« Une intervention en Syrie ne peut être qu’arabe »

« Israël est membre de l’ONU. Nous sentons aussi responsables. Nous voulons également arrêter les effusions de sang ». Crédit photo : ITAR-TASS

« Israël est membre de l’ONU. Nous sentons aussi responsables. Nous voulons également arrêter les effusions de sang ». Crédit photo : ITAR-TASS

Le 8 novembre, le président Shimon Peres s'est entretenu à Moscou avec le président russe Vladimir Poutine. À la veille de son voyage, il avait rencontré à la résidence à Jérusalem le présentateur de Kommersant FM, Konstantin Eggert et exposé sa vision de la crise, ainsi que des relations russo-israéliennes.

Les positions politiques de nos deux pays sont souvent radicalement opposées. Lorsque vous vous rencontrerez à Moscou avec le président Poutine, que lui direz vous, par exemple, à propos de la politique iranienne ou syrienne de la Russie?


Je ne vais pas à Moscou pour apprendre quoi que ce soit à qui que ce soit. Monsieur Poutine n’a pas besoin de mes leçons. Je veux renouer le dialogue.

L’Iran doit devenir libre

Il y a deux ans vous avez dit qu’avec l’Iran il faut voir les choses non pas comme un problème purement politique ou technique, mais avant tout, tenir une position morale vis-à-vis du régime de Téhéran. Les dirigeants russes sont-ils d’accord avec vous ?


En général, sur le plan tactique, ce n’est pas sûr. Le président Poutine affirme qu’il est contre le fait que l’Iran devienne une puissance nucléaire. Cependant, cette position n’a pas été tenue. Je suppose que si l’Iran avait le même gouvernement que disons, la Suisse, alors nous aurions un autre rapport à celui-ci. L’Iran est menacé de destruction par les autres pays. Dans le monde d’aujourd’hui ce n’est pas possible.

Qu’est-ce qui doit être fait selon vous ?


Aider l’Iran à être libre.

Comment ?

 Avant tout par la voie de la pression économique et politique. Et si les pays s’unissent sur cette question, alors peut-être aurons nous la chance d’éviter l’action militaire.

L’intervention arabe en Syrie 


Parlons du conflit en Syrie. D’un côté, pour Israël, ce serait une bonne chose si le régime du président Bachar el-Assad, le principal influenceur de l’Iran au Moyen-Orient, quittait la scène politique. Mais s’il est remplacé par le régime fondamentaliste sunnite, est-ce mieux ?


Il y a une différence entre les politiques désirées et réelles. Je peux vous donner une longue liste de ce que je voudrais. La question est de savoir s’il faut intervenir dans le processus.

Je pense que la Syrie fait ce qui ne s’était jamais été fait auparavant. La Syrie est membre de la Ligue des États arabes. Il et temps de donner la réponse à la question arabe. L’ONU doit fournir à la Ligue des États arabes l’autorité spéciale pour établir un gouvernement de transition syrien qui sera formé par des membres de la Ligue pour un an.

Il faut absolument créer une force de soldats arabes, un contingent de « casques bleus », avec l’aide des Nations Unies. Tous les pays soutiennent cette idée. Une intervention en Syrie ne peut être qu’arabe.

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Israël soutiendra cette initiative ?


Bien sûr, Israël est membre de l’ONU. Nous sentons aussi responsables. Nous voulons également arrêter les effusions de sang.

Comment évaluez-vous la position russe concernant la Syrie ?


Je pense que la Russie doit arrêter de définir sa position sur la question syrienne en fonction de ses relations avec les États-Unis.

Le processus de paix entre Israël et la Palestine vient juste de surgir


En 1994, vous avez été récompensé du prix Nobel de la paix pour votre contribution dans le processus de paix entre Israël et la Palestine. Et maintenant, il n’est plus du tout question de processus de paix. Est-il mort ?

Je dirais qu’il vient juste de surgir. Si nous n’avions pas fait ce que nous avons fait à l’époque, il n’y aurait aujourd’hui ni autorité palestinienne, ni paix avec la Jordanie, ni révolution en Egypte. À chaque fois que l’on me demande pourquoi ça n’a pas marché, je réponds : il faut du temps.

Les autorités russes affirment qu'Israël devrait négocier avec les islamistes du Hamas, car à l'époque ils ont gagné une élection démocratique. Que répondez vous à cela ?

Je suis d’accord. Si les dirigeants russes convainquent le Hamas d’arrêter les attaques sur Israël, alors pourquoi ne pas commencer les négociations ?

Article original disponible sur le site du journal Kommersant.

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