Yandex lance un rival contre Chrome de Google

Arkadi Voloj, directeur général du groupe Yandex. Source : Yandex.ru / Press Photo

Arkadi Voloj, directeur général du groupe Yandex. Source : Yandex.ru / Press Photo

Yandex a présenté son propre navigateur Internet ainsi qu’un magasin d’applications lors de la conférence sur les nouvelles technologies YaC (Yet another Conference) qui s’est ouverte le 1er octobre à Moscou. Le groupe russe marche sur les pas de Google dans l’espoir de conserver son leadership sur le marché national. Selon les chiffres, même si la part de Yandex était de 60,5% en juillet 2012, contre 26,7% pour Google, le géant américain dépasse son concurrent russe en termes de hausse de recettes et de bénéfices. L’entreprise espère que ses nouveaux produits, dont le but est de se rapprocher de l’utilisateur final, permettront d’inverser cette tendance.

Yandex.Browser s’est inspiré des principales qualités des grands navigateurs Chrome et Opera : il a ainsi repris la barre de navigation et le design du Chromium gratuit, et a emprunté la technologie Turbo d’Opera, qui permet de réduire l’impact du trafic lors de la consultation de pages (cette option sera disponible dans les prochaines versions que Yandex a promis de sortir toutes les quelques semaines).

Pour développer son navigateur, Yandex s’est servie de sa longue expérience et de ses avancées sur le web russophone. « La connaissance de la structure et du contenu des sites, ainsi que les technologies que ne possèdent que les entreprises de moteurs de recherche, nous permettent de proposer un navigateur innovant, qui aidera l’utilisateur dans tous les domaines », a indiqué dans un communiqué de presse Tigran Khoudaverdian, directeur pour les produits mobiles et programmes de Yandex.

Pour l’utilisateur, cela signifie que les services de Yandex, pratiquement identiques à ceux proposés par Google, seront intégrés au navigateur : recherche, boîte mail, stockage de données en ligne, et traducteur automatique de mots ou de pages. Il sera d’ailleurs possible de changer de fournisseur pour les services de recherche, mais aussi de consulter des PDF à partir du navigateur, d’écouter des fichiers audio et de regarder des vidéos sur Flash. En ce qui concerne la sécurité, il sera accompagné d’un module de Kaspersky Lab, ainsi que d’une base de sites dangereux qui avertira l’internaute des risques qu’il encourt.

Selon Konstantin Gorski, concepteur de Yandex, le navigateur du groupe possède l’interface le plus simplifiée du marché : à en juger les captures d’écran, elle n’est composée que d’une barre de recherche, d’onglets, d’une touche « Précédent » et du symbole cliquable de Yandex. Dans un rapport détaillé sur la création du navigateur, disponible sur le blog russophone Habrahabr, l’équipe de développeurs de Yandex indique également que la touche « Précédent », présente sur tous les navigateurs, n’apparaîtra sur l’interface que si d’autres pages ont été consultées avant. Une attention importante a aussi été accordée à l’aspect visuel : l’équipe explique ainsi que 50 variantes avaient été dessinées rien que pour cette touche. La majorité des éléments de navigation sont identiques à ceux des concurrents : lors de l’ouverture d’un nouvel onglet, par exemple, l’utilisateur verra des petites icônes de tous ses sites préférés.

Par le passé, Yandex avait déjà essayé de lancer son navigateur sous le nom de Yandex.Internet. Il se basait également sur les composantes du Chromium gratuit, mais comportait beaucoup moins de modifications. D’après les chiffres du site de statistiques LiveInternet, l’« ancien » navigateur de l’entreprise ne représente actuellement que 2% du marché russe, dont Google Chrome est le leader avec une part de 22%.

La démarche de Yandex de développer son propre navigateur a pu être influencée par la décision du groupe Mozilla (concepteur de Firefox), qui a choisi en juin Google comme moteur de recherche par défaut pour le marché russophone. Même s’il est tout de même possible de sélectionner Yandex dans la liste de programmes disponibles sur Firefox et sur Chrome, la majorité des internautes sont généralement peu enclins à changer les configurations de départ.

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Le moteur de recherche russe ne s’est pas seulement inspiré de l’« étrangleur » de trafic d’Opera, il lui a également acheté une licence afin de répandre 40 000 programmes destinés au système d’exploitation Android, ce qui a permis à l’entreprise d’ouvrir son propre magasin d’applications, Yandex.Store, divisé en deux parties : une pour les développeurs et l’autre pour les utilisateurs. Ce magasin proposera des programmes de créateurs nationaux et étrangers, et fonctionnera sur tout le réseau. Yandex compte également conclure des accords avec des producteurs de smartphones et de tablettes afin d’intégrer le Yandex.Store sur leurs appareils et d’ainsi remplacer le Google Play standard. Le groupe russe a déjà trouvé un accord avec les sociétés PocketBook, 3Q et Texet, qui produisent des tablettes et des livres électroniques, mais aussi avec un des trois grands opérateurs russes de téléphonie mobile, à savoir Megafon.

« En lançant un navigateur et un magasin d’applications, Yandex se rapproche de ses utilisateurs finaux », a déclaré le directeur général du groupe, Arkadi Voloj, lors de la conférence YaC. La demande auprès des moteurs de recherche influence directement les recettes en provenance des publicités contextuelles (principale source de ses systèmes), et les navigateurs sont un de leurs principaux canaux.

« Les guerres des navigateurs » sont de plus en plus féroces en Russie : Mail.Ru Group, un des principaux concurrents de Yandex, a aussi présenté son navigateur Amigo une semaine plus tôt. Ce dernier propose également les services de Mail.Ru, mais n’est pour le moment disponible qu’en version alpha et sur invitation.

En ce qui concerne le magasin d’applications, Yandex entre en concurrence avec des entreprises non pas nationales mais internationales : des géants comme Amazon, Opera, LG et Samsung qui possèdent déjà leur propre « stores » pour applications Android.

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