Evkourov nie que les problèmes de sécurité soient un frein au développement du tourisme. Crédit : Ricardo Marquina
Début octobre, le chef de l’administration ingouche Iounous-Bek Evkourov recevait chez lui, dans son palais de Magas, une poignée de journalistes pour un rare entretien à bâtons rompus. Ce militaire de carrière, qui a été grièvement blessé dans un attentat en 2009, est apparu serein malgré la tension qui règne actuellement dans la région. Le très remuant Ramzan Kadyrov, chef de l’administration tchétchène, l’a publiquement attaqué sur le tracé de la frontière entre les deux républiques. Pareille dispute entre deux sujets de la Fédération de Russie est rarissime. « Je refuse de commenter cette question », explique le dirigeant Ingouche, nommé à son poste il y a quatre ans par Dmitri Medvedev. « Nous travaillons au règlement de ce différend. Ce que je peux dire, c’est que nous vivons sur notre territoire et nous ne prétendons pas au territoire des autres », explique sobrement Evkourov. Le silence des autorités fédérales sur le différend territorial et le refus d’Evkourov de se déclarer candidat à un nouveau mandat (des élections sont prévues pour l’automne 2013) ont déclenché des rumeurs selon lesquelles ils aurait perdu les faveurs du Kremlin. Franc sur sa cote popularité (« j’ai reçu [une note de] trois [sur cinq : médiocre] »), Evkourov explique qu’il prendra sa décision « en temps voulu, si j’ai des chances de gagner ». « Evkourov n’est pas un homme politique, confie un proche. Il se refuse à utiliser la carte du populisme et cela affaiblit sa position ».
Si le dirigeant ingouche a invité des journalistes, c’est pour parler d’autre chose que de politique. « Nous voulons développer le potentiel touristique de l’Ingouchie, rappelle-t-il. Oui, nous avons un problème d’image. Quand les médias parlent de l’Ingouchie, ce n’est que pour annoncer de mauvaises nouvelles. C’est un problème que nous devons résoudre pour attirer les touristes ». Il note que des crimes sont commis partout dans le monde. « Et cela n’empêche pas l’Égypte ou Israël d’attirer des millions de touristes chaque année ».
Un point sur lequel tout le monde est d’accord, c’est la beauté des paysages montagneux et la richesse du patrimoine. « Les tours, c’est notre marque. Les Ingouches sont le peuple des tours », résume Evkourov, faisant référence aux innombrables hautes tours de surveillance et de défense, bâties en pierre un peu partout sur les flancs de montagnes. « Nous n’avons rien à envier aux Alpes en termes de beauté naturelle. Nous allons développer patiemment notre potentiel. Le président français nous a expliqué que cela prenait dix ans pour lancer une station de ski ». Après Armkhi, une deuxième station plus ambitieuse (Tsori) devrait ouvrir en 2015. Le problème, c’est que l’Ingouchie doit en financer la construction avec ses propres ressources, n’ayant pas réussi à bénéficier du vaste programme « Stations du Nord Caucase », qui finance cinq stations dans des républiques voisines. Evkourov admet avoir eu du mal à raccrocher ses wagons au projet du Kremlin, mais assure que les deux stations de ski ingouches y seront à terme intégrées. Pour prouver sa détermination, il a ordonné qu’Armkhi inaugure sa premère piste dès décembre prochain. À cette occasion, Evkourov a promis de chausser des skis pour la première fois de sa vie.
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