La piètre qualité des routes, principal frein à l’économie

Crédit : RIA Novosti

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Le ministre russe du Développement économique propose de développer le réseau routier grâce aux revenus du pétrole, modérant ainsi la règle budgétaire pas encore adoptée, ce qui pourrait apporter plus d’un billion et demi de roubles (370 milliards d’euros).

« L’état du réseau routier en Russie amoindrira bientôt tous nos efforts en matière d’amélioration du climat d’investissement », estime le ministre russe du Développement économique Andreï Belooussov. D’après lui, cela conduit les investisseurs à renoncer à certains projets. L’état des autoroutes limite la croissance économique, explique le ministre, et les investissements dans les infrastructures devraient passer de 3 à 4,5% du PIB pour résoudre le problème, ce que ne permet pas un budget serré, prisonnier d’engagements de long terme. Ainsi propose-t-il de dépenser une partie des revenus des hydrocarbures dans les infrastructures de transport, en alimentant le Fonds de réserve non pas à hauteur de 7% du PIB comme le propose la règle budgétaire mais de 5%.

« En termes de risques pour le Fonds de réserve, 7% ou 5%, c’est tout à fait la même chose », soutient M. Belooussov. Mais ces 2% du PIB pourraient nous permettre d’achever les chantiers de longue durée ou de faciliter l’expansion des goulets d’étranglements dans les infrastructures », a indiqué le ministre.

La règle budgétaire oblige d’établir le budget à partir de la moyenne des prix du pétrole sur les 10 dernières années (pour 2013, sur cinq ans, puis après, la durée augmentera d’un an). Le budget 2013-2015, signé très récemment par Vladimir Poutine, repose sur ce principe.

Quand le Fonds de réserve aura atteint 7% du PIB, conformément à la règle, la moitié de cette somme sera déposée sur le Fonds national du Bien-être tandis que l’autre moitié servira à des projets portant sur les infrastructures.

Le ministère du Développement économique a d’emblée insisté pour assouplir la règle budgétaire, proposant d’indexer les prix moyens du pétrole sur l’inflation et de limiter le Fonds de réserve à 5% du PIB. Mais le ministère des Finances s’y est opposé et en juillet, la Douma a adopté en première lecture des amendements au code budgétaire, imposant les règles budgétaires. Cette affaire reste néanmoins limitée pour l’instant puisqu’en octobre, la Douma a repoussé l’examen ultérieur des amendements.

Mikhaïl Serdiouk, membre du comité budgétaire, a justifié ce retard en expliquant que la règle budgétaire n’était pas conforme aux autres projets de lois. Mais on se demande maintenant s’il ne faudrait pas l’assouplir.

De nombreux membres du gouvernement soutiennent le ministère du Développement social, a fait savoir un haut fonctionnaire à Vedomosti. Le ministère des Finances de son côté est prêt à engager des dépenses pour les infrastructures sur les revenus du pétrole, seulement si le Fonds de réserve dépasse 7% du PIB, comme l’exige la nouvelle règle budgétaire, objecte le ministre Anton Silouanov. Le premier ministre Dmitri Medvedev ne se positionne pas non plus en faveur d’une révision.

A ce jour, le Fonds de réserve atteint environ 3% du PIB (1,9 billion de roubles, soit environ 475 milliards d’euros, au 1er décembre). D’après le ministère des Finances, le Fonds de réserve représentera 7% du PIB d’ici 2017, et 5% en 2014, si les prix du pétrole se maintiennent, comme dans le budget, d’après le responsable du Groupe d’expertise économique, Evseï Gourvitch.

Le ministère du Développement économique fait erreur selon lui : il y a pléthore de tâches importantes, mais pour les mener à bien, on ne devrait pas se fixer sur le montant des dépenses nécessaires, mais sur ce que l’on peut faire, en respectant les limites imposées par la règle budgétaire.

On peut discuter du montant du Fonds de réserve, estime M. Gourvitch, néanmoins ce n’est pas sur le fait qu’il faille dépenser une partie des revenus du pétrole pour quelque chose que l’on doit discuter, mais du montant de ces réserves nécessaire pour assurer le budget : « nos calculs montrent que 7% sont justement nécessaires, pour s’assurer contre tous les risques possibles, mais peut-être que 5% seront suffisants, si les arguments sont bons ».

La question n’est pas la dépense des réserves, mais le fait que les fonds souverains se rempliront simplement moins vite, soutient Andreï Tchernaïvski, du Centre de développement du Haut collège d’économie. « Il sera possible, dès 2015, de placer des sommes importantes dans le développement des infrastructures, plus qu’aujourd’hui », avance-t-il.

Selon les chiffres du ministère du Développement économique, en 2015 et 2016, le PIB russe dépassera respectivement 80 et 90 billions de roubles (2 et 2,25 billions d’euros).

L’économie stagne et elle a besoin d’être stimulée, insiste Andreï Tchernaïvski, mais « dans le même temps, nous avons introduit une règle budgétaire prudente et nous réduisons les dépenses pour la soutenir ».

5% du PIB seront suffisants en cas de chute des prix du pétrole de courte durée, selon lui, mais si les prix du pétrole changent durablement, aucun fonds ne sera suffisant.

La Russie occupe la 100ème place sur 142 pays en termes de qualité d’infrastructures, dans le barème de concurrence économique du FMI, et la 130ème place s’agissant de la qualité des routes.

La capacité des routes augmente lentement : en 2011, 350 km de routes fédérales ont été livrés, dont 230 km pour lesquels le budget fédéral a versé 392 milliards de roubles (9,8 md €) en un an. Le programme pour l’année prochaine prévoit de dépenser 450 milliards de roubles (11,26 md €), tandis qu’en 2015, ce sont 511 milliards de roubles (12,8 md €) qui devront rejoindre le fonds routier fédéral. Ce sont les moyens mis en œuvre pour la construction et l’entretien de routes, dont à peine un tiers satisfont aux normes de qualité.

La mise à disposition de moyens du fonds routier donnera la priorité non pas à la construction mais à la réparation, mais cela n’augmentera pas les capacités de trafic, note M. Belooussov.

Article paru sur le site de Vedomosti le 6 décembre 2012.

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