Ce vote devrait contribuer à relancer le processus de paix israélo-palestinien. Crédit : Reuters/Vostock-Photo
En devenant Etat observateur à l’ONU, la Palestine a indéniablement remporté une grande victoire morale. Toutefois, est-ce un véritable pas vers le statut d’Etat indépendant ? La réponse n’est pas évidente.
Cette décision de l’Assemblée générale de l’ONU apparaît comme un moyen de pression sur Israël. Une façon, pour une grande majorité des membres de l’ONU (138 « pour » et seulement 9 « contre »), de montrer qu’ils soutiennent les Palestiniens. Mais aussi la possibilité pour ces derniers de pousuivre Israël devant la Cour pénale internationale de La Haye pour crimes de guerre.
Ce vote devrait contribuer à relancer le processus de paix israélo-palestinien. « Nous espèrons qu’Israël percevra cela comme un appel sérieux de la communauté internationale, lassée de ce conflit israelo-palestinien toujours irrésolu », a commenté l’Ambassadeur de la Russie à l’ONU Vitali Tchourkine à l’issue du vote.
Le président français François Hollande a, dans son communiqué, rejoint son collègue : « Le dialogue direct est en effet la seule voie pour trouver une issue définitive à ce conflit. La France est prête à y contribuer, en amie à la fois d’Israël et de la Palestine. »
En attendant, Tel-Aviv n’a pas rendu publique sa réaction. Mais sa position ne doit pas beaucoup diverger avec celle des États-Unis.
« Cette résolution malheureuse et contre-productive met encore plus d'obstacles sur le chemin vers la paix, et c'est pour cela que les Etats-Unis ont voté contre », a déclaré l'ambassadeur des États-Unis à l'ONU Susan Rice peu après le vote.
« Les grandes annonces d'aujourd'hui vont bientôt s'estomper et le peuple palestinien se réveillera demain avec peu de changements, excepté l'éloignement de la perspective d'une paix durable », a-t-elle ajouté.
Un des problèmes réside dans l’existence du conflit interne à la Palestine entre la Cisjordnie et la bande de Gaza.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré aux journalistes : « En Palestine, nous avons également nos problèmes internes comme le schisme. Il est enfin temps de dépasser ce schisme, il est temps d’unifier l’ensemble des Palestiniens. »
La Cisjordanie sous Autorité nationale palestinienne (ANP), dirigée par Mahmoud Abbas, opte en grande partie pour la résolution politique du conflit. Mais pas la bande de Gaza, aux mains du Hamas, où l’humeur est toute autre.
Selon le directeur du Centre d’analyse des conflits au Proche-Orient de l’Institut des États-Unis et du Canada Alexandre Choumiline, « le Hamas ne rejette pas la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU, mais ce n’est pas vraiment ce qu’il visait. Par ailleurs, l’initiative de Mahmoud Abbas a été très critiquée par le Hamas, comme un pas supplémentaire vers la capitulation d’Abbas, entre autre devant Israël, pour en finir avec le problème palestinien. » « Le Hamas voit la résolution du problème palestinien sous un autre jour, comme une possibilité de liquider l’État d’Israël », affirme l’expert.
Abbas réussirat-il à unifier les Palestiniens avec de telles divergences de vision ? Les querelles internes sont loin d’être un atout lors des négociations de paix.
Autre problème dû à cette décision : la dévaluation des principes des accords de paix.
Le mécanisme de paix appliqué aujourd’hui au Proche-Orient est basé sur les accords d’Oslo, signés en 1993. L’un de leurs aboutissements fut la création de l’Autorité nationale palestinienne mais certains problèmes sont restés irrésolus comme le statut de Jérusalem, le problème des colonies israéliennes et des réfugiés. C’est le sujet des négociations à venir et ce qui a bloqué le processus de paix.
Les accords prônent les négociations directes entre Israël et les autorités palestiniennes. Or, la décision de l’ONU modifie le statut de la Palestine sans l’accord d’Israël. Une manière de contourner les accords d’Oslo. Israël a bien sûr un moyen de contre-pression et, même s’il ne l’utilise pas pleinenment, il va lui servir lors des prochaines négociations. Qui sont incontournables.
Ce ne sont pas seulement 138 pays qui ont voté pour la Palestine. C’est quasiment toute l’UE, la Russie, la République de Chine, les pays arabes. Cela reflète la nécessité, malgré l’ambiguité de cette décision, d’accélerer le processus de paix dans le conflit israélo-palestinien, surtout compte-tenu de l’instabilité qui règne actuellement au Proche-Orient.
La prochaine étape pourrait bien être la rencontre du « quartet » du Proche-Orient. Selon Tchourkine, « la Russie propose d’organiser prochainement une réunion ministérielle des médiateurs internationaux du conflit : la Russie, les États-Unis, l’ONU et l’UE. »
D’après les résultats du vote à l’ONU, trois des quatre membres du « quartet » sont déjà prêts à relancer les négociations.
Andreï Iliachenko est chroniqueur à La Voix de la Russie sur les questions du Proche-Orient.
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