s. Le mois dernier, la mairie a annoncé qu’elle renonçait à bâtir une grande mosquée à Mitino, et ce après que 2 000 personnes se sont rassemblées dans le quartier nord-ouest pour protester contre ce projet. Crédit photo : TASS
Jeudi dernier, le maire de Moscou Sergueï Sobianine a expliqué aux journalistes que selon une étude sur le lieu de résidence des fidèles, « deux tiers » des gens qui se rendent à la Grande Mosquée de Moscou ne sont pas domiciliés dans la ville. « Ces personnes viennent de la région de Moscou ou sont des migrants sans permis de séjour », selon les propos du maire repris par Interfax. Les analystes et l’un des principaux leaders de l’opposition ont réagi vendredi à ces propos, estimant qu’ils étaient discriminatoires et risquaient de provoquer de nouvelles tensions interethniques.
Sobianine a également déclaré ce jeudi que « si seuls les Moscovites résidant dans la ville de manière permanente et ayant un permis de séjour se rendaient à la mosquée, il n’y aurait probablement pas une telle foule ». En août, quelques 90 000 fidèles sont descendus dans les rues entourant la Grande Mosquée de Moscou, près du Stade Olympique, pour marquer la fin du ramadan. Les leaders musulmans se plaignent depuis longtemps du faible nombre de lieux de prière à Moscou, qui ne compte que quatre mosquées pour environ 2 millions de croyants. Le Conseil russe des muftis a même exigé qu’une mosquée soit construite dans chacun des douze districts de la capitale.
Les autorités ont cependant très vite abandonné les projets de construction de mosquées suite aux protestations de riverains. Le mois dernier, la mairie a annoncé qu’elle renonçait à bâtir une grande mosquée à Mitino, et ce après que 2 000 personnes se sont rassemblées dans le quartier nord-ouest pour protester contre ce projet.
D’après Sergueï Mitrokhine, dirigeant du parti libéral Iabloko et ancien député du parlement de Moscou, les arguments de Sobianine sont « étranges » car les églises chrétiennes de la ville sont également visitées par des non-résidents. « Au lieu de développer une politique adaptée à une ville multiconfessionnelle, il se permet de faire des déclarations susceptibles d’entraîner des tensions interreligieuses », a indiqué Mitrokhine au Moscow Times.
Il a également ajouté que la mairie « soutenait » pourtant un programme de l’Église orthodoxe visant à construire plusieurs lieux de culte, et que des résidents locaux se plaignaient aussi de voir de nouvelles églises dans des endroits « inappropriés », comme des parcs par exemple.
Olga Sibiriova, analyste pour le groupe de réflexion Sova, estime quant à elle que les propos de Sobianine sont discriminatoires car, premièrement, la mairie ne tient pas compte des protestations contre la construction d’églises orthodoxes, et deuxièmement, les autorités ne réalisent pas d’études sur le domicile des chrétiens. « À terme, le manque de mosquées risque de provoquer plus de tensions que si les projets d’en bâtir d’autres avaient été adoptés », ajoute-t-elle.
Suite de l’article en russe sur le site de The Moscow Times.
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