé par le fait que la production de l'ancien système S-300 a complètement cessé.

 

« Le dernier complexe S-300 pour l'armée russe, indique Igor Achourbeïli, coprésident du Conseil d'experts indépendant sur la défense aérospatiale et ancien ingénieur en chef du holding Almaz-Antey, a été produit en 1994. Depuis, on a produit ces complexes en Russie uniquement pour les vendre, mais désormais nous avons également cessé les exportations du S-300 ».

 

En effet, depuis 2010, Moscou a renoncé à un contrat avec l'Iran, perdant 800 millions de dollars. La production cessera définitivement après la livraison prochaine à l’Algérie de la dernière division de S-300 destinée à l'exportation. Selon Igor Achourbeïli, un des problèmes est lié au fait que « nous avons arrêté de prendre des commandes pour le S-300 mais n’avons pas commencé à en prendre pour le S-400 ».

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En outre, le problème de la mise au point des missiles destinés au système S-400 n'a pas été complètement résolu. Le système devrait utiliser des missiles à proche, moyenne et longue portée. Mais actuellement, seul le développement de l'unique missile à courte portée, destiné à frapper les cibles jusqu'à 150 kilomètres, se déroule normalement. Le missile à moyenne portée, conçu pour frapper des cibles jusqu'à 250 kilomètres, doit encore être perfectionné.

 

Le missile à longue portée n’a toujours pas fait son apparition. Pourtant, l'existence d'un tel missile pourrait compliquer grandement les actions d’ennemis potentiels, y compris d’avions dotés de systèmes de radiodétection de type AWACS. Sans missiles, le S-400 est privé de sa capacité annoncée, cet armement devant frapper des cibles à longue distance.

 

En ce qui concerne le système en perspective S-500, le directeur adjoint de l'Institut d'analyse politique et militaire, Alexandre Khramtchikhine, estime que « ce sera un S-400, mais avec des missiles à longue portée ».

 

« Au mieux, le S-500 pourra être créé, mais pas avant 2020. À l'heure actuelle, et pour les dix prochaines années, nos possibilités de repousser une frappe massive de l'OTAN sont très faibles, puisque les S-300 mettent beaucoup de temps pour être rechargés, c’est pourquoi au mieux ils pourront repousser une première vague, 100-200 cibles ».

 

Alexandre Khramtchikhine est rejoint sur cette opinion par l’analyste militaire Vladislav Chourguine : « Le S-500 n'est encore qu'un rêve. Et on ignore s’il sera un jour traduit dans la réalité ».

 

Bien que les S-300 doivent être remplacés, une telle mission est pour le moment irréalisable. Par conséquent, le holding Almaz-Antey possède des tâches cruciales à réaliser, « dont la résolution conditionne non seulement le sort de la défense antimissile, mais aussi celui du pays en général ». L’usine peut encore fournir des produits de haute qualité, mais il convient aussi de prendre en compte le problème d'une ingénierie vieillissante et de moderniser rapidement les sites de production.

 

En d'autres termes, la création de modèles modernes d'armes russes pour la défense aérospatiale est une tâche complexe qui nécessite de sérieuses innovations et la modernisation des installations existantes.

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