Image par Sergueï Elkine
Vladimir Poutine a réalisé que personne n'égalait Barack Obama au sein de la classe politique américaine. Et il en a conclu qu'il convenait de soutenir Obama là où il le pouvait. Bien sûr, si Romney gagne, Moscou traitera avec Romney. Mais il est préférable de travailler avec quelqu'un qui se dit prêt à faire, après sa victoire, un pas vers la Russie sur la question de la défense antimissile, qu'avec un homme considérant la Russie comme l'ennemi géopolitique N°1.
Pour paraphraser l'astronaute Armstrong, nous pouvons dire que cette prise de conscience est un petit pas pour un leader mais un grand progrès pour l'ensemble de la Russie. Il y a quatre ans, quand Obama a affronté le sénateur John McCain lors de l'élection, la plupart de ceux qui suivaient en Russie la campagne électorale des États-Unis étaient pour McCain. Pour quatre raisons. Certains espéraient que McCain, une fois devenu locataire de la Maison Blanche, s'engagerait immédiatement dans une lutte contre les autorités russes, déverserait ses dollars sur l'opposition, et exigerait de Poutine et Medvedev qu'ils s'inclinent face à la foule rassemblée à grand renfort de dollars.
D'autres ont invoqué le fait que les menaces et les intentions agressives manifestes des États-Unis forceraient notre classe dirigeante à s'unir pour mener une modernisation des forces armées russes et de l'économie en général. D'autres ont continué à croire à la vieille fable des républicains apparemment durs, mais en réalité secrètement pacifiques, et des démocrates doux, mais sournois et perfides. Ce sont pourtant les quatrièmes qui avaient la plus grande influence. Ces derniers aiment tout simplement la grossièreté, la férocité et la brutalité.
Il semble qu'une inflexion réjouissante se soit produite dans l'esprit des élites russes – pouvoir comme opposition. Ils ont compris que la Russie n'était pas prête à une confrontation frontale avec l'Occident. Nous avons devant nous d'autres républicains et des démocrates totalement différents de Nixon ou Reagan. À part Obama, on ne voit pas l'ombre d'un « vrai réaliste » sur la scène politique.
Cela ne manquera pas de réjouir ceux qui s'orientent en fonction des intérêts nationaux du pays. Obama n'a jamais cherché, durant son premier mandat, à créer des tensions avec la Russie.
C'est vrai, Obama n'a pas osé toucher aux grandes banques. Il n'a pas eu le cran de mettre au pas la Réserve fédérale. On a attendu en vain un nouveau New Deal, et tous ceux qui comptaient sur le retour de l'État dans l'économie ont été déçus. Le lauréat du prix Nobel ne s'est pas particulièrement distingué par une défense du droit international, ni du droit en général. La Russie et toute l'humanité progressiste, comme on disait il y a longtemps, n'ont aucune raison de contempler le 44e locataire de la Maison Blanche avec adoration.
La Russie doit chercher dans les dirigeants américains non des idoles, mais des partenaires fiables. Et si Obama ne convient pas en tant qu'idole, il est évidemment préférable en tant que partenaire.
Boris Mejouïev est politologue.
Article original en langue russe disponible sur le site d'Izvestia.
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