Les cages des animaux seront équipées de webcams qui diffuseront sur Internet. Les scientifiques comptent observer plusieurs générations de rats – cinq générations, si les animaux survivent. Source : service de presse
Selon Izvestia, les opposants russes à l'utilisation d'organismes génétiquement modifiés (OGM) réaliseront une expérience publique, qui doit prouver le préjudice ou confirmer l'innocuité de l'utilisation d'OGM. Il sera possible d'observer sur internet les rats de laboratoire, qui seront nourris avec du soja, du maïs et des pommes de terre comportant de l'ADN étranger. Les expériences seront organisées aussi bien par des adversaires des OGM que par des partisans de cette technologie. C'est ce qu'a raconté l'auteur du projet, la directrice de l'Association nationale pour la sécurité génétique (ANSG) Elena Sharoïkina.
Publiées le 19 septembre par des tabloïds européens, les photos de l'expérience « secrète » sur des rats, nourris pendant deux ans avec du maïs génétiquement modifié, raison pour laquelle ils ont développé d'énormes tumeurs, ne convaincra pas la société du danger des OGM, estime l'ANSG.
« Il faut une expérience non pas secrète, mais ouverte : le secret met en doute la véracité des résultats. En utilisant des caméras Web, on pourra observer les animaux en ligne. Plusieurs scientifiques – nos adversaires et des partisans des OGM – ont confirmé leur volonté de participer à l'expérience. En conséquence, il n'y aura pas de doute quant à l'exactitude et l'honnêteté de l'expérience, estime Mme Sharoïkina. Ce n'est qu'après que le public pourra prendre des décisions sur les OGM ».
Pour l'expérience, plusieurs groupes de rats seront nourris différemment : un groupe avec des pommes de terre, du soja et du maïs à forte teneur en OGM, un groupe nourri avec une faible concentration d'OGM, un groupe nourri sans OGM, et des animaux recevant une nourriture habituelle pour rats. Pour garantir la véracité de l'expérience, les employés qui alimenteront les rats ne sauront pas quel type de nourriture ils donnent à chaque groupe.
Les cages des animaux seront équipées de webcams qui diffuseront sur Internet. Les scientifiques comptent observer plusieurs générations de rats – cinq générations, si les animaux survivent, explique Mme Sharoïkina. L'expérience, dont les paramètres définitifs doivent encore être approuvés, durera environ un an.
Si le financement le permet, une partie des expériences seront menées sur des porcs. Les résultats des expériences seront évalués selon des indicateurs biochimiques, génétiques, physiologiques, morphologiques, et autres.
Il convient de se hâter pour procéder à une telle étude: les risques que la Russie compte de plus en plus de produits OGM ont augmenté en raison de l'adhésion du pays à l'OMC, indique le chercheur en chef de l'Institut de biologie du développement Koltsov, Alexander Baranov.
« La Russie a pris en 2006 des engagements dans le cadre de son adhésion à l'OMC : nous levons l'interdiction sur la culture des OGM en Russie et supprimons l'obligation d'étiquetage des aliments contenant des OGM, a dit Baranov. Désormais, 120 jours après l'adhésion à cette organisation, on peut cultiver sans vergogne des produits contenant des OGM, d'ailleurs, selon les engagements, la Russie doit acheter les semences et les technologies à un producteur américain ».
} Garder son calme
Collègue d'études de M. Baranov, le docteur ès sciences biologiques Alexeï Koulikov a déclaré que la position des adversaires des OGM était excessivement sévère, et que le développement des biotechnologies modernes était d'une importance stratégique pour l'État.
« Les risques peuvent dans une très large mesure être contrôlés. Le risque lié au lancement de processus que nous ne connaissons pas existe bien sûr. Mais il est le même que lors de la sélection normale. En outre, les processus de transfert horizontal d'ADN se produisaient par le passé et se poursuivent. Pour cela il y a des bactéries et des virus. En outre, les modifications phénotypiques massives les plus récentes sont causées par des oscillations de température, pas par des facteurs artificiels », rassure M. Koulikov.
Dans tous les cas, partisans, opposants des OGM, et experts indépendants s'entendent pour affirmer que des recherches dans ce domaine sont nécessaires, car elles sont rares et n'ont pas de statut scientifique sérieux.
« Tous les organismes sont modifiés, mais quand, par exemple, on introduit dans le génome de pommes de terre quelque chose provenant de bacilles qui aident à lutter contre le doryphore, c'est assez anormal. Si les pommes de terre émettent en même temps une protéine spécifique, il faut étudier comment cela va influer sur l'organisme. Mais il faut prendre tout cela avec calme », propose le directeur de l'Institut de microbiologie Vinogradski, Valery Galchenko.
Trouvez l'article original sur le site Izvestia.ru.
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