En 2011 et 2012, la marge de profits pour la production de soja dans le district fédéral central a dépassé de 30% celle pour la cultivation de tournesol. Crédit : Itar-Tass
Le soja représente la plus récente
découverte de l’agriculture mondiale. Bien que cette culture agricole soit connue depuis un millénaire, son expansion dans le monde n’a
commencé que dans les années 1970. C’est alors que le soja a franchi les
frontières des pays producteurs (les États-Unis et la Chine) pour se répandre
dans les pays voisins.
« De vastes espaces de savanes sud-américaines
ont été labourés pour le soja, c’était un projet immense, comparable à la campagne
soviétique des « Terres vierges » des années 1950-1960 ou à
l’exploitation agricole des Grandes plaines aux États-Unis et au Canada à la
fin du XIXème siècle », explique Alexeï Naoumov, de la
faculté de géographie de l’Université d’État de
Moscou. Selon l’expert, « au cours des dix ou vingt dernières années, le soja a considérablement changé la vie des régions
rurales du Brésil et d’Argentine : encore vierges récemment, ces territoires
ont été transformés en importantes zones agricoles, dotées de clusters
agro-industriels se spécialisant dans le traitement de fèves et dans
l’engraissement de bovins, de porc et de volaille ».
Russie : des rats et des OGM stars d'un reality show
L’appellation « produit biologique » réglementée
Une machine pour une alimentation plus saine ?
Apparu assez tardivement en Russie, le
soja a pourtant pris un bon départ. Au cours de ces dernières années, la
production du soja a triplé, et les entreprises de transformation se
développent aussi rapidement. En effet, on peut constater l’apparition d’un
nouveau courant de business et, ce qui est crucial, le marché du soja ne cesse
d’augmenter, offrant de nouvelles opportunités aux investisseurs. Selon le
Comité inter-agences de prévisions agricoles (Interagency Agricultural
Projections Committee) du département américain de l’Agriculture, dans les
dix ans à venir, la demande mondiale de soja augmentera de plus de 20%. En
conséquence, cette culture agricole devancera définitivement le blé en termes
de ventes sur les marchés mondiaux. Au cours de ces dernières décennies, le
soja est devenu le leader en termes d’augmentation de surfaces cultivées, ce
qui représente encore une preuve du succès de cette
culture sur la scène mondiale.
En Russie, le soja est habituellement vu
par les consommateurs comme un substitut de la viande. Les protéines du soja
coûtent de 3 à 5 fois moins cher que ses analogues d’origine animale, possédant
presque la même valeur nutritive et un goût neutre. Cependant, le soja a un
champ d’application beaucoup plus large que celui de la viande. Les produits de
soja, comme le lait et le fromage (tofu), font partie des cuisines nationales
de plusieurs pays de l’Extrême-Orient, y compris la Corée. La protéine de soja
se lie facilement avec de l’eau et des graisses formant des composés stables,
et est utilisée pour améliorer la texture, l’odeur et la couleur de divers
produits et pour réaliser toutes
sortes de gels, de mousses, d’émulsions et autres.
Néanmoins, le soja est principalement
utilisé non pas dans l’industrie alimentaire, mais pour l’alimentation animale,
consommant de 80 à 85% des sous-produits de cette culture. À l'époque
soviétique, le soja était cultivé en petites quantités dans l'Extrême-Orient
russe, mais dans les années 1990, la production locale est pratiquement morte.
Toutefois, le développement rapide de l’élevage au début des années 2000, a
donné élan à la production du soja dans le pays, principalement grâce aux
projets d'investissement dans le domaine de l’agriculture poursuivis selon les
standard occidentaux. De tels projets comprenaient l'utilisation de races
animales très productives nécessitant un soin et une alimentation modernes.
« Au milieu de la dernière décennie, la Russie ne produisait presque pas
d’aliments à base de soja », annoncent les experts de la société de conseil
Abercade, « tandis qu’actuellement, ces produits constituent un peu moins d'un
tiers du marché en termes de valeur ».
L’Extrême-Orient russe reste le leader dans la production de soja - près de la moitié de la récolte est fournie par la seule région de l'Amour. La principale partie des fèves récoltées suit un traitement primaire sur place, dans deux entreprises de fabrication d’huiles et de graisses alimentaires - « Amuragrocentr » et l’Usine de fabrication d’huiles et de graisses d’Irkoutsk. Un part de la farine de soja est fourni vers la partie européenne du pays.
Au milieu de la dernière décennie, la
demande en soja des entreprises d’élevage russes ayant considérablement dépassé
les capacités des producteurs locales, la Russie est devenue un des grands
importateurs de la farine de soja. Le soja devient une culture rentable. Malgré
une qualité inférieure, les fèves russes se vendent aux prix internationaux.
« Dépendant, bien évidemment, de la situation dans le monde, le rendement
de la cultivation de soja dans notre pays est généralement supérieur à celui de
céréales ou d’oléagineux, note Irina Kougoutchina, expert de l’Institut
pour les études du marché agricole IKAR. Par exemple, selon nos
estimations, en 2011 et 2012, la marge de profits pour la production de soja
dans le district fédéral central a dépassé de 30% celle pour la cultivation de
tournesol ». Depuis 2004, les surfaces cultivées en soja ont commencé à
augmenter rapidement, les récoltes totales ayant triplé en 2011.
Durant l’époque soviétique, le soja était relativement inconnu dans la partie européenne de l’URSS. Mais au cours des cinq dernières années la situation a radicalement changé, influencée notamment par la création d’une usine géante de trituration, capable de triturer près d’un million de tonnes de fèves par an, dans la région de Kaliningrad. Le propriétaire de l’usine, la société multinationale Sodroujestvo (« Communauté ») a réussi à créer une entreprise autonome avec une unité logistique puissante qui est rapidement devenue le leader du marché russe de soja grâce à plusieurs facteurs, notamment sa bonne position dans un port et dans une zone économique, l’envergure de ses activités et la contribution personnelle de ses propriétaires. L’entreprise qui s’occupe en outre d’importations de soja, fournit près de 75% de la demande en soja de la partie européenne de la Russie.
Texte original en russe a été publié sur le site de l'Expert le 24 septembre 2012.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.