Faisant référence à la « classe créative », le chef d’Etat n’a pas caché que l’objectif était de lutter contre « la fuite des cerveaux ». Crédit : Reuters/Vostock-Photo
Vladimir Poutine a fait cette déclaration à l’occasion d’une réunion avec l’Agence pour les Initiatives Stratégiques, un groupe d’expert créé par le président et qu’il utilise comme réservoir d’idées. Le fonds sera alimenté par le budget russe et sa taille sera autour d’un milliard de roubles (25 millions d’euros), d’après le porte-parole du président Dmitri Peskov.
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Précisant les domaines d’activité vers lesquels le fonds axera ses priorités, Vladimir Poutine a cité les solutions en ligne d’enseignement à distance, les librairies électroniques et les organisations caritatives. Faisant référence à la « classe créative », le chef d’Etat n’a pas caché que l’objectif était de lutter contre « la fuite des cerveaux ». Le fonds doit soutenir les « jeunes doués et créatifs désirant travailler dans leur patrie plutôt que de s’envoler vers la Silicon Valley ». C’est une allusion parfaitement claire à la « classe créative », formule médiatique créée pour définir le noyau du mouvement de contestation politique apparu en décembre dernier.
L’initiative a été bien accueillie par Sergueï Markov, politologue proche du Kremlin. « Il est logique que l’Etat coopère avec la société par le biais de l’Internet, étant donné que désormais, seuls une couche marginale de la population ne l’utilise pas. Jusqu’ici, le pouvoir n’a guère prêté attention à la toile ». Ce n’est pas ce qu’on lit dans les médias indépendants, qui suivent de très près les initiatives légales du Kremlin pour bloquer les sites Internet qu’il juge « extrémiste ».
Une partie des commentateurs russes voient avec scepticisme l’interventionnisme accru de l’Etat sur la toile. Un éditorial du quotidien Vedomosti datant du 22 novembre voit dans les initiatives du Kremlin une « carotte » (la création du fonds d’aide) destinée à compenser le « bâton » (la liste noire des sites Internet interdits). « Le Kremlin s’arroge le droit de réguler le segment national de la toile », critique l’éditorial, qui souligne le « non professionnalisme » des deux démarches. « Toute injection massive d’argent dans le capital-risque peut couler l’affaire », conclut le quotidien.
Adrien Henni, consultant Internet basé à Moscou et directeur de East-West Digital News, considère au contraire que le fonds est une initiative utile pour le secteur. « Il est clair qu’il s’agit en partie de canaliser la classe créative. Il y a un souci d’orientation politique et sociale. Mais de là à y voir une tentative de contrôler l’Internet, non. C’est très exagéré ».
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