Après la livraison d’armes, l'intervention militaire sera-t-elle la prochaine étape ?
Mardi dernier, le président François Hollande a déclaré que la France était contre la livraison d'armes à l'opposition syrienne tant qu’il n’était pas « assuré qu’elles se retrouveront là où c'est nécessaire et souhaité ». « Cette question sera nécessairement posée à nouveau avec la coalition, quand apparaîtra un gouvernement légitime de la Syrie. La France ne sera pas la seule concernée, elle sera accompagnée de tous les pays qui reconnaîtront ce gouvernement », a déclaré le président.
Il a également fait remarquer que la France voulait contribuer à la protection des « zones libérées », contrôlées par l'opposition - sans pour autant préciser comment.
« Nous agirons pour protéger la population civile. Ces zones ont été établies partout et, sous la juridiction de ce gouvernement d'opposition, la population doit être protégée », a déclaré le président.
Par ailleurs il a exclu, du moins en l’état actuel des choses, la possibilité d'une intervention militaire en Syrie, soulignant qu'une décision du Conseil de sécurité des Nations Unies était nécessaire. « Une intervention ne pourrait être lancée que sur décision du Conseil mais aujourd'hui, il n'y est pas disposé : la Russie, notamment, s'y oppose », a souligné Hollande.
Les autres pays occidentaux reconnaissent-ils la légitimité de la Coalition nationale de l'opposition et des forces révolutionnaires en Syrie ?
Après avoir enfin constitué la coalition tant attendue par les pays occidentaux, l'opposition a créé l'illusion d'une cohésion dans les rangs des rebelles. La coalition est supposée représenter les intérêts de tous les ennemis du président Bachar al-Assad.
Ahmad Moaz al-Khatib, ancien imam et scientifique de 52 ans, a été nommé à la tête de la coalition nationale syrienne. Il aura pour adjoint la militante des droits de l'homme Souheir Atassi et l'ex-député Riad Seif, qui a passé plusieurs années en prison pour avoir critiqué l'ancien régime.
Après la signature, à Doha, de l'accord visant à construire une coalition nationale entre les groupes syriens d'opposition, l'Union européenne et les États-Unis ont approuvé sa création, mais seule la France a annoncé une reconnaissance inconditionnelle de la coalition en tant que seule représentante légitime du peuple syrien.
Les États-Unis ont reconnu que la coalition était un représentant légitime du peuple syrien mais ont déclaré qu'ils n'avaient toujours pas l'intention de fournir des armes aux rebelles. N'ayant pas la fougue du gouvernent français, Washington a déclaré en la personne du porte-parole du département d'État qu'il attendait de la coalition des actions concrètes. Les Américains attendent que l'opposition syrienne unie achève de constituer les structures d'organisation nécessaires pour préparer la période de transition politique.
Bruxelles a également fait preuve de prudence. En début de semaine, le QG de l'UE a rapporté que l'Union européenne reconnaissait la légitimité de la coalition mais dès mardi Maja Kocijancic, porte-parole de la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères Catherine Ashton, a déclaré qu'aucune décision concernant la reconnaissance de la nouvelle coalition syrienne n'avait encore été prise. « Cette décision relève des membres de l'UE », a-t-elle expliqué. Cette question devrait être évoquée le 19 novembre lors de la prochaine réunion entre les 27 ministres des Affaires étrangères de l'UE.
Quelle est la position de la Russie sur la question ?
Moscou considérera la création de la coalition de l'opposition utile seulement si elle engageait un dialogue avec le gouvernement syrien, ont laissé entendre le porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe Alexandre Loukachevitch et le vice-ministre Guennadi Gatilov dans son commentaire sur Twitter.
On perçoit clairement la déception de Loukachevitch face au programme de la plateforme politique, en 12 points, dont « l'engagement des membres à faire renverser le régime de Damas et le refus d'ouvrir un dialogue ou des négociations avec lui ». « L'unification de l'opposition syrienne pourrait être utile si, comme il est prévu par les accords de Genève, elle engageait un dialogue politique avec le gouvernement », écrit Guennadi Gatilov sur son blog.
Dans la logique des choses, Moscou a promis de poursuivre ses contacts aussi bien avec le gouvernement syrien que toutes les forces de l'opposition.
Le conflit syrien est-il proche de la fin ?
Il est évident qu'on assiste en Syrie à une impasse, le président Bachar al-Assad refuse de partir de son plein gré et les opposants, en dépit d'un soutien secret mais flagrant de l'étranger, ne sont pas encore en mesure de prendre le dessus sur l'armée gouvernementale.
Cependant, selon les analystes, Assad sera renversé tôt ou tard, voire tué. Le dirigeant syrien ne souhaite pas quitter la Syrie ni trouver refuge dans un autre pays, car il estime que lui et sa famille n'y seraient pas en sécurité. Le 16 novembre à Londres se tiendra une conférence internationale où l'on évoquera la question de l'aide au profit de l'opposition syrienne de la part d'autres États.
Article initialement publié sur le site de RIA Novosti.
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