Romney ou Obama, lequel est pire ?

Image par Victor Bogorad

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Les Russes préfèrent-ils Romney ou Obama ? En réalité, aucun des deux candidats ne suscite les passions, en raison d'une fascination en berne pour tout ce qui est américain, y compris le sacro-saint rituel de l'élection présidentielle américaine.

Contrairement à ce que dit Romney, la Russie, tout en n'étant pas l'incarnation de la démocratie ou de la prospérité économique, n'est certainement pas une menace pour les États-Unis. Ce n'est pas non plus une menace pour ses voisins. Les radotages du leader géorgien Mikhaïl Saakachvili concernant les politiques « agressives » du Kremlin, par exemple, devraient soulever des doutes précisément en raison de leur caractère provocateur. Les voisins de l'Union soviétique de Staline évoquaient rarement, à l'apogée de sa puissance dans les années 1940 et 1950, le caractère agressif du dictateur soviétique, de peur de le provoquer et de devenir sa prochaine victime. Les agresseurs potentiels sont généralement tranquilles, on les provoque rarement.


Ce sont des choses faciles à voir. Ainsi, quand Obama a dit à Romney lors du dernier débat : « Vous semblez vouloir ressusciter la politique étrangère des années 1980 », il a en réalité exprimé les sentiments de beaucoup de Russes. De nombreux Russes, tout comme beaucoup d'Américains, se posent la question suivante : la différence entre Romney et Obama n’est-elle que rhétorique ? En fait, Romney promet de faire des choses qu'Obama réalise déjà, mais avec plus d'énergie. Plus d'exécutions de terroristes présumés (en tuant des civils à l'occasion) à l'aide de drones, plus de sanctions contre l'Iran, plus de rigidité avec la Russie...


En fait, la fameuse « inflexibilité » républicaine envers Moscou a parfois conduit à de belles relations personnelles entre les dirigeants soviétiques et leurs homologues américains. « Les dirigeants soviétiques ont parfois bénéficié de la présence des Républicains à la Maison Blanche, car la rhétorique dure de ces derniers fournissait l'excuse rêvée pour plus d'idéologie et de programmes de réarmement à l'intérieur de l'URSS », se souvient Dimitri de Kochko, un analyste français de la politique étrangère.


Au lieu de montrer sa préoccupation au sujet de la déclaration fracassante de M.Romney sur l'« ennemi géopolitique numéro un », M. Poutine a immédiatement remercié « Mitt » pour cette phrase, car elle a permis au président russe de démontrer à son peuple que le bouclier antimissile américain rapidement déployé en Europe pourrait tomber entre de « mauvaises mains ». Dans cette situation, Poutine n'a pas voulu émettre de jugements moraux : il s'est comporté comme un acteur politique qui profite avec sang-froid des erreurs de son ennemi. 


En fait, on semble se rapprocher de la solution d'une énigme ancienne. La voici : pourquoi les candidats démocrates étaient-ils plus populaires auprès des simples Russes (Kennedy et Roosevelt étaient les seuls personnages totalement positifs, même pour les médias soviétiques ultra-critiques), tandis que les dirigeants soviétiques s'en sortaient mieux avec les républicains bellicistes ?


La réponse à cette question ne réside pas dans la faiblesse ou la force militaire de la Russie (que Reagan a sans doute écrasée). Sous Staline, la supériorité militaire américaine sur la Russie était bien plus évidente, mais elle ne conduisit pas à la paix dans les années d'après-guerre. La réponse, comme d'habitude, réside dans la perception. Les candidats comme Romney font que les Russes à Moscou et les Syriens à Damas se sentent comme des otages. Et tout otage rêve d'une forteresse, que les dirigeants soviétiques se sont empressés de fournir.


Poutine n'est pas ce genre de personne. Le récent accord de la Russie avec BP montre à quel point il est éloigné de l'isolationnisme. Mais la bouche de Romney est un instrument si pratique : grâce à elle, vous pouvez « geler » et « débloquer » les réformes dans votre forteresse assiégée quand vous le souhaitez. Un homme d'État pragmatique comme Poutine pourrait-il rêver de quelque chose de mieux ? 


Finalement, le peuple des États-Unis ne mérite-t-il pas quelqu'un de plus compétent et de moins arrogant que la seule alternative à l'assez fourbe Monsieur Obama ?


Dmitri Babitch est un commentateur politique de RIA Novosti.

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